Bon, je vais être honnête avec vous, chers lecteurs. Je suis une personne très sentimentale.
Je pleure comme une madeleine à tout signe de tristesse, les films dramatiques sont mon prédateur naturel et une fois j’ai pleuré devant Kirikou (posez pas de questions). Mais malgré ça, je reste quelqu’un qui apprécie la narration avant tout. Une bonne histoire, qui me fait questionner, ressentir, rêver… C’est d’ailleurs pour ça que j’ai voulu tester Endling – Extinction Is Forever, le jeu de survie où vous incarnez une maman renard essayant de sauver elle et ses renardeaux de l’extinction.
Vous allez dire : un jeu ou on incarne un animal, ça ne se prête pas forcément à de la narration. Et on vous répondra : peut-être pas de dialogues, mais le tour de force du jeu, c’est d’extraire des sentiments à l’état brut de nous sans jamais prononcer une seule parole. On vous propose donc, avant de commencer à chanter les louanges du jeu et son histoire, de vous le présenter rapidement.
Endling – Extinction Is Forever, c’est le tout premier jeu du studio espagnol Herobeat Studios. Vous incarnez, comme dit plus tôt, une mère renard, plus spécifiquement la dernière sur terre. Parce que oui, le jeu se passe dans un futur apocalyptique où l’humain, dans l’avarice qui le caractérise, a complétement détruit les habitats et des espèces entières, dont les renards. Vous allez donc devoir faire des mains et des pieds (ou des pattes plutôt) pour subvenir aux besoins de vos quatre renardeaux : chasser pour les nourrir, et quand le temps sera venu, leur apprendre des capacités essentielles à la survie : grimper des arbres, sauter, défaire des pièges, éviter les prédateurs… Le jeu ne présente pas un challenge particulier, ce n’est pas son but, il est donc accessible à tout type de joueur.
Parlons tout de suite de la narration : dès la première scène, vous allez comprendre les enjeux de votre partie. La survie, avec un grand S. Vous commencez dans une forêt en flammes, style la Provence en été (malheureusement), et le jeu en profite pour vous apprendre à sauter, creuser et grimper. Dommage que vous apprenez à le faire pour éviter des arbres en feu… En plus de ça, on comprend rapidement que vous ne vous pouvez pas permettre d’erreur : une blessure est si vite arrivée et impactera votre vitesse de déplacement, ce qui peut signer votre arrêt de mort si vous ne faites pas attention. On
n’a pas besoin de narration parlée dans cette scène : le jeu regorge de détails, des cerfs avec les cornes en flammes aux tags sur les panneaux du parc, le ton apocalyptique du jeu est posé. Et il en est ainsi pendant tout le jeu : en tant que joueur, ces détails servent d’indices pour vous faire comprendre que l’humanité à tout fait foirer (évidemment, qui d’autre sinon ?), comme l’usine proche de votre première tanière ou la pollution des rivières, ou encore l’aspect PLUS que menaçant des PNJ humains. En effet, ils portent tous des masques à gaz, ce qui nous indique qu'on est très probablement aux abords du périphérique de Paris.
Très rapidement, un événement clé prend place, qui introduit une de vos capacités clés : la traque. Un trappeur, où un
Récupérateur comme l’appelle le jeu, va piéger un de vos renardeaux et le kidnapper (c’est d’ailleurs à ce moment que ma
famille m’a trouvée dans une piscine de mes propres larmes, en train de me réprimander sur mes mauvais instincts maternels). À intervalles réguliers, le jeu va vous remettre sur la piste de votre renardeau, pour essayer de vous faire comprendre ce qui s’est passé et essayer de le retrouver, mais ce n’est que bien plus tard (si vous suivez le même chemin de jeu que moi) que vous allez peut-être le retrouver. Peut-être…
Vous allez donc passer le plus clair de votre temps à trouver de quoi manger pour votre petite famille, en sachant que leur jauge de vie baissera chaque fois que vous revenez à votre tanière. Il s’agira de toujours trouver quelque chose, de baies et oiseaux, à des petites souris ou poissons, et quand les temps sont rudes et que vous avez déjà tout mangé dans une zone, il y a toujours les poubelles… bref, il faudra survivre, coûte que coûte, et même devoir éviter les humains qui ont la fâcheuse tendance à vouloir vous tuer, ou les belettes qui veulent vous faire la peau. Ces grosses grognasses. Autre petit plus du jeu : le monde autour de vous évolue, à vue d’œil et pas pour le mieux. Vous ne passerez pas à coté des forêts à coté de votre terrier qui se font abattre, où les rivières toujours plus polluées au fur et à mesure du temps.
Les points négatifs, même s’ils ne sont pas nombreux, sont inévitables. Le jeu oublie parfois qu’il est un jeu : à part quelques rencontres avec des humains (qui peuvent être évitées grâce à la carte), on répète tous les jours les mêmes actions, avec de temps en temps des pistes à suivre pour retrouver votre petit renard. Et parfois les instructions du jeu sont peu claires : ça m’a pris douze nuits in-game à comprendre que je pouvais POSER la nourriture pour que mes bébés la mangent, au lieu de la ramener à mon terrier et regarder, sans comprendre, pourquoi mes rejetons mourraient de faim. Et certains événements de jeu sont tout simplement des obstacles : en 3,5 heures de jeu, je n’ai pas compris comment passer devant les lampadaires des humains sans me faire tuer par un chien de garde. Justement, parlons-en… le jeu a une durée de vie limitée, ce qui est un peu dommage pour le prix du jeu à 29,99€.
Mais si vous faites abstractions de ces problèmes, vous découvrirez une experience narrative forte, avec une histoire véritablement touchante qui va fondre votre petit cœur et une morale grandement exécutée, le tout porté par une musique magnifique et un style graphique impressionnant, un véritable tour de force visuel. Bref, Endling c’est le jeu à avoir si vous avez besoin de ressentir quelque chose.