Grand spécialiste des jeux d’horreur narratifs, Supermassive Games s’est fait connaître avec l’excellent Until Dawn. Aujourd’hui, le studio britannique nous revient avec The Quarry, un jeu qui reprend la formule des slashers movies des années 90 pour en extraire le meilleur, avec de jeunes adultes un peu débiles, aux hormones en ébullition, un lieu coupé de toute civilisation et une situation qui dérape totalement jusqu’à virer au pur cauchemar. Le tout, saupoudré d’un peu de surnaturel. Tout un programme.

The Quarry s’ouvre sur un prologue qui va permettre d'esquisser l'intrigue future et qui donne également un avant goût au joueur de ce à quoi il va avoir droit pour la suite de l'aventure.

On y découvre Laura et Sam, deux futurs moniteurs du camp Hackett's Quarry, qui tente désespérément d'atteindre les lieux, avec une journée d'avance. Les deux amoureux sont totalement paumés et cerise sur le gâteau du pas de bol, en tentant d'esquiver quelque chose sur la route, ils vont finir plantés dans les bois avec leur bagnole en panne. Les premiers frissons arrivent jusqu’à la conclusion de ce prologue qui met franchement l'eau à la bouche.

Dès ce premier contact, le ton est donné avec une mise en scène tout simplement chiadée. Que ce soient les plans de caméra, le jeu des acteurs ou l’habillage musical tout simplement parfait, ça fait mouche et si on plisse un peu les yeux, on a tout simplement l’impression de visionner un film.

Ellipse de deux mois. L’été est cette fois terminée et les enfants viennent de quitter le camp d’Hackett’s Quarry. On retrouve les moniteurs qui se préparent à quitter le camp. L’un deux, Jacob, vient de se faire larguer par la belle Emma. Comme le monsieur veut tenter de passer une soirée de plus avec elle, il décide de saboter secrètement le véhicule qu'ils devaient utiliser pour rentrer. Une panne qui semble très fortement contrarier Chris Hackett, le responsable du camp de vacances, qui leur dit qu'il doit s'absenter pour régler la situation et qui leur demande de ne surtout pas sortir du chalet pour la soirée et de ne faire aucun bruit. Des recommandations qui, personnellement, m'auraient un peu inquiétées mais qui ne semblent pas perturber plus que ça nos moniteurs qui décident, pour marquer le coup, de faire une dernière fête entre eux. Les fous. 

On s'arrête là pour le scénario. Je vous laisse découvrir la chose puisque c'est quand même le coeur du titre. Je vous dirais juste qu'on boucle l'aventure en une dizaine d'heures et que le jeu offre suffisamment de possibilités pour qu'on ait envie de faire 3 ou 4 runs de plus, histoire d'obtenir les fins majeures. Globalement, on a droit à pas mal de tension, des choix cornéliens qui conduisent à de bonnes et de mauvaises surprises et surtout, on suit l'aventure avec plaisir.

Son découpage en chapitre permet d'y jouer telle une série. Ce qui fait que je l'ai fait sur une semaine avec ma femme, pourtant pas gameuse, mais qui a apprécié le voyage tout autant que moi. Un plaisir partagé.

Forcément, si on parle de jeu narratif, vous vous doutez bien que le genre induit quelques restrictions sur le gameplay et qu’on est d’avantage spectateur qu’acteur. Notez que ce n’est pas un reproche, c’est le style qui veut ça, mais je préfère insister là-dessus pour les néophytes du genre.

Pour autant, Supermassive Games propose plusieurs mécanismes pour rendre le joueur actif. On retrouve d'abord le système de choix, pour lequel, certains sont à réalisés dans un laps de temps défini. On a également droit à quelques QTE relativement simple à réaliser avec le stick gauche. Autre mécanisme existant, hérité de la Dark Pictures Antology, le système de blocage de respiration qui demande de relacher un bouton au bon moment pour ne pas se faire repérer lorsqu'on est caché. On a également droit à quelques phases où l'on contrôle les personnages, ce qui nous permet d'explorer les lieux et de récupérer divers collectibles, comme les cartes de tarot ou des indices venant étayer l'histoire de The Quarry.

Le truc nouveau, par rapport aux autres productions du studio, est qu'on a maintenant droit à des phases de tir. Et sachant que l'aventure se fait dans la pénombre, qu'on doit prendre en compte le recul de l'arme, qu'on a droit qu'à une seule chance et que plus vous attendez, plus c'est compliqué de toucher la cible, autant vous dire que les 3-4 moments où on vous propose ces phases de tir, vous aurez quelques sueurs froides à base de "mais putain, où est-ce que je dois tirer ?". Avec des conséquence parfois désastreuse pour vos moniteurs, si vous vous foirez.

Fort heureusement, en cas de mort, on a le droit à 3 vies. Une bonne idée qui évite de se sentir trop rapidement frustrée par un choix qui semblait anondin et qui s'est avéré funeste. Reste qu'une fois ces 3 vies consommées, les morts restent définitives.

Chaque chapitre est entrecoupé d’une rencontre avec une diseuse de bonne aventure. Cette femme mystérieuse vous proposera, contre l’échange de cartes de tarot, de vous montrer l'avenir. Bon, vous montrer est un bien grand mot, puisqu'il s'agit de visionner 4 secondes d'action dans une boule de cristal, ce qui n'est pas hyper compréhensible et c'est à vous d'en tirer les bonnes conclusions. Personnellement, si j'ai bien tenté d'utiliser cette fonction trois fois, je n'ai jamais été foutu d'en tirer une quelconque conclusion.

Graphiquement, le jeu oscille entre le sublime et le moyen. Oui parce que si la modélisation des protagonistes ou des décors est parfois criante de réalisme, avec des moments qui sont tout simplement des bonbons pour la rétine, on a quand même droit à quelques textures qui poppent très tardivement, ce qui vient un peu casser l'excellente ambiance que The Quarry tente de mettre en place. Ca n'empêche pas d'apprécier le jeu, mais on se dit que c'est dommage d'être capable du tutoyer l'excellence pour être aussi moyen 3 secondes d'après. Espérons qu'un patch vienne corriger ça. J'ai également parfois eu du mal avec certains regards assez bizarre et peu naturels. La fameuse Uncanny Valley, probablement. Mais globalement, le jeu des acteurs de ce casting XXL, réunissant des stars du cinéma, est vraiment impressionnant.

Mais quoi qu'il en soit, The Quarry réussit quand même à créer une ambiance qui happe le joueur et lui donne envie de connaitre la fin de l'aventure. Il réussit vraiment à créer un lien entre le joueur et les moniteurs qu'il incarne et sincérement, on est dégouté lorsqu'on en perd un. Et ça, c'est grâce au travail d'écriture qui fait mouche.

Chaque protagoniste est relativement bien développé, les dialogues sont réussis et on alterne entre les phases stressantes et celles plus calmes qui permettent de développer les divers personnages. Alors oui, on pourra dire que certaines personnalités sont des clichés, mais c'est très probablement voulu, parce que c'est aussi un des codes des slashers movies. Tous comme le détachement surréaliste dont font preuve les personnages qui n'hésitent pas à balancer une vanne cinq minutes après avoir frôlé une mort horrible.

Si The Quarry m'a vraiment plu, il n'est quand même pas exempt de défauts.

Outre certains incohérences scénaristiques que je n'évoquerai pas plus pour ne rien gâcher mais qui me titille quand même un peu ou une caméra que j'ai trouvé bien trop proche du personnage lors des phases d'exploration, le jeu manque de naturel dans ses transitions. Je m'explique.

Certains choix conduisent à deux scènes différentes mais on visualise trop facilement lorsque la scène qui suit est une scène qui permet de retomber sur nos pattes, quel que soit le choix réalisé précédemment. Concrètement, ça conduit à des situations où deux personnes peuvent s'engueuler à cause du choix que vous avez fait et dès qu'on arrive sur la scène suivante, c'est comme s'il ne s'était rien passé puisque c'est le résultat auquel vous seriez arrivé, quel que soit votre choix précédent.

Dans le même genre, on a certains dialogues qui évoquent des évènements liés à des choix qu'on n'a pas forcément réalisé. Sans rentrer dans les détails, à la fin du jeu, j'ai volontairement tiré sur un personnage pour l'abattre. La scène d'après, le personnage que je jouais dit que c'était un accident, alors que ça n'en était clairement pas un. J'ai volontairement visé le gars pour le tuer, alors qu'il était à terre. En rejouant la scène différement, il est effectivement possible d'arriver à une situation où l'on tue cette personne, cette fois, véritablement par accident. Et on retombe donc sur la même scène où le personnage dit qu'il ne l'a pas fait exprès.

Dernier grief, dans le même genre et toujours dans cette même scène, le gars que j'ai abattu au sol s'est retrouvé debout avec la tête arraché dans la scène suivante, alors que c'est le résultat d'un autre choix qui conduit à une mort différente pour ce personnage. Bref, je ne peux pas être plus précis, mais des fois, on a l'impression qu'ils se sont un peu emmêlés les pinceaux.

En soi, ce n'est pas hyper génant parce que c'est assez peu fréquent, mais c'est vraiment ce genre de chose qu'il faudrait corriger pour renforcer l'immersion, dans les prochaines productions.

Je regrette également le fait qu'il ne soit pas possible d'accélérer l'action lorsqu'on visualise une scène déjà vue. Ca aurait été un vrai plus pour ceux qui font une nouvelle run.
 

Même s'il n'est pas parfait, j'ai trouvé que The Quarry est un excellent jeu dans le genre. Doté d'une ambiance en béton, il récite parfaitement ses gammes de jeu d'horreur narratif, proposant une mise en scène rythmée et maîtrisée, avec un casting XXL et une bande-son digne des meilleurs films. Et même si certaines réactions totalement détachées paraissent surréalistes, qu'on note des incohérences scénaristiques ou des liaisons foireuses entre deux scènes, j'ai pris énormément de plaisir à le terminer. Et s'il est top à faire en solo, il est encore meilleur à faire à plusieurs, via le mode coopératif local. Un must have pour les fans du genre que je vous conseille chaudement.

Pour ceux qui veulent voir le titre en action, le test vidéo est juste ici. Garanti sans poils... euh spoils :
 

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