Publié le Mercredi 18 avril 2012 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Pandora's Tower (Wii)
Le sombre héros de l'amer
Il y a des périodes avec et des périodes sans. Actuellement, je traverse une grosse période sans : les JRPG me gonflent à un point… mais à un point… Les JRPG, ce sont les jeux de rôles japonais. Les jeux à la Final Fantasy, quoi. Toujours construits sur le même principe : Des héros cons comme des moules, un scénario con comme une huître, un soupçon d’onirisme con comme un bulot et un univers con comme une algue. Autrement dit, actuellement, pour moi, les JRPG, ça sent la marée noire.Autant dire que l’arrivée de Pandora’s Tower m’a autant enchanté qu’une visite chez le dentiste un jour en dèche d’anesthésiant. Et jeter un œil au dos de la jaquette n’a rien fait pour arranger les choses : elle est bourrée de fautes d’orthographe (toutes les lettres avec accentuation sont absentes). Bref, ça sentait bon l’amateurisme et s’annonçait aussi appétissant qu’une crêpe au varech.
Finalement, le thème a quand même eu raison de mes réticences : une fille victime d’une malédiction. La nécessité de lui ramener de la chair putréfiée prélevée sur les monstres pour assurer sa survie. Voilà qui semblait à l’opposé des mièvreries nippones habituelles. Du coup, plutôt que d’atterrir sur le tas des jeux « à tester quand j’aurais un cancer pour pouvoir relativiser la douleur », Pandora’s Tower a fini dans ma console.
Et d’un coup, le monde s’est éteint.
Pandora’s Tower, c’est une plongée sombre dans la souffrance. Une allégorie de la maladie, où se mêlent amour, peine, larmes et tant de sentiments contradictoires. Vous jouez Aeron. Elena, l’amour de sa vie, est victime d’une malédiction qui la transforme peu à peu en monstre difforme et hideux. Ce cancer qui l’entraîne dans une lente mais inévitable déchéance ne peut être freiné qu’en absorbant le cœur de bêtes sorties tout droit des enfers. Aeron va donc devoir parcourir 13 tours à la recherche de ces cœurs pour aider sa belle.
Doté d’une somptueuse mise en scène, révélant au fil de l’histoire les relations et le passé des deux amants, Pandora’s Tower est un jeu terriblement adulte et sérieux. Si les deux héros ne dérogent pas à la règle et sont parfois à baffer tellement ils sont crétins et simplistes, l’ensemble, notamment grâce à des non-dits, des personnages secondaires intrigants et un scénario parfaitement maîtrisé, arrive à nous scotcher du début à la fin du jeu.
Aeron va rapidement récupérer la Chaîne d’Okanos, une arme puissante dotée de multiples utilisations : chaîne, fouet, grappin… ce sera l’élément indispensable du jeu. Tirer un levier éloigné, récupérer un objet inaccessible, sauter, se suspendre… tout se joue à partir de cette fameuse Chaîne d’Okanos. Elle permet de résoudre les problématiques qui s’offrent à vous mais sert également durant les combats : enroulée à des jambes pour faire tomber l’adversaire, autour de sa tête pour l’aveugler, les bras pour le rendre inoffensif… Les possibilités de cet outil sont très nombreuses et vous les découvrirez avec bonheur tout au long du jeu.
On parcourt donc les niveaux des tours en affrontant des ennemis, en tirant des leviers, en résolvant des énigmes… le tout est joliment plombé (dans le bon sens du terme) par un chrono représenté sous la forme de l’avancée de la malédiction d’Elena. Il vous faut donc rapidement récupérer des cœurs pour la repousser. Et toujours, le temps presse. Vous avancez irrémédiablement sous cette énorme pression, à tenter d’écourter chaque combat, chaque moment de réflexion… c’en devient une véritable torture.
Heureusement, les développeurs ont pensé à tout : pas la peine de se retaper le chemin en sens inverse. Au fil de votre progression, vous débloquez des raccourcis salvateurs.
Enfin, pour couronner le tout, vous pourrez créer de nouveaux objets, des armes, des armures, selon ce que vous aurez ramené des donjons. Notez que les petits cadeaux pour Elena feront également leur effet et conditionneront en grande partie les rapports de deux amants. Rapports qui joueront dans la fin qui vous sera proposée (il y a 5 fins différentes).
Doté d’une jouabilité exemplaire, utilisant bien et intelligemment la Wiimote, proposant un gameplay nerveux et extrêmement varié, Pandora’s Tower est finalement une vraie réussite. Le jeu idéal qui aura su me réconcilier avec le genre JRPG, pour mon plus grand bonheur. D’autant plus que l’ambiance musicale, entre compositions orchestrales ou plus classiques, porte parfaitement l’ensemble.
Certes, quelques reproches sont toutefois nécessaires. Comme un graphisme somme toute assez moyen, même pour de la Wii, et des animations parfois limite. On pourra aussi se plaindre des niveaux qui se ressemblent un peu dans chaque tour, et dont l’originalité n’est pas assez marquée. Sans oublier quelques inévitables pains dans la gestion des caméras. Autant de défauts qui font, sur le moment, un peu grincer des dents.
Mais au final, Pandora’s Tower reste un excellent jeu, brillamment réalisé et vraiment captivant. Parfaitement maîtrisé, mêlant moments d’angoisse quand on revient au dernier moment pour sauver sa belle, à la joie lorsqu’on assure pleinement sa mission, de la terreur à l’horreur, le tout sous une pression étouffante, et avec un scénario adulte et qui fait froid dans le dos quand on y repense, voilà sans doute LE jeu pour Wii à tester cette année. Une excellente surprise qui offre une aventure originale, rare, et qui vous prendra vraiment aux tripes.
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Pandora\'s Tower (Wii)
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