Publié le Vendredi 26 novembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
J'aimerais bien être petite souris...
Le dessin animé a ceci de formidable qu’il transforme les pires nuisibles en adorables personnages que tout le monde aime. Prenez un rat. C’est sale, ça vit dans les égouts, ça se nourrit de déchets, et ça véhicule tout un tas de maladie parmi lesquelles la Peste, dont ils sont le principal vecteur de contagion. Et pourtant, des millions de gamins se promènent avec une peluche Ratatouille.
Idem pour les souris. Ces saloperies qui mangent les fils électriques, déciment les récoltes, vous collent la leptospirose, toxoplasmose, rage, typhus, voire la teigne. Moi, perso, quand mon chat en ramène ou que j’en trouve dans mon jardin, je les explose à coups de balai-brosse. Un bon coup sur le dos, ça expulse les yeux des orbites et ça donne un angle de colonne vertébrale totalement nouveau. Et de la même manière, de nombreuses ménagères sont passées de l’état « les deux pieds sur le sol » à l’état « les deux pieds sur la chaise ou sur la table » en moins d’une seconde, le tout agrémenté de cris suraigus, sous prétexte qu’un rongeur avait élu domicile dans la cuisine. Et pourtant, tout le monde aime Mickey.
Mickey Mouse est une vieille souris de plus de 80 ans, née sous la plume de l’Oncle Walt en 1928. Encore aujourd’hui, via divers Magazines et séries animées à la télé, Mickey continue de séduire des générations entières de gamins, et il n’est pas rare qu’un adulte jette lui aussi un œil nostalgique à une revue d’enfant négligemment abandonnée sur la table du salon.
Aujourd’hui, Mickey renaît dans le jeu vidéo sous la plume inspirée de Warren Spector. Un jeu original, doté d’un vrai scénario, d’une vraie identité visuelle, et qui plaira à n’en pas douter aux petits comme aux grands.
L’histoire se déroule dans le monde magique de Disney. Avec tous les héros passés que cela comprend : de la belle et la bête en passant par Cendrillon, les 7 nains, et quantité de princes et princesses. Et donc, Mickey. Ce dernier est curieux comme une souris. Et le jour où il trouve un étrange chemin magique, il ne peut s’empêcher de le prendre… et se retrouve dans l’atelier de Yen Sid, le magicien qui crée les univers Disney. Là, sur la table, une maquette. Parce qu’il a aussi un côté Donald, Mickey va accidentellement faire tomber une bouteille de dissolvant sur la maquette… juste avant d’entendre le retour du magicien. Attrapant dans sa fuite un pinceau, parce qu’il faut toujours emporter un souvenir des contrées lointaines qu’on visite, il repart dans son monde, et se met au lit. Mais son geste malheureux a eu des répercussions qu’il est loin d’imaginer.
Et alors qu’il tente de trouver le sommeil, un fantôme noir apparait pour le projeter dans le monde de la maquette. Mickey se retrouve donc dans ce même univers qu’il a failli détruire. Et il s’y retrouve avec son pinceau. Riche idée qu’il a eu de l’emporter. En effet, le monde merveilleux de Disney est en proie à un mal terrible. Oswald, le lapin chanceux, premier personnage de Disney rapidement remplacé et tombé dans l’oubli suite au succès de Mickey, tente d’effacer les univers du passé pour se les approprier et retrouver sa place de héros principal.
Mickey se retrouve dans un monde où de nombreux éléments du décor ont disparu, et d’autres ne sont pas à leur place. A la poursuite d’Oswald, il va devoir utiliser le pinceau pour créer des portions de murs détruites, des ponts, des rouages, et j’en passe. De la même manière, il pourra effacer des rochers ou des obstacles qui gênent sa progression. La création se fait grâce à de la peinture, et vous effacez grâce à du dissolvant. C’est simple, facile à sélectionner avec la Wiimote et le Nunchuck (boutons B ou Z), bref c’est à la portée de n’importe qui. On saute avec le A, on se déplace avec le Nunchuck, on déplace la caméra avec les flèches, bref la jouabilité est totalement enfantine et se maîtrise automatiquement.
Quelques subtilités surviennent toutefois : des ennemis, les « gardiens », tenteront de vous empêcher d’atteindre votre but. Il faudra s’en faire des amis en les arrosant de peinture (et ils attaqueront les autres), ou vous pourrez simplement les faire disparaître en les arrosant de dissolvant. Il y aura même des Gremlins à sauver, ces petits extra-terrestres à cornes et à gros nez. A sauver ou à sacrifier, cela dit, selon que vous voulez récupérer un trésor ou préférez aider ces créatures.
Car les trésors renferment, comme beaucoup d’objets à détruire dans les niveaux, des tickets à échanger par la suite pour recevoir des bonus.
Epic Mickey se présente comme un mélange de jeu d’aventure et de plateformes. Il offre d’ailleurs certains passages en 2D, en noir et blanc, tirés de l’univers de ses anciens dessins-animés : Steamboat Willie, Plane Crazy, et j’en passe. Une trentaine sont disponibles, offrant à chaque fois le dessin-animé en question, à visionner par la suite.
Au milieu de ses aventures en 3D, à manier le pinceau comme un malade (attention, il faudra récupérer de la peinture ou du dissolvant çà et là pour ne pas tomber à court), Mickey repassera souvent par Mean Street, zone centrale où il achètera ses bonus (donc vendra ses tickets), et rencontrera divers personnages, comme Horace, qui pourront éventuellement lui donner des informations ou lui proposer de nouvelles quêtes.
Entre plateforme 3D, plateforme 2D, combats, puzzles… Epic Mickey est jeu plutôt varié dont la simplicité du gameplay ne se transforme heureusement jamais en avancée lassante et répétitive. Mieux encore, cette plongée dans cet univers connu de tous, à rencontrer tous les personnages de son enfance, est un merveilleux voyage, empreint de nostalgie et de moments épiques.
Le jeu possède une ambiance exceptionnelle. Les développeurs ont su réinventer le style Mickey, tout en gardant des bases qui offrent finalement non pas une révolution graphique, mais une évolution. Un Mickey moderne, tout en gardant l’intégralité de son âme et de son monde.
Les environnements sont superbes, le level design inspiré, bref on se retrouve dans un jeu qui, visuellement, est fort et a bénéficié d’un soin tout particulier. On frise la perfection.
On l’atteindrait si la réalisation n’avait pas été si handicapée par des mouvements de caméra foireux. C’est LE gros point noir du jeu. Souvent, la vue est bloquée, gênée, par cette caméra que l’on n’arrivera même pas à corriger via les possibilités de la bouger à l’aide des flèches de la Wiimote. Un gros défaut, vraiment, qui vient stupidement gâcher un petit bijou, une merveille de jeu.
Est-ce que cette merdouille doit pour autant vous rebuter ? Non. Certainement pas. Parce qu’Epic Mickey est un petit bijou, le jeu qui va vous faire ressortir votre Wii du placard. Le jeu qui mérite d’être en tête (ou du moins dans le trio de tête) des ventes de Noël. Une création originale, qui sort du lot, et qui vous apportera quelques heures (une vingtaine) de pur bonheur, de nostalgie, d’émerveillement.
Un vrai coup de cœur.