Publié le Mercredi 5 mai 2021 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Ashwalkers (PC)
La montée des cendres
Premier jeu signé Nameless XIII, un studio fondé par un ancien de Dontnod, Ashwalkers est un jeu narratif dans un monde post-apocalyptique recouvert de cendres.Dans cet univers où l’humanité ne semble plus avoir sa place, les survivants ont besoin de trouver un nouvel abri. Ils envoient alors un groupe de 4 personnes vers le « Dôme des Dômes », un lieu qui pourrait abriter la colonie et lui offrir une vie meilleure.
Mais le voyage n’est pas de tout repos : deux autres groupes ont déjà fait le voyage et ne donnent plus de nouvelles…
Le jeu offre des décors en noir et blanc, dans lesquels évoluent nos quatre personnages. L’ambiance est là : les paysages dépouillés, les cendres qui volètent… certains tableaux sont assez saisissants, voire anxiogènes. Soutenus par une musique triste et poignante, franchement très agréable à écouter, vous voyez votre petite troupe s’enfoncer dans un monde où tout semble mort ou à l’article de la mort.
Malheureusement, tous les tableaux ne sont pas au même niveau. La végétation pixellisée, les horizons taillés à la serpe, voire certains éléments non texturés, uniquement de gris ou noir, viennent ternir un peu cet ensemble et donnent un petit goût d’inachevé. C’est un parti pris artistique, certes, mais il ne fonctionne pas toujours et nuit finalement à l’ensemble. On aurait peut-être préféré des décors plus soignés, moins dépouillés, avec bien plus de détails et d’éléments. D’autant plus que l’animation des personnages, franchement basique, et le pathfinding très perfectible ajoutent à ce sentiment de « pas fini ».
Bref, on est déchiré entre le fait que l’ambiance est là, bien posée, mais qu’on aurait quand même pu avoir bien mieux, bien plus soigné.
Et c’est d’autant plus important que ces décors et cette ambiance sont primordiaux dans le jeu : Ashwalkers est avant tout une aventure narrative. Le gameplay est réduit à son minium : un clic pour faire avancer les personnages, un autre sur un objet pour récupérer des matières premières (d’ailleurs, l’affichage, lent et mal foutu de ces ressources, font que vous cliquez parfois deux fois au lieu d’une, pensant que ça n’a pas marché… ce deuxième clic annulant votre premier…).
Durant votre périple, vous menant de balise radio en balise radio, vous allez devoir gérer le froid, la faim, la santé, la fatigue et le moral de vos troupes. Le froid se combat en allumant des feux (il faut donc récupérer du bois). La santé en récupérant des soins. La faim en consommant de la nourriture, là encore à récupérer dans la nature ou sur le corps de vos ennemis. La fatigue en dormant et le moral, en les faisant discuter entre eux. Si ce dernier point permet d’en apprendre plus sur les personnages et l’univers, ce qui est essentiel pour se plonger un peu plus dans le jeu, force est de constater qu’il est totalement accessoire dans le gameplay : le moral baisse peu (sauf mort d’un personnage) et remonte facilement au gré de vos choix et rencontres.
Car le jeu est à base de choix : irez-vous sauver cet indigène attaqué par des vautours géants au risque d’être blessé ou le laisserez-vous à son triste sort pour sauvegarder la santé de vos personnages ? Irez-vous explorer ces ruines lugubres pour trouver des ressources, au risque de faire une mauvaise rencontre ? Allez-vous contourner ce camp d’indigènes ? L’attaquer ? Ou tenter de palabrer ?
Sans compter que lors de vos arrêts, à monter votre camp, vous devrez choisir quoi faire avec vos personnages : explorer pour trouver des ressources ? monter la garde ? dormir ? Sachant que plus vous restez en place, plus le risque d’une mauvaise rencontre augmente.
Le gameplay est donc réduit à ces choix et vous voyez au fil de la progression de votre troupe, les effets s’afficher à l’écran, via des lignes de dialogues ou de narration.
Le jeu a beau proposer plus d’une trentaine de fins différentes, et donc offrir une grosse rejouabilité… encore va-t-il falloir en avoir envie. Car il faut bien l’avouer, le manque de gameplay (on aurait pu explorer des décors plus vastes, la gestion des ressources est accessoires, puisqu’on en trouve à foison), la répétitivité des choix, la facilité du jeu (on meurt peu, voire pas du tout) mais surtout, le manque total d’empathie envers les personnages, font que l’on essaiera peut-être d’y rejouer une ou deux fois, mais pas plus. Et encore… Sachant que le jeu a une durée de vie de 2 heures…
Bref, au final, on reste quand même terriblement sur sa faim. Fan de l’univers. Fan du concept. Globalement séduisant. Avec de bonnes idées. Mais la réalisation globale, de mauvais choix techniques et un manque d’intérêt général lié à un gameplay sans profondeur, plombent cet Ashwalkers. Dommage.
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