Publié le Mercredi 10 juillet 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de The Sinking City (PC, PS4, Xbox One)
Du poulpe au petit dej
Nous sommes dans les années 1920, à Boston. Charles Winfield Reed, un ancien soldat de l’US Navy, reste marqué par ses souvenirs de la Grande Guerre. Il en résulte des visions d’horreurs qui hantent ses nuits et pourrissent son quotidien. Aujourd’hui détective privé, il est invité à se rendre dans la petite ville d’Oakmont. Engagé par le chef d’une famille puissante de la ville, il doit enquêter sur ces inondations aussi soudaines que surnaturelles qui ont ravagé la cité. Et découvrir pourquoi les habitants ont désormais des visions horribles. Aussi horribles que les siennes…Développé par Frogwares, le studio ukrainien à qui l’on doit les jeux Sherlock Holmes de ces 15 dernières années, The Sinking City s’inspire des œuvres dérangées de H.P. Lovecraft. Une inspiration claire, assumée, malgré l’absence de licence officielle. Ce qui n’enlève rien à l’atmosphère pesante et angoissante dans laquelle vous allez évoluer tout au long du jeu, atmosphère qui rend parfaitement hommage à l’auteur, en en reprenant les codes.
Entre meurtres sauvages et apparitions, vous allez donc devoir parcourir Oakmont de long en large pour essayer de découvrir ce qui a bien pu provoquer cette étrange montée des eaux et, surtout, tenter d’y mettre fin.
Le jeu vous laisse relativement libre dans votre progression. Relativement parce que les éléments s’enchaînent malgré tout de manière plutôt logique et ordonnée. En théorie, vous devriez donc aller d’un point à un autre, en suivant les indices. Et ce même si la carte vous est ouverte. Accessible et facile (avec un challenge plus relevé mais encore très accessible si vous augmentez la difficulté, ce qui a pour but de réduire le nombre d’aides), le jeu vous entraîne donc d’un lieu à un autre, à enquêter, observer, fouiller… Une carte de la ville vous aide à vous déplacer.
A chaque nouvelle scène, des indices s’inscrivent sur votre carnet. Claires, simples, ces notes vous entraînent ensuite vers un nouveau lieu à découvrir, à fouiller, à étudier…
En fait, ce Sinking City n’est pas sans rappeler les jeux Sherlock Holmes, à la recherche d’indices, de recoupements, et ce sans jamais vous perdre. Chaque élément découvert s’inscrit directement sur votre carnet. En passant les lieux au crible, vous arriverez même à « reconstituer » virtuellement la scène de crime, un peu à la manière d’un Murdered Soul Suspect. Fouiller, chercher, scruter, sont les fils directeurs de ce jeu qui vous plonge dans une histoire plutôt bien menée et surtout, bien écrite. Un vrai effort a été fait à ce niveau, même si les traductions et doublages français sont parfois un brin chaotiques.
L’ambiance est là, le jeu est globalement séduisant, l’histoire est intéressante et suffisamment accessible pour ne pas se retrouver bêtement coincé et abandonner le jeu, bref, tout est fait pour aller au bout de l’aventure…
Seulement The Sinking City est quand même plombé par quelques aspects techniques problématiques. Globalement, déjà, le jeu souffre d’une réalisation datée. Visuellement, on aurait aimé plus de soin dans les décors, dans les personnages, dans tous les petits détails qui composent l’univers.
Ensuite, les phases d’action, notamment de combat, sont rapidement lourdingues et pesantes : une rigidité doublée d’une précision mal calibrée font qu’ils manquent de fun et d’intérêt. Jamais très compliqués, jamais effrayants, même si le nombre de balles est réduit et qu’il faudra éviter de vider tout son chargeur, ces combats ne semblent là que pour augmenter la durée de vie et maladroitement diversifier le gameplay.
La gestion de la jauge de santé mentale est d’ailleurs dommageable. Elle se vide peu à peu et peut vous amener à être sujet à des hallucinations : un coup de seringue pour vous soigner et c’est reparti comme en 40. Enfin, comme en 14, plutôt, puisque nous sommes dans les années 20, je vous le rappelle. Et ces seringues, que vous pouvez fabriquer, ne sont donc ni rares ni à utiliser avec parcimonie. Vous devriez donc ne jamais succomber à la folie, ce qui franchement enlève un petit quelque chose au jeu.
Bref. Construit sur de bonnes bases, intéressant et accessible, The Sinking City pâtit toutefois de son manque d’envergure, de son manque de détails global et, finalement, d’une réalisation technique en retrait pour tout à fait convaincre. Même s’il n’est pas désagréable, il se jouera avec plaisir avant d’aller rejoindre un tiroir et d’être oublié pendant plusieurs années, sans laisser un souvenir impérissable.
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The Sinking City (PC, PS4, Xbox One)
Plateformes : PC - Xbox One - PS4
Editeur : Bigben Interactive
Développeur : Frogwares
PEGI : 18+
Prix : 60 €
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