Publié le Jeudi 21 décembre 2023 à 11:30:00 par Côme Richetta
Test de Warhammer 40,000: Rogue Trader (PC, PS5, Xbox Series)
Marchand de l'espace
Des os qui craquent, du sang qui coule, et des larmes de frustration.Ah, le doux et subtil univers de Warhammer 40.000. Fanatisme, xénophobie et violence en tout genre, ce qui s'apparente à une description d'une manifestation parisienne est en fait bel et bien le cœur de la fiction d'un monde futuriste où tout part à l'ouest, l'humanité est déchirée et plonge lentement dans la discorde, régressant intellectuellement, faisant demi-tour sur le chemin de l'évolution de l'espèce et de la société. Et non, ce n’est toujours pas la France. Nous sommes ici pour parler du nouveau bébé du studio chypriote Owlcat Games, qui nous jette dans cet univers au travers du prisme sous-représenté des fameux "rogue traders", des filles et fils de familles ultra riches qui ont fondé leur fortune sur une lettre de marque les autorisant à "apporter la civilisation” aux innombrables étoiles de la galaxie, au nom de l'Empereur de l'humanité, à coup d'esclavagisme, génocide et négociations officieuses avec les démons d'une autre réalité. Non je n'ai rien dit rien fait moi, ce ne sont que des rumeurs bien sûr, passez votre chemin maîtres inquisiteurs.
Alors que le monde entier fait une overdose de CRPG, nous avons pu nous poser, moi et mon séant, et tranquillement profiter de ce genre de jeu auquel je n'ai pas joué depuis les années 2000. Fan de jeux de rôle papier et de la licence phare de Games Workshop, ce n'était qu'une question de temps avant que je ne mette la main sur Rogue Trader. Vu que les autres chroniqueurs ici n'ont que faire de la poésie de cet univers aussi ridicule que brutal, je me sacrifie à vous raconter mon périple en tant qu'héritier de la maison Von Valancius. A bord de mon vaisseau spatial de la taille du Luxembourg, j’ai succédé à mon prédécesseur et suis devenu le nouveau grand manitou, le chef de tous les chefs. Ceci est mon histoire, et ne vous inquiétez pas, aucun spoil n’est présent dans ce test. Pour l’Empereur !
Eh non, j’ai menti, tout est pour moi.
La comparaison du vaisseau avec nos voisins limitrophes ne s'arrête pas qu'à la taille ou à l'opportunité d'évasion fiscale dont je profite pleinement étant le maître du bâtiment, mais s'étend jusqu'à la dictature menée par un oligarque aux intentions et mœurs douteux (je parle de moi bien entendu). En tant que Seigneur Capitaine, vous êtes la parole ultime à bord du rafiot, représentant la sainte autorité du chef de l'Imperium, "Big E". Vous devrez gérer les conflits, écouter vos loyaux - pas tellement - sujets et faire prospérer votre empire pour mener à bien votre quête de richesse, de gloire, et encore de richesse. Accompagné d'une petite suite que vous construisez au fil de l'aventure, vous et vos compagnons partez à la découverte du secteur Koronus, afin d'y apporter votre bienveillance capitaliste et bombardements orbitaux. Cette dernière partie est un mensonge, mais j'aurai beaucoup aimé pouvoir le faire.
Cette aventure se traduit en jeu comme on imagine un jeu de rôle papier adapté en jeu vidéo. Une caméra de haut qu'on peut déplacer librement pour observer les décors, qui au passage transpirent la classe et l'ambiance gothique rouillée de l'imperium de l'humanité ou la folie inimaginable et grotesque de vos ennemis xenos, préparer vos combats et explorer les niveaux en donnant des ordres directs à votre groupe, contrairement au combat qui se déroule en tour par tour. Jusque-là, les initiés des CRPG ne découvriront rien de nouveau, mais le vrai sel de Rogue Trader repose dans son univers. Dommage que ce ne soit pas la majorité du temps de jeu, du coup. Mais alors, qu’est-ce qui a rempli mon temps de jeu ?
Clairement, le combat. A titre comparatif, c'est comme faire une session de jeu de rôle papier avec un maître du jeu qui a écrit des PNJs et des dialogues à la demande de ses joueurs, mais qui en fait n'en a rien à faire et veut juste en découdre en lançant des dés. Clairement, si vous n'êtes pas prêt à passer 80% du jeu à faire avaler vos cartouches laser et épées tronçonneuses aux ennemis de la maison Von Valancius, il faudra peut-être passer votre chemin. J'ai été déçu du manque de variété d'approches aux conflits ainsi qu'à la tension des combats parfois répétitifs, mais bon, quand votre jingle c'est "Il n'y a que la guerre", je ne peux pas dire qu'on ne m'avait pas prévenu. C'est quand même dommage car la license Rogue Trader est justement censée nous tirer hors d'énormes conflits planétaires et religieux habituels pour nous plonger dans une épopée d'aventuriers dans un espace hostile et inconnu. Cependant, sur le point des aventuriers, je n'ai pas à me plaindre.
Lesdits bougres sont pour la plupart vite tous rencontrés, et j’ai passé la majorité de mon temps de jeu à me battre aux côtés de ces compagnons de fortune, à découvrir leurs histoires, subir leurs réactions dignes de la plèbe dont ils sont issus et manger du popcorn en écoutant la bonne sœur insulter une sorcière, elle aussi membre de ma suite. Petit aparté sur les quêtes compagnons, certaines et certains d'entre vous seront heureux de savoir qu'il y a de la romance possible, mais bon, ça reste moins intéressant que de pulvériser des hérétiques au lance-flamme lourd. Il faut grandir un peu. Et en parlant de grandir, cette petite suite qu’est la vôtre va vite tripler de volume, ce qui vous catapulte dans des combats tactiques axés sur les synergies entre archétypes de personnage, le placement, et les armes que vous équipez. Pour ma part, Julius Law Von Valancius est un officier anciennement pirate de l’espace qui adore donner des ordres et reste loin du combat en envoyant ses fidèles larbins faire le sale boulot. Franchement je les guide bien, je n’ai encore subi aucune défaite. Est-ce grâce à mon intellect et maîtrise martiale supérieure? Ou à cause de l’IA qui est aux choux et tire sur ses propres troupes constamment? Mystère. En tout cas, le système de couvertures, de munitions et de types d’attaques est vite assimilé et on ne passe pas trop de temps à réfléchir pendant ses tours, ce qui est agréable. Petit bonus pour le spectacle qui est présent: un super sound design, des effets visuels bien réussi, du gore et des démembrements. Plutôt sympa les combats, mais au bout de quelques dizaines d’heures je pense qu’on se fait vite chier si la variété d’ennemis et l’IA ne s’améliore pas.
Le côté RPG se fait ressentir sur les équipements de votre équipe et de votre vaisseau, qui au passage est également apte au combat, bien que les combats spatiaux soient rares. Avant de parler des dialogues et de la narration, je dois mentionner la réelle bête noire de mon expérience avec Rogue Trader jusqu’à maintenant: la progression.
Bien rythmée, sur un système de niveaux qu’on passe rapidement et dont l’équipe entière bénéficie à la même vitesse que mon pirate Von Valancius, la progression est parfois peu claire dans son utilisation des menus pour la sélection d’améliorations, mais surtout sur les mille-et-un passifs différents qui existent. C’est dur de s’y retrouver, de savoir ce qui est bien, quels sont les passifs communs à mon équipe, à un personnage en particulier, quelle est la portée des effets, l'interaction avec d’autres règles, etc. Pour le coup, c’est fidèle au jeu de rôle papier Rogue Trader, mais putain quel bordel! J’ai déjà oublié les trois quarts de ce que j’ai choisi comme build sur mes compagnons, alors que je ne suis même pas encore arrivé au troisième arbre de compétences. Cela me donne l’impression que mes choix de compétences ne sont pas si importants au final, du moins en difficulté normale.
Est-ce réellement un problème ? Si vous voulez faire du theorycraft, oui c’est imbitable au début. Je tiens à préciser qu’il y a quand même un chouette système de mots clés pour avoir des définitions rapidement en passant la souris dessus, mais bon je passe déjà tout mon temps hors combat à lire des dialogues.
Et nous arrivons au cœur de mon aventure en tant que Von Valancius, les histoires que j’ai vécues. Entre tous les combats (et même parfois pendant), le jeu m’a guidé à suivre de nombreuses missions, rumeurs, contrats, demandes de compagnons et autres secrets cachés dans le vide interstellaire ou sur des corps célestes variés.
Tout d’abord, un petit avertissement sur les dialogues : il n’y a que très rarement des voix. Vous passerez la majeure partie de votre temps à lire les dialogues. Vu la quantité d’interactions et le budget du studio, je pardonne à Owlcat Games d’avoir si peu de voix dans leur jeu, mais je me suis surpris plusieurs fois à me dire que le silence était un peu gênant. Je ne m’y suis toujours pas habitué, mais ce n’est rien de rebutant. Car au final, les dialogues sont plutôt bien écrits, avec des descriptions des actions et des expressions des interlocuteurs. Bien que l’écriture ne découle pas du génie, j’ai quand même pris du plaisir à lire, et ai rigolé à plusieurs reprises à cause de situations grotesques. Certains passages majeurs de l’histoire sont narrés au-travers d’une fenêtre mimant un livre illustré, ce qui rappelle l’origine du jeu. Une variation de gameplay appréciée, bien que rare.
L’intérêt principal du CRPG est bien entendu d’avoir le choix. Et il y en a des options: de dialogue, de personnalisation, d’armement, de quête, et le plus intéressant à mon goût, le chemin des vertus de votre personnage. Il existe trois chemins possibles, sur lesquels vous allez pouvoir vous engager et progresser en fonction de vos choix. Les options sont Dogmatique, pour un Von Valancius pieu et xénophobe, Iconoclaste, pour un agent du progrès et de la civilisation capitaliste, et enfin Hérétique, pour être le serviteur de puissances du Warp qui dépassent l’entendement. Selon votre progression sur ces trois axes, les interactions avec le monde vont varier, vous allez pouvoir débloquer certaines compétences et équipements et vous lier avec des compagnons. Pour ma part, Julius Law est un iconoclaste penchant un peu dans l’hérésie, parce que bon, je suis un certes Seigneur Capitaine magnanime et juste, mais j’aime quand même les bains de sang et acquérir plus de pouvoirs surnaturels, histoire de me sentir spécial.
J’avais à la base une partie entière dédiée aux problèmes de performances et aux nombreux bugs bloquants qui ont fait de ma première dizaine d’heures un enfer à traverser, mais un patch est récemment sorti et corrige la majeure partie de ce qui entachait mon expérience. Cependant je ne peux rien garantir sur les parties du jeu que je n’ai pas encore faites, et j’avoue avoir peur d’avancer plus vite que le studio n’arrive à fixer les problèmes bloquants qui m’ont bien fait grincer des dents.
Mais la vraie question c’est: est-ce que je vous le recommande ?
Et si vous êtes désormais un agent du chaos pensant que tous les jeux doivent avoir le même niveau de qualité que BG3, n’hésitez pas à vous faire un lavage d’estomac à la javel, vous serez moins déçus du résultat qu’en jouant à Rogue Trader. Pour le reste des humains normalement constitués et doués d’une conscience, je vous invite à y jouer seulement si vous êtes fans de CRPG ou de la licence Warhammer 40.000, tout en gardant un œil sur les patchs qui sortent. Pour les autres, je vous conseille d’attendre une petite promo, ou de voir comment les futurs DLCs font avancer le jeu, prévus en juin et décembre 2024.
Pour ma part, je vais y retourner un peu. J’ai envie de voir de quel côté va terminer mon personnage, et si je peux finir Seigneur Capitaine ultime et Roi du secteur Koronus, ou si la lignée Von Valancius va disparaître avant parce qu’un dieu maléfique du Warp m’aura gobé comme un flamby.
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Warhammer 40,000: Rogue Trader (PC, PS5, Xbox Series)
Plateformes : PC - PS5 - Xbox Series
Editeur : Owlcat Games
Développeur : Owlcat Games
PEGI : 16+
Prix : 49,99 €
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