Publié le Lundi 1 août 2022 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test de As Dusk Falls (PC, Xbox Series)

La vie, en pire

Moins jeu vidéo que film interactif, As Dusk Falls est un jeu signé du studio Interiror/Night, édité par Xbox Game Studios et exclusif aux consoles Xbox et au PC.
L’histoire nous emmène en 1998, dans une petite ville paumée d’Arizona. Une famille au bord de la rupture, un père qui a perdu injustement son emploi, un déménagement à l’autre bout du pays… et une panne de voiture qui va transformer leur vie en cauchemar : Victimes collatérales d’un cambriolage, ils se retrouvent pris en otage dans un motel par les criminels, à peine sortis de l’adolescence. La petite famille va être confrontée au pire, avec ce père, sorte de anti-héros loser, qui va tout faire pour protéger les siens. Il ne pourra malheureusement pas compter sur le shérif local, plus pourri que les criminels…

L’histoire se déroule en deux parties, agrémentées de nombreux flashbacks, et vous allez suivre les protagonistes, jouer les uns et les autres, découvrir le point de vue de chacun… et finalement tenter de limiter les dégâts.

Le « jeu » vous propose finalement assez peu d’interactions : choix d’action ou de dialogues et QTE sommaires sont au rendez-vous. Seulement la réussite ou l’échec de ces QTE, les décisions prises, ont une vraie influence sur le déroulement du scénario. Si l’histoire vous emmènera quoi qu’il arrive là où elle veut aller, elle prendra des chemins détournés selon vos choix, sacrifiant çà ou là un personnage, ajoutant des difficultés ou les rendant plus simples à gérer…

A chaque fin de chapitre (trois par partie), vous aurez droit à un résumé, façon arbre chronologique, de vos choix. Vous pourrez ainsi voir ce que vous avez raté ou réussi et, pourquoi pas, rejouer à partir d’un instant précis pour prendre d’autres décisions.


En jouant, on pense tout de suite aux productions Quantic Dream, Detroit : Become Human en premier lieu, mais aussi les jeux précédents, comme Heavy Rain. On pense aussi à Dontnod et ses Life is Strange. Mais la comparaison est biaisée : dans As Dusk Falls, vous ne dirigez pas les personnages. Il s’agit d’images fixes, se substituant les unes aux autres pour donner l’impression de mouvement, entre livre et dessin animé… Les vrais acteurs employés pour l’histoire ont été redessinés en 2D, le tout intégré dans des environnements 3D… le style est singulier.  On serait donc plus sur du Telltale (The Walking Dead, par exemple), en plus joli… mais au final en moins immersif.
Si les dessins sont, d’ailleurs, particulièrement réussis, tant au niveau ambiance qu’au niveau détails, l’immersion est bien plus compliquée et on a vraiment du mal à s’attacher aux personnages et à rentrer dans l’histoire. Certains passages sont d’ailleurs vraiment gâchés par ce choix.
La faute également à des erreurs de scénario : quelques histoires annexes sont sans grand intérêt, certaines ficelles se voient à des kilomètres, certains choix sont frustrants car la logique aurait voulu que tel ou tel personnage agisse différemment…

Si les thèmes abordés, très adultes, comme l’adultère, le suicide, la maladie mentale, la dépression et j’en passe, sont relativement bien maîtrisés, ils ont tendance à être quand même plutôt survolés. Les « disclaimers » qui vous préviennent de l’importance et la lourdeur de ces thèmes étant sans doute exagérés quand on voit le résultat, tel qu’il est montré à l’écran. On aurait aimé plus de noirceur. Plus d’irrémédiabilité dans ce que la vie a de plus dur et violent.

Enfin, sachez que l’on peut jouer jusqu’à 8 joueurs, via une application dédiée, le jeu effectuant les choix selon les votes des joueurs. Quant à la durée de vie, elle est d'environ 6 heures.

Au final, As Dusk Falls est un jeu qui divise. Le scénario reste réussi, malgré quelques maladresses et choix forcés peu intéressants. On notera que la première partie du jeu est aussi bien plus captivante que la seconde. Mais le système de choix, l’influence sur le scénario et la possibilité d’y revenir facilement pour tenter d’autres approches est un plus.
On reste moins convaincu sur l’expérience de jeu, trop peu interactive, trop limitée. Pas convaincu non plus par le style graphique. Et même si la VF est excellente, dans l’ensemble, l’immersion est assez difficile. Les développeurs auraient pu aller plus loin, plus fort, plus dur, offrir aussi un peu plus de liberté de mouvement… Alors qu’un Detroit : Become Human se présentait comme un vrai jeu vidéo à choix multiple, on a ici plus l’impression d’être devant un livre dont vous êtes le héros, en images, au final assez dirigiste même si les moyens d’arriver à cette fin sont assez variés.