Publié le Lundi 30 mai 2011 à 12:00:00 par Tristan Bories
[Test] The Witcher 2 (pc)
Géralt 2, le retour de la mort qui tue
On aura beau dire, le polonais grimpe en flèche dans les sondages. Après une invasion de plombiers avortée il y a quelques années, les voilà qui reviennent en force dans le domaine des jeux vidéo. Et on ne s’en plaindra pas.
Alors autant vous le dire tout de suite, je n’ai jamais joué au premier opus de The Witcher. Honte à moi, je sais, mais que voulez vous, on ne peut pas être au foutre et au ménage lorsque l’on habite New York.
The Witcher 2, c’est avant tout un univers. Un monde sombre et adulte où s’entremêlent pulsions sauvages et dialogues grivois, et ce, avec un réalisme étonnant. On y retrouve le sorceleur Géralt de Riv, fidèle conseiller et garde du corps du roi, pris entre les feux ardents d’une terrible guerre de succession. Les évènements l’amèneront par la suite à parcourir le monde afin de traquer un mystérieux tueur de roi et ainsi rétablir son honneur. Je n’en dirai pas plus du scénario, quitte à le rendre un tantinet obscur. Mais celui-ci est tellement bien construit qu’il serait dommage de vous gâcher la surprise. Sachez seulement que chacune de vos actions entrainera des changements radicaux dans le déroulement de l’histoire.
Et lorsque je dis radicaux je pèse mes mots. On est très loin d’un jeu pour bisounours à la Fable, avec ses orientations niaises et prévisibles. Ici il n’y a pas de noir ou de blanc, il n’y a que du gris. Les choix s’enchainent à une vitesse folle, si bien que l’on n'a même pas l’impression d’avoir véritablement influé sur le cours des choses. Je m’étais même surpris lors de ma première partie à me demander quels étaient les fameux « quatre débuts possibles ». Les choix sont nombreux et paraissent parfois tellement naturels que l’on en oublie presque qu’ils ont tous des conséquences. Comme je le disais plus haut, il ne s’agit pas de choix tranchés (pour la plupart en tous cas), et c’est bien là tout le génie de la mise en scène. On est pas du tout dans le « je tue tout le monde et je suis méchant », ou alors « j’aide tout le monde et je suis gentil ». Loin de là. On pourrait parler pendant des heures de l’arbre des possibles du jeu, chose que j’ai d’ailleurs faite avec Cedric, et qui m’a rassuré quant à la quantité des choix présents. Le prologue, malgré ses airs dirigistes, regorge de possibilités scénaristiques. Quelle que soit votre approche (qu’elle soit bourrine ou conciliante), celle-ci orientera déjà certains aspects de l’histoire. Et si les conséquences de vos choix seront parfois visibles dans l’immédiat, d’autres ne se révèleront qu’après plusieurs dizaines d’heures de jeu. Il faut également noter que certains choix devront se faire dans un laps de temps réduit, ce qui laisse peu de temps pour la réflexion et rythme agréablement le jeu.
Du point de vue esthétique, The Witcher 2 est une véritable bombe. Les paysages sont sublimes et l’ambiance très soignée. Certains râleront sûrement en découvrant les configurations requises pour le faire tourner correctement (les vrais configurations, hein), tandis que d’autres se réjouiront de posséder enfin un titre qui fait cracher les cartes graphiques comme jamais. Certes, le jeu souffre d’une mauvaise optimisation ainsi que de quelques bugs, comme des personnages qui restent coincés ou encore des objets impossibles à ramasser. Mais dans l’ensemble cela reste très fluide. On prend un véritable plaisir à arpenter le monde semi-ouvert de The Witcher 2, avec ses différents paysages et son bestiaire très fouillé.
Comme dans tout bon RPG qui se respecte, The Witcher 2 possède son propre arbre de compétence. On ne peut s’empêcher de penser à un certain Final Fantasy 10 lorsque l’on découvre le pseudo sphérier des compétences. Celui-ci se partage en quatre parties distinctes qui orienteront de façon significative votre style de combat. La première concerne les aptitudes générales. C’est d’ailleurs le seul que vous pourrez développer jusqu’au niveau 9. Vous débloquerez ensuite les branches Magie, Alchimie et Art de l’épée. Libre à vous de faire de ce cher Geralt un mage, un guerrier ou encore un voleur. Sachant que l’on ne peut pas développer tous les arbres, il s’agira pour vous de faire des choix précis, histoire de ne pas dépenser des points de talent pour rien.
Il faut avouer que l’arbre des compétences n’est pas très fourni. On aurait aimé avoir une plus grande diversité dans les types de sort par exemple. Car pour un sorceleur, les possibilités semblent tout de même bien pauvres…
Au niveau des menus, l’ensemble est plutôt lisible et soigné. Certains petits détails peuvent parfois déranger, comme le fait que l’on ne puisse pas voir les caractéristiques de son armure et des armes équipés au moment des achats. Il suffit simplement de s’en rappeler me direz vous, chose à laquelle je répondrai non. C’est quand même pas compliqué d’afficher une petite fenêtre supplémentaire. C’est simple et ça change la vie !
Parlons maintenant des combats. Il va vous falloir pas mal de courage et de persévérance pour venir à bout des nombreux ennemis qui tapisseront votre route. Car autant le dire tout de suite, vous allez lutter pour vous en sortir. Le système de combat, aussi simpliste soit-il, ne se laisse pas apprivoiser par le premier venu. Les ennemis esquivent souvent et frappent fort. A vous de gérer les roulades et les sorts de protections afin d’en ressortir vivant. Surtout que la jouabilité à ce niveau là est loin d’être bonne. Entre les mauvais mouvements de caméra et la difficulté à « locker » les cibles, la réussite n’est pas souvent au rendez-vous. La maniabilité est d’ailleurs bien meilleure avec le pad qu’avec le combo clavier-souris. J’ai noté également un gros point noir au niveau des combats, c’est le déplacement des ennemis. Leur champs d’action semble être délimité par une ligne invisible qu’il leur est impossible de franchir. Ainsi, il vous suffit de vous éloigner un peu de la zone pour que les ennemis cessent de vous attaquer. J’avoue que cela m’a été fort utile à certains endroits du jeu, alors que ma barre de vie criait famine. Notez qu’il est indispensable de boire des potions avant chaque combat. Pour cela il vous faudra soit les acheter, soit les confectionner vous-même grâce à l’écran Alchimie. Que ce soit les armes, les armures ou encore les potions, il vous faudra acheter des formules ou encore des schémas afin de les fabriquer vous-même. On peut bien sûr acheter des armes chez le forgeron, sachant que cela coute moins cher de les fabriquer vous-même.
Le jeu regorge également de mini-jeux, comme les combats de boxe et les bras de fer. L’univers n’en ressort que plus riche et crédible. Comme je le disais, The Witcher 2, ce n’est pas le gentil monde des Barbapapas. On assiste à des scènes de pillages, des viols, des pogroms, des assassinats. Tout plein de jolies choses comme dans la vraie vie. On boit, on baise, c’est une vraie orgie. On nage en pleine Dark Fantasy, dans un univers ultra-violent et raciste criant de réalisme. Ce genre de profondeur dans un scénario de jeu vidéo est tellement rare que l’on ne peut que l’acclamer.
Pour conclure, je dirais que The Witcher 2 est un grand jeu. On tient peut-être ici le rpg de l’année, et même le meilleur rpg depuis bien longtemps. Bien-sûr, on n’est pas encore au niveau d’un Oblivion pour ce qui est de la personnalisation et de l’évolution du personnage. Mais du coté de la narration et de l’univers, force est de constater que The Witcher 2 est un poids lourd du genre. Le système de combat risque, au vue de sa difficulté, d’en décourager plus d’un. Mais il serait tellement dommage de passer à coté d’une telle réussite par les temps qui courent, et où les rpg de qualité se font trop rares. On y jouera non pas en attendant Skyrim, mais plutôt en se demandant si celui-ci pourra faire mieux. Et ça, c’est un vrai moment Nutella.
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The Witcher 2 (PC)
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