Publié le Lundi 12 décembre 2022 à 12:00:00 par Mathis Duperray
Test The Last Oricru (PC, PS5, Xbox Series)
Parce qu’il est toujours bon de se mêler des affaires des autres
The Last Oricru est un action RPG Soul like développé par GoldKnights et édité par Prime Matter.Le studio de développement, qui avait débuté dans la création de logiciel commerciaux, propose ici leur premier titre. De base intitulé Last Hero, puis renommé à la suite de changements internes The Last Oricru, il propose un concept original : Un RPG à narration non linéaire, ou le joueur aurait un réel impact sur le déroulé de l’histoire.
Ils sont épaulés à l’édition par Prime Matter, à qui l'on doit l’édition de titres comme Kingdom Come : Deliverance, Mount and Blade II : Bannerlord, ou encore le prochain Pay Day 3.
The Last Oricru nous plonge au cœur d’une planète en proie à une guerre sans merci entre les deux factions extraterrestres qui la compose. Le joueur incarne Silver, un humain amnésique débarquant de l’espace sans se souvenir de la raison de sa présence ici. Il devra au cours de son aventure comprendre les enjeux de cette guerre et trouver sa place dans ce conflit ravageur.
La narration est le point fort sur lequel le jeu tente de s’appuyer. En effet, il propose une expérience narrative radicalement différente de ce que peuvent proposer la majorité des RPG que l’on trouve sur le marché aujourd’hui. L’histoire dans The Last Oricru n’est pas linéaire. Chaque décision que prend le joueur, chaque dialogue et chaque action changent radicalement le dérouler de l’histoire. J'étais sceptique au début. Beaucoup de jeux utilisent cette promesse narrative pour un résultat souvent peu convaincant, où les choix finissent toujours par mener au même endroit. Mais quand après une dizaine d’heures de jeu, j’ai entrepris de relancer une nouvelle partie en prenant des décisions radicalement différentes, quelle n’en fut pas ma surprise de découvrir cette même histoire sous un tout nouvel angle. Certes, la trame des événements reste globalement la même, mais la place de Silver et son point de vue sur le conflit changent complètement. De ce côté-là, GoldKnights parvient à respecter ses engagements et nous propose une expérience narrative rafraîchissante. Les choix ont vraiment un impact, et l’absence de sauvegarde manuelle rend ces moments bien plus intenses, car la possibilité de revenir en arrière n’existe pas.
Cependant, une narration non linéaire ne veut pas forcément dire qu’il s’agit d’une bonne narration. C’est malheureusement un point ou The Last Oricru m'a assez largement déçu, à commencer par l’enjeu même de la guerre. Le conflit oppose les Naborus, une espèce humanoïde esclavagiste à la peau blanche, au peuple qu’ils oppriment, une race de rats décidée à se battre pour sa liberté.
Là où les motivations de chaque camp auraient pu être subtiles, et apporter de réels questionnements moraux au joueur, le “bon” côté m’a paru assez évident à cerner. Le parallèle avec la ségrégation est bien trop important pour que les choix imposent un réel débat éthique. La violence des rats aurait pu être un levier de réflexion, mais le joueur n'a jamais l’occasion d’y assister en personne, contrairement à l’asservissement des rats régulièrement montré. Le jeu s’ouvre d'ailleurs sur un rat enchaîné.
Les personnages et les dialogues ne sont pas forcément mieux. En plus de souffrir d’un doublage particulièrement raté, Silver s’avère être un petit rigolo, toujours avec le mot pour rire. Le problème étant que son humour frôle la barrière du néant. Il se fera aussi une joie de penser à la place du joueur, comme si ce dernier n’était pas capable de comprendre les enjeux, pourtant simplistes. Ces pensées exprimées en voix off m’ont paru résonner comme un aveu de faiblesse, pour expliquer ce que le reste du jeu n’est pas parvenu à expliciter via sa narration environnementale ou ses personnages.
Les dialogues durent une éternité, et s’attardent parfois sur des détails, comme si je me mettais à vous expliquer maintenant ce que j’ai mangé au petit déjeuner. Certains personnages sont certes plus intéressants, mais restent très caricaturaux, et il est très compliqué de s’y attacher.
L’ambiance du monde est malgré tout assez originale, mêlant médiéval et science-fiction. Cependant, le côté futuriste sera largement mis de côté dans la première partie du jeu.
The Last Oricru est dur. Mais, je veux dire, horriblement dur. D’un côté, cette difficulté pourra ravir les quelques-uns d'entre vous qui se réveillent en se cognant la tête sur les murs, mais de l’autre, il vous faudra énormément de temps et de motivation pour passer certaines séquences de jeu particulièrement sadiques. D’autant plus que, à l’image d’un soul like, les points de sauvegarde sont rares, et parfois très éloignés du combat en question.
Il existe cependant un mode de difficulté “facile”, ce qui est une bonne idée lorsque l’on propose un jeu basé sur une expérience narrative. Mais j’espère alors que vous aimez vraiment la narration, parce que c’est tout ce que vous aurez. Les ennemis se transforment subitement en marshmallow et vous attaquent en slow motion. C’est assez amusant, mais tout challenge disparaît complètement.
En parlant du système de combat, celui-ci est assez classique, mais utilise une base qui a déjà fait ses preuves et qui fonctionne bien. Le jeu propose aux joueurs une attaque légère, lourde, une esquive et une parade. Quelques variations peuvent subvenir, notamment en fonction des armes équipées, mais nous y reviendrons plus tard. Il existe néanmoins quelques soucis parfois frustrants, comme l’esquive qui ne peut esquiver que la première attaque d’un double coup, ou l’animation quand le joueur se fait toucher, qui l’empêche de réagir et de bloquer/esquiver les attaques suivantes. Nombreuses de mes morts, je les devais à un seul coup reçu, qui me valait de recevoir les six suivants sans ne rien pouvoir y faire.
Parlons rapidement de l’équipement de The Last Oricru. Le jeu propose une variété d'armes correctes, avec d’une part des associations classiques, mais qui fonctionne bien, comme une épée et un bouclier, une arme à deux mains, ou même des armes magiques qui utilisent du mana. Par-dessus ce socle, le jeu ajoute un système de puissance qui m'a d'abord paru très flou. Il existe des subtilités sur chaque arme, notamment liées aux statistiques du joueur. C’est un système qui n’est pas forcément très intuitif et le jeu ne fait rien pour aider à la compréhension du joueur.
Ce qui m’amène à parler de la progression, autant sur l’aspect connaissance du jeu que sur la montée en puissance du personnage. C’est assez simple, en dehors de son système narratif et des actions de base, le jeu n’explique rien. Vous ne faites aucun dégât avec votre arme légendaire, alors que vous explosez tous vos ennemis avec votre bâton en bois ? C’est normal, mais vous allez devoir scanner l'entièreté des menus pour trouver le texte vous expliquant pourquoi. Vous souhaitez prendre cette fiole de soin qui vous fait de l'œil dans votre inventaire ? Essayez toutes les touches jusqu’à trouver la bonne. Vous voulez accomplir cette quête secondaire qui vous demande de trouver une trousse de soin ? Fouillez toute la carte jusqu’à tomber dessus. L’interface est minime, elle se contente du strict minimum, et n’indique absolument rien au joueur, en dehors de sa vie.
Pour conclure rapidement sur le gameplay, le jeu propose un système d’infiltration franchement ridicule, et le level design est une horreur. Les niveaux alternent entre couloirs longs de 20m sans action, avec des arènes de boss où la mise en scène laisse franchement à désirer. Quand, en tant que joueur, je constate que les ennemis (y compris les boss) arrivent et attaquent hors champs, sans aucun avertissement, je me pose de réelles questions sur les compétences de l’équipe chargé du Level Design.
Le jeu n’est pas moche. Il arrive à garder un niveau visuel correct, malgré des animations assez basiques. Les armures et armes sont plutôt bien réalisées, et sont satisfaisantes à obtenir et équiper.
Cependant, je note de gros manques sur certains éléments. En effet, il reste encore des éléments graphiques de prototype dans le monde, qui n’ont pas été remplacés par les effets visuels finaux. Je trouve cela personnellement inacceptable dans une production qui se veut achevée, et qui prétend à un prix proche des 40 € sur le marché.
Rapidement, sur l’aspect sonore, les sons sont plutôt corrects, malgré un doublage peu convaincant. La musique elle, n’est absolument pas marquante, je me demande même s’il ne s’agit pas de la même tournant en boucle durant les cinq premières heures de jeu.
Une pointe de positif dans cet océan de noirceur, j’ai croisé très peu de bugs durant mes parties. Il n’y en a qu'un qui soit vraiment notable, quoique très rare. Il arrive que parfois, les rats fassent tous un AVC simultanément, et que plus aucun d’entre eux n’ose vous attaquer. Il suffit alors de mourir pour résoudre ce bug.
Quelques freezes au moment de recevoir des coups ou juste avant de sauter au-dessus d’un précipice se sont avérés frustrants, car ils m’ont coûté quelques vies, mais ils restent assez rares pour être vivables.
D’un point de vue performance, la PS5 ne souffre d’aucun ralentissement. En même temps, avec des éléments graphiques de prototype, cela ne risquait pas.
Le jeu a récemment sorti une mis à jour susceptible de résoudre certains de ces problèmes.
Comme vous pouvez vous en douter, je n’ai pas aimé The Last Oricru. Sa narration et son gameplay ne m’ont pas convaincu, et l’absence de finition graphique décrédibilise complètement le jeu pour moi. Le jeu souffre forcément de la comparaison avec d'autres titres déjà existants, comme la série des Dark Souls, Skyrim, ou même Detroit Become Humain pour son aspect narratif.
The Last Oricru ravira peut-être les fans hardcore de Soul-like, mais c’est un jeu qui est loin de valoir les 40 € qu’il réclame. La promesse de la narration non linéaire le mettait pourtant sur la bonne voie, mais il y a trop d'erreurs de conception et de production, qui étaient pourtant facilement évitables, pour que ce jeu soit pris au sérieux.
C’est un jeu que je ne conseille pas, et encore moins pour ce prix. Si vous souhaitez vraiment l’essayer, je vous conseille d’attendre des soldes ou que le jeu soit offert par l’Epic Game Store.
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The Last Oricru (PC, PS5, Xbox Series)
Plateformes : PC - PS5 - Xbox Series
Editeur : Prime Matter
Développeur : GoldKnights
PEGI : 18+
Prix : 39,99 €
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