Gran Turismo 5 (PS3)

 

Publié le Mercredi 8 décembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de Gran Turismo 5 (PS3)

Peti Turismo, en fait...

imageEnfin ! Doublement enfin, d’ailleurs. Enfin Gran Turismo 5 est sorti dans les bacs. Et enfin le test arrive sur GamAlive. Il faut dire que l’on a pris chacun notre temps. Polyphony, pour développer le jeu. L’un des jeux les plus chers de l’histoire puisqu’on parle de plus de 100 millions de dollars dépensés… Plus de 5 ans de développement… retard sur retard, report sur report… il en aura fallu de la patience et de l’abnégation aux fans pour avoir enfin le jeu entre les mains. Nous aussi, nous avons pris notre temps. Parce que Gran Turismo 5 est de ces jeux sur lesquels il ne faut pas se presser. Pour plusieurs raisons. Déjà, parce qu’il a un contenu conséquent et que pour en faire le tour, des dizaines d’heures sont nécessaires. Ensuite, parce que c’est une « grosse licence ». L’attente est considérable sur ce produit. Et le problème, c’est qu’il n’est clairement pas à la hauteur des espérances. Il fallait donc bien le disséquer pour comprendre, voire apprécier tout de même le jeu. Voilà donc le pourquoi du comment.
 
Premier constat : jouer à Gran Turismo 5 nécessite soit de la place sur son disque dur, soit de la patience. Installer le jeu sur le disque dur vous en coûtera pas loin de 10 Go d’espace disque (et 50 minutes d’attente). Mais si vous avez la possibilité de le faire, faites-le : sans cela, les temps de chargement des courses sont tout simplement monstrueux. Installer le jeu permet de gagner quelques précieuses secondes. Les temps de chargement sont toujours longs, mais nettement moins que si vous désirez jouer à partir du Blu-ray.
 
Une fois prêt à être lancé, le jeu vous emmène sur un menu : mode arcade, mode GT (carrière), mode GT TV (téléchargement des émissions liées au monde de l’automobile, désactivé pour le moment)…
Le mode arcade permet de jouer, seul ou à deux, sur n’importe quel circuit, dans n’importe quelle voiture. Courses simples ou contre la montre, il s’agit d’un mode rapide, sans réel enjeu.
Le mode GT, lui, est le gros morceau du jeu. Ce mode GT permet d’avoir accès aux épreuves, qu’elles soient composées de plusieurs courses simples ou d’un championnat. Aux permis, qu’il n’est plus indispensable de passer pour accéder aux épreuves, mais qui permettent, outre de s’entraîner, de gagner des véhicules. Aux évènements spéciaux, qui sont autant de courses exotiques (kart, NASCAR, Rallye, Top Gear…). Au GT Auto pour faire la vidange de la voiture, la nettoyer... Aux concessionnaires, pour acheter des voitures neuves ou d’occasion. Et au menu de préparation pour customiser la voiture en lui installant de nouvelles pièces susceptibles d’améliorer ses performances.
Sont également disponibles un salon de visionnage pour revoir vos courses enregistrées, et un garage pour choisir votre véhicule.
 
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screenPetit souci : ce menu et sa navigation se révèlent totalement archaïques, lourds, et pénibles. En fait, les développeurs ont adapté un truc des années 80 avec les exigences actuelles. Aujourd’hui, la surenchère de voitures, circuits et options demande un menu bien pensé, facile d’accès et aux multiples interactions. Là, on a un vieux truc qui aurait marché avec 20 voitures et 5 circuits, mais qui s’avère foireux avec les 1000 bolides présents. Un exemple : pour choisir une voiture, il faut fouiller dans la trentaine de concessionnaires disponibles. Cliquer sur chaque modèle pour savoir s’il correspondra à vos exigences, ou du moins aux exigences de la course que vous vous apprêtez à faire. En effet, si vous tentez de lancer une course et que vous n’avez pas le modèle de voiture requis, une liste des modèles autorisés sur le circuit s’affiche. Bien. Sauf que si vous voulez prendre le meilleur de ces modèles, la voiture la plus stylée et la plus rapide, il va falloir… les retenir tous par cœur. En effet, aucun lien vers les concessionnaires n’est disponible. Il va donc falloir retenir de mémoire la vingtaine de noms  et modèles affichés (certains très proches – même marque, même voiture, mais motorisation différente) et retrouver celles qui sont dispo chez les concessionnaires. Aucun lien direct. Aucun moyen de comparer lesdits modèles d’ailleurs, autrement que de retenir les caractéristiques de tête… Alors soit vous avez une mémoire de folie, soit vous jouez avec un bloc et un crayon à vos côtés… pour rapidement en avoir ras-le-bol et finalement choisir n’importe quelle bagnole pour participer aux courses…
Ce n’est qu’un exemple, hein. Mais il illustre bien à quel point le menu a été mal pensé et s’avère lourd, pénible, mal foutu, et totalement inadapté au jeu.
 
screenLe jeu propose donc un millier de voitures. Beaucoup sont, en fait, les mêmes modèles avec des motorisations ou équipements différents. 200 modèles sont en « HD ». Comprenez par-là, bien détaillés et avec une vue intérieure. Le reste est issu du catalogue GT, des anciens opus, et sont donc nettement moins sexy. Certains sont même carrément hideux, pour être sincère.
Les circuits ont connu le même traitement : 70, tirés de 20 environnements. Et là encore, si certains sont plutôt jolis, d’autres sont vides, avec des textures floues en moches.
 
Le graphisme suit d’ailleurs lui aussi cette tendance du « beau et moche ». Beau comme certains véhicules, certains décors, moche comme certaines textures ou toutes les ombres sous les voitures, pixellisées à outrance comme dans un jeu PSOne. On notera également beaucoup d’aliasing (effet d’escalier sur les lignes droites), de tearing (écran « déchiré » horizontalement par une ligne, avec décalage de quelques centimètres entre l’image du haut et celle du bas) ou même quelques ralentissements à certains moments de la course, notamment quand beaucoup de véhicules « HD » sont à l’écran.
 
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On continue avec les doléances en parlant de l’IA des adversaires. Elle est là aussi d’une autre époque : cons comme des balais, ils ne font que suivre une trajectoire, n’hésitant pas à vous foncer dessus comme si vous n’existiez pas. Sans parler qu’une poussette sur l’aile arrière de votre véhicule vous fera partir en vrille (alors que si vous leur faites la même chose, ils ne bougeront pratiquement pas)… Cela devient surtout problématique lorsque les dégâts sont pris en compte, à partir du niveau 20 (un nouveau patch permet d’activer les dégâts… pour le multijoueur seulement). Notez que si vous ne terminez pas premier d’une course, il ne s’agira nullement de la classe de vos adversaires, mais simplement d’erreurs de votre part ou de votre voiture, moins puissante (un passage au garage pour l’améliorer corrigera le problème).
 
screenSi le mode A-Spec permet de piloter, on notera la présence d’un mode B-Spec qui vous place dans la peau d’un directeur d’écurie. Vous recrutez vos pilotes et leur donnez des ordres durant la course : aller plus vite, aller moins vite, dépasser, s’arrêter aux stands… malheureusement, ce mode est tout bonnement catastrophique : l’IA est tellement lamentable que votre pilote conduit comme une chèvre, laisse passer les concurrents avant de revenir sur la piste en cas de sortie de route, n’arrive pas à dépasser les adversaires même s’ils pilotent comme des patates… bref, on laisse tomber très rapidement ce mode insipide et sans aucun intérêt.
 
Et les déceptions ne s’arrêtent pas là : bande-son digne d’une musique d’ascenseur, conduite de certains véhicules (notamment durant les évènements spéciaux et avec mention spéciale pour le rallye) complètement ratés, gestion météo qui, à part la neige, n’influe pas sur la conduite (et n’est disponible que sur certains circuits seulement). Ah, les bruits de chocs entre véhicules sont également risibles et ressemblent plus à une casserole qui vous échappe des mains pour tomber sur la moquette (pour peu que vous ayez de la moquette dans la cuisine) qu’à un véritable bruit de tôle froissée.
 
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Le constat n’est donc pas vraiment brillant, au final. Beaucoup d’autres critiques peuvent être formulées contre le jeu (quel intérêt d’acheter une voiture entre 16 et 30 000 crédits pour participer à des courses qui vous en font gagner 8 ou 10 au total ?). Et entre nous, pour un jeu qui a cette attente, qui a bénéficié de plus de 5 ans de développement, c’est simplement catastrophique. Voire lamentable. Notez que le multijoueur, après bien des péripéties et avec encore de gros lags, permet aujourd’hui de faire quelques parties sympathiques entre joueurs. Mais reste loin d’être inoubliable.
 
screenEt pourtant, tout aussi imparfait et bourré de problèmes soit-il, ce Gran Turismo 5 n’est pas un mauvais jeu en soi. Je sais, c’est surprenant après lui avoir ainsi déchiré la tête à lister une petite partie de ses problèmes sans mettre l’accent sur ses forces. Pourtant, si on a tendance à surtout voir les faiblesses, ce GT5 en a, des forces.
La conduite est plutôt bien foutue. Au risque de me prendre une volée de bois vert de la part des fans, j’affirme quand même qu’on est loin, très loin d’une simulation. Les sensations sont très éloignées de la réalité. Pour avoir conduit pas mal de modèles, ou équivalents, disponibles dans le jeu, je tiens à dire que je n’ai presque jamais retrouvé un comportement totalement réaliste des véhicules ou des montées d’adrénaline comme on en a parfois au volant de certains bolides (ou en roulant à 150 km/h avec une 107, ça marche aussi).
Reste que cette conduite, à mi-chemin entre l’arcade et la simulation, donc, est vraiment plaisante. Le manque flagrant de challenge de la part de l’IA adverse pousse le joueur à tenter des choses, améliorer son chrono, prendre des risques, et finalement permet de bien s’éclater sur les circuits.
Il y a une certaine addiction au jeu, à vouloir toujours aller plus loin, récupérer plus de modèles de voitures, piloter de grosses voitures, sans parler du plaisir de varier les modèles, passant de la petite bagnole toute pourrie aux grosses cylindrées. Et elles ne se conduisent pas vraiment de la même manière…
 
screenBref, le jeu est prenant malgré tout. Quiconque est prêt à prendre son mal en patience face à une navigation dans le jeu totalement foirée, et à toutes ces petites choses pénibles expliquées dans le test, se retrouvera quand même face à un très bon jeu de conduite, avec un contenu important. Bref, si vous n’attendiez rien de spécial de ce GT5, vous serez sans doute conquis. Si par contre vous étiez fan de la série, vous serez forcément déçu, voire très déçu (tant de buzz et d’attente pour ça ?), mais continuerez à y revenir, simplement parce qu’il a un petit goût de « reviens-y » pas désagréable.

 
En fait, Gran Turismo 5 est atteint des mêmes maux que la plupart des réalisations japonaises actuelles : il tente d’en offrir toujours plus, avec un contenu conséquent et appréciable, mais enfermé dans une réalisation et organisation des années 80 qui ne fonctionne plus aujourd’hui. Le jeu aura encore besoin de nombreux patches pour corriger de gros défauts, techniques et graphiques.
 
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Le contre-avis de Ludovic Estarquit image
Si on avait été prévenu plusieurs mois avant sa sortie, on ne peut qu’être choqué par la réalisation à deux vitesses du titre de Polyphony Digital. Voitures comme circuits sont classés en deux catérogies : les beaux, bien modélisés, et les hideux. Tout comme les dégâts : certains modèles de voitures n’auront juste que des traces noirs, d’autres juste le pare-chocs qui s’aplatit un peu et pour d’autres encore, il y aura des vraies déformations... à condition de se prendre dix fois un mur à 300 Km/h.
Le gameplay a peine changé depuis le quatrième opus, entaché par les problèmes d’IA, mais aussi la partie rallye ratée.
Au final, le jeu à beau être prenant, il se résume malgré tout à un ensemble de mauvais choix de la part des développeurs mais aussi d’un sentiment d’avoir une version non terminé : de gros soucis techniques et graphiques, réalisation à deux vitesses, évolution trop timide. Ce cinquième épisode confirme que la série s’enferme dans ses propres codes rigides.
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Gran Turismo 5 (PS3)

Plateformes : PS3

Editeur : Sony

Développeur : Polyphoy Digital

PEGI : 12+

Prix : 70 €

LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 7/10

 

 

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