Publié le Mercredi 5 juin 2013 à 16:00:00 par Cedric Gasperini
Test de The Last of Us (PS3)
Brillant, tout simplement
Un étrange virus attaque l'homme et le transforme en monstre violent et sanguinaire. Transmis par morsure ou via des spores, ce champignon a dévasté la quasi-totalité de l'humanité.Subsistent encore quelques zones de quarantaine dirigées d'une main de fer par les militaires et où s'applique la loi martiale.
Tout contrevenant, toute personne ne respectant pas les limites de la zone ou encore le couvre-feu, sera immédiatement éliminé. Il convient surtout d'éviter une propagation de la maladie. À tout prix.
Joël est un survivant. Il y a 20 ans, lors des débuts de l'épidémie, il a tout perdu. Aujourd'hui, il vit au jour le jour, n'ayant jamais réussi à panser ses blessures.
Il partage ce quotidien avec Tess. Tous deux vendent des armes au nez et à la barbe des militaires. Un couple inséparable qui pourtant ne semble jamais avoir réussi à s'aimer vraiment.
Luttant contre la junte militaire, un groupe de rebelles appelé Les Lucioles contacte un jour Joël et Tess : ils leur demandent de bien vouloir convoyer une marchandise à quelques kilomètres de là, hors de la zone de quarantaine.
En guise de marchandise, il s'agit en fait d'une jeune fille de 14 ans, Ellie. Et Ellie n'est pas simplement une petite fille : c'est l'espoir de l'humanité.
Le voyage va entraîner nos héros, et plus particulièrement Joël et Ellie, dans une aventure hors du commun, à travers tous les États-Unis. Bien entendu, rien ne va se dérouler comme prévu. Et entre les monstres, les militaires et les bandits, survivre va s'annoncer bien plus compliqué. Nos deux héros vont surtout apprendre à se connaître, à se protéger l’un l’autre, faisant fi du choc des générations, Joël étant la mémoire d’un monde disparu à jamais, et Ellie l’espoir d’un futur plus radieux.
The Last of Us est sans doute l'un des tous meilleurs jeux auxquels j'ai pu jouer. Si ce n'est le meilleur. En 17 ans de carrière. N'ayons pas peur de le dire. C'est un pur chef d'œuvre. Une œuvre magistrale, d'une intensité extraordinaire. À montrer dans toutes les écoles de jeux vidéo, mais aussi de cinéma.
Car The Last of Us est plus qu'un jeu vidéo. C'est une histoire hors du commun. Un scénario brillant. D'une intensité inégalée.
Pourtant, la trame de base est assez simple et banale. Mais le traitement, lui, est inhabituel et exceptionnel.
Une vraie, une énorme claque.
Le ton est donné dès l’introduction, qui dure une vingtaine de minutes, et sa conclusion à base de « Non… mais ça ne se fait pas, ça, dans un jeu vidéo… purée… ils ont osé… ».
Et cette phrase, vous allez la répéter plusieurs fois durant la partie.
Ce scénario intelligent, très travaillé, n'épargne aucune réalité aux joueurs. On est à mille lieux d'un film hollywoodien bien-pensant et moralisateur où l'on tait certaines choses pourtant évidentes, où l'on évite certaines questions qui sont sur toutes les lèvres.
Ici tout est montré. Le joueur se prend en pleine face une réalité horrible qui est tout autant d'évidences parfois à la limite du soutenable, et qui vous emmènent souvent au bord des larmes, par-delà la bienséance et la morale. Par-delà l'acceptable.
Cannibalisme, meurtre, sauvagerie, sacrifice, pédophilie... Rien ne vous sera épargné dans ce scénario Ô combien adulte mais si criant de vérité et d'un réalisme froid à vous glacer les sangs.
Vous allez souffrir, vous allez avoir les larmes aux yeux. Mais tout ceci est intelligemment amené. Rien n’est gratuit. Tout est évident et « normal » dans ce monde post-apocalyptique.
Cet état de fait est accentué par les personnages : un quinqua aux capacités physiques limitées et une gamine qui a tout à apprendre. Exit les super-héros. Ici, il s'échappe d'eux une touchante fragilité. Vous allez vibrer au fil de l'histoire, suivre l'évolution de leurs rapports. Vous attacher non seulement à Joël et Ellie, mais également à leur relation qui évolue au fil du temps.
Les bases sont posées : vous avez là sans doute le jeu avec le meilleur scénario jamais réalisé. Avec une ambiance formidable et une intensité incomparable. A tel point, finalement, que tout le reste n’est que futilité. Ces seules informations devraient vous suffire pour vous convaincre d’acheter le jeu. Voire même acheter une PS3 rien que pour ce jeu. Il en vaut le coup.
Bon. D’accord. Nous parlerons du gameplay. Il est assez comparable à celui d’Uncharted, à quelques nuances près. Comme dans le précédent jeu de Naughty Dog, vous avancez, vous courez, vous avancez lentement en vous baissant pour ne pas faire de bruit, vous vous cachez derrière des abris pour vous protéger des tirs ennemis… Vous sautez aussi, parfois, vous grimpez… mais Joël est un quinquagénaire et Ellie une jeune adolescente… ne vous attendez pas à les voir sauter à deux mètres de haut ou se hisser uniquement à l’aide de leurs bras. Ce sont des gens lambdas. Pas des super héros. Alors pour passer d’un immeuble à un autre, il faudra bouger une planche et la poser par-dessus le précipice. Pour grimper une hauteur importante, il vous faudra une échelle. Pour qu’Ellie, qui ne sait pas nager, puisse traverser une étendue d’eau, il faudra une palette de bois…
Il vous faudra également récupérer un maximum d’objets. De l’eau, des chiffons, du ruban, des ciseaux… le tout pour fabriquer au choix des couteaux, des bombes artisanales, des cocktails molotov, des trousses de soin, des fumigènes. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous dire à quoi ils serviront…
Vous aurez la possibilité de récupérer des armes : pistolets, fusil de chasse, fusil à pompe, arc, fusil mitrailleur… armes que vous pourrez améliorer grâce aux pièces trouvées çà et là, et aux établis. Augmenter la taille du chargeur, la portée, la perforation, réduire le recul… à vous de choisir intelligemment (vous ne pourrez pas tout modifier) et selon les armes que vous utilisez le plus.
Idem pour des pilules, qui vous permettront d’augmenter vos capacités : plus de vie, moins de recul pour les armes… ou encore plus gros rayon d’écoute.
Ce rayon d’écoute est primordial. Accroupi, Joël peut écouter son environnement et déduire de par les bruits qu’ils font, l’emplacement de ses ennemis. Même à travers les murs, mais dans un rayon restreint. Les mutants, particulièrement bruyants, sont faciles à repérer. C’est moins le cas pour les humains, qui s’ils restent immobiles, deviennent invisibles… de quoi parfois vous induire en erreur ou vous plonger dans une embuscade.
Vous allez régulièrement chercher à analyser votre environnement de la sorte. C’est primordial parce que cela vous permettra de choisir la route à suivre pour progresser, et soit éviter vos ennemis, soit les prendre par surprise. Les munitions étant limitées, foncer dans le tas sera un choix souvent malvenu (surtout dans les niveaux de difficulté élevés, et à ce propos, ne jouez pas en mode facile, tapez directement dans le normal ou, pour les plus casse-cous, en difficile). Vous pourrez en effet étrangler en silence vos adversaires, si vous arrivez dans leur dos. Sauf les « claqueurs », une race de mutant qui trop forts, ne peuvent être abattus qu’en étant poignardés. Pensez à avoir toujours un couteau ou deux sur vous.
Au final, on passe beaucoup de temps à réfléchir, à élaborer une tactique… et finalement à se planter et que ça finisse en pugilat. Mais il y a vraiment une dimension stratégique. Et finir un passage sans s’être fait repéré, en lattant tout ce qui bouge de manière furtive est assez gratifiant.
Notez que le gameplay n'évolue pas durant le jeu, mais de mon sens, il évite toutefois la répétition et l'ennui par plusieurs artifices bienvenus. Les ennemis déjà. Les militaires, stratégiques et surarmés, ne se combattent pas de la même manière que les bandits, retords et qui tentent de vous déborder par les flancs, ou même les mutants. Ces derniers sont décomposés en trois types : les infectés au premier stade, qui vous foncent dessus en hurlant, les infectés au second stade, qui se repèrent au son et ont une résistance bien plus importante, et les colosses, plus rares mais contre lesquels il faudra utiliser les armes lourdes (bombes artisanales et cocktails molotov).
Ensuite, les décors sont ultra variés. La forêt en été ou dans la neige, les montagnes, les égouts, les grosses cités, les rues, les buildings, les petites villes, les maisons, les tunnels... Pas un endroit ne ressemble à un autre. Et chaque décor a sa particularité. On ne combat pas de la même manière dans un enchevêtrement de salles d’un labo, que dans une maison à étages, ou dans les égouts…
Enfin, dernier artifice, le rythme est savamment dosé et sait alterner les passages plus sentimentaux avec ceux plus tournés vers l'action, ou la simple progression et exploration.
Alors certes. Le jeu n’est pas techniquement parfait. Malgré une IA particulièrement travaillée, il reste quelques pains. Des ennemis qui ne vous remarquent pas alors que vous êtes assez visibles. Des bugs de collisions, heureusement assez rares (notamment dans la scène d’intro où un autre personnage est passé à travers du mien). Une caméra un peu fouillie parfois. J'aurais aimé aussi voir Ellie se baisser quand vous faies de même, même s'il n'y a pas d'ennemis. Genre "Tu as vu quelque chose ?". Parce que parfois, alors qu'on est sur les dents, on sait que finalement il n'y a pas d'ennemis juste en la regardant se promener ou siffler. Sans compter le fait qu’il faut se faire au système de combat, demandant de frapper au bon moment sinon on risque de taper dans le vide… tout un tas de petites choses qui auraient pu déranger et abaisser la note de n’importe quel autre jeu. Mais qui ici deviennent totalement insignifiantes, balayées par l’histoire, l’ambiance, les personnages.
On passera rapidement sur le mode multijoueur, assez sympathique et bien fichu, mais franchement dispensable comparé à la campagne solo. Vous y jouerez les Lucioles (rebelles) ou les Chasseurs, dans deux modes : Supply Raid ou Survivors. Le but est de garder votre clan vivant.
Vous gagnez des objets et récompenses selon vos compétences durant les parties. Chaque match compte pour une journée et vous devez survivre pendant... 12 semaines. Tous vos actes (meurtres, aides, soins, créations d'objets) sont transformés en bonus à la fin des parties. Dans Supply Raid, chaque faction a 20 vies en réserve. Dans Survivors, il n'y a aucun respawn. Le jeu se joue à 8 maximum.
Alors bien entendu, un test, et plus particulièrement un tel coup de cœur, reste un exercice totalement subjectif. Certains ne comprendront pas cet engouement envers The Last of Us. Certains ne seront pas touchés par cette histoire d'un homme et d'une petite fille tentant de survivre dans ce monde hostile.
Ils s'arrêteront sur les différents défauts du jeu et resteront insensibles à son ambiance.
Je pense qu'ils seront à plaindre plus qu'autre chose pour leur insensibilité et pour ne pas avoir réussi à plonger dans cette formidable histoire.
Car pour moi, The Last of Us est sans nul doute un chef d'œuvre. Un monument. Un incontournable. L’un des tous meilleurs jeux auxquels je n’ai jamais joué. Parfaitement.
Et finalement, on n'a même pas à dire "vivement la suite" tellement cet épisode nous comble.
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The Last of US (PS3)
Images du jeu The Last of US (PS3) :
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