Publié le Jeudi 25 avril 2019 à 14:01:00 par Cedric Gasperini
Test de Days Gone (PS4)
Wonky Rider
Uncharted, The Last of Us, God of War, Detroit, Spider-Man… il y a vraiment du beau monde question exclusivités chez Sony pour leur PlayStation 4. De quoi largement saliver à chaque nouvelle annonce, chaque nouveau jeu… Autant dire qu’on attendait donc énormément de ce Days Gone, dont les premières vidéos nous avaient mis l’eau à la bouche.L’univers, tout d’abord : Sur sa moto, style Harley, le rider traverse le pays à dézinguer du zombie par milliers. La technique, ensuite : des hordes de morts-vivants qui vous chassent par centaines dans des forêts et montagnes américaines.
Bref, on avait hâte de poser les mains sur ce petit bijou en devenir et se lancer dans la grande épopée de survie en milieu hostile, en chantant à tue-tête « Born to be Wild » pour nous mettre dans l’ambiance.
C’est foiré sur toute la ligne. Days Gone est au mieux un jeu raté, au pire un jeu vraiment chiant. Vous voilà prévenus.
Vous incarnez Deacon St John. Qu’on surnommera « Deac » pendant tout le jeu. Ou « Dick », si vous préférez, parce que ça lui va quand même mieux vu qu’il a quand même le charisme d’une huître. Durant la chute de la société et l’invasion zombie, sa nana, blessée, a été emmenée par l’armée dans un camp de réfugiés. Deac aurait pu partir avec elle mais a préféré rester avec son pote Boozer pour l’aider à survivre.
Deux ans plus tard. Deac et Boozer sillonnent les USA à moto. Ils louent leurs services à des camps de réfugiés et les aident à survivre. Evènements à la con obligent, Deac va perdre sa moto et Boozer être salement amoché. L’occasion de rester un peu à un endroit précis, le temps de se refaire une santé et partir « au nord », on the road again, voir si l’air y est moins malsain.
Dehors, les mutants et les bandits rodent. Sans oublier une étrange secte de demeurés balafrés persuadés que les zombies sont sacrés et qui préfèreraient vous brûler au chalumeau plutôt que de vous laisser les décimer.
Vous allez buter tout ce beau monde, sans remord ni regret. Vous allez nettoyer des nids de mutants (là où certains dorment durant la journée). Vous allez nettoyer des zones. Et surtout filer des coups de mains aux camps de réfugiés pour gagner leur confiance. Cela vous permettra d’acheter des armes plus puissantes, mais aussi de l’équipement pour vous et la moto pourrie qu’on vous a refilé en remplacement de la vôtre. Arme primaire, arme secondaire, arme de poings, armes de lancer (grenades et Molotov), arme de mêlée (hache, bâton, batte de baseball…). Il y a un panel assez intéressant sur lequel mettre la main. Dommage, cependant, que les armes de mêlée se brisent si facilement et qu’il faille les réparer tous les 5 ou 6 coups.
Heureusement, vous trouverez une bonne quantité (même si cela dépendra du niveau de difficulté choisi) de matériaux et munitions, tout le monde semblant avoir abandonné des milliers de balles ou bidons d’essence avant de fuir, spécifiquement dans le coffre des voitures ou tout bêtement à la vue du premier venu.
Si l’on exclut un scénario franchement classique, voire assez peu intéressant, avec des rebondissements gros comme des maisons, force est de constater que niveau ambiance, le jeu se tient. On se demande encore pourquoi il y a tant de zombies dans les bois et s’ils se nourrissent de champignons, mais ça fait le job quand même.
En effet, graphiquement parlant, le jeu est plutôt réussi. Si l’on excepte certains gros bugs (animaux qui glissent sur le sol, mutants bloqués dans le mur ou qui chutent du ciel…) heureusement rares, on est devant des décors réalistes, variés (entre routes, bâtiments, montagnes, forêts…) et détaillés. Bon. Certains rochers ont des airs de « déjà-vu » ou plutôt « utilisés un peu trop fréquemment », mais ça passe. On est dans l’ambiance. On frémit à se retourner partout dès qu’on entend un gémissement un peu trop proche à notre goût. Et comme le jeu gère le cycle jour/nuit, on a parfois du mal à les repérer alors qu’ils sont à vingt mètres de là…
Les morts-vivants, justement, sont un brin moins convaincants au niveau graphisme. Au début du jeu, vous n’en rencontrerez que 3 ou 4 modèles différents. Et se retrouver avec une horde de 50 mutants, soit 10 fois chaque modèle, dont certains réussissent même l’exploit de faire tous les mêmes mouvements en même temps, ça vous pète sérieusement l’immersion.
Bref. On va récupérer des objets, on va flinguer des bandits dont la tête est mise à prix par les camps de réfugiés, on va dézinguer des nids de zombies, on va nettoyer des camps de bandits… les missions ne sont pas forcément ultra variées, mais ça peut quand même passer.
Sauf que la gestion de la moto est totalement ridicule. Une moto qui tombe en panne d’essence tous les 2km (véridique). Une moto peu maniable, qui fait du bruit, attire des zombies, vous fait rater des trucs (sinon on passe son temps à en descendre et y remonter pour visiter des ruines)… Honnêtement, elle n’a strictement aucun intérêt. On peut la faire évoluer, certes, et augmenter sa résistance, le contenu de son réservoir, voire sa cosmétique… mais bon… 2 km d’autonomie… c’est complètement con. D’autant plus qu’une fois en panne ou sur le point de l’être, on trouve bizarrement des bidons d’essence un peu partout autour de nous, même dans des endroits complètement saugrenus.
Finalement, on préfère largement aller à pieds. Au moins, on prend son temps. Certes. Parfois, des missions (annexes) vous obligent à retourner la chercher (et vous savez donc qu’il y aura une poursuite en deux roues) quand les missions principales, elles, vous les téléportent immédiatement à proximité (yahou !).
Mais on n’est pas à une incohérence près, cela dit : les bâtiments fermés alors qu’il suffirait de grimper sur une petite caisse pour passer par la fenêtre. Les portes entrouvertes mais inaccessibles parce qu’il y a… une caisse devant. Ou même la moto que vous avez piquée à des bandits et qui disparait tout simplement après l’avoir planquée dans des fourrés relativement inaccessibles, le temps de nettoyer un camp d’ennemis. Bon ben on va terminer à pieds, hein ?
D’ailleurs, pendant qu’on parle de moto, parlons de la gestion calamiteuse des sauvegardes. Elles se font près d’un lit ou de votre moto uniquement. Sinon, vous… recommencez depuis le début du chapitre. Même pas du dernier checkpoint, hein (par contre quand on meurt, c’est depuis le checkpoint, heureusement). Mais si vous éteignez votre console et rechargez votre dernière sauvegarde, ce sera depuis le lit ou la moto ou carrément depuis le début de la mission si vous n’avez pas sauvegardé. Finalement, la fonction « sauvegarder » dans le menu options ne sert à rien. Cela vous obligera donc, si comme moi vous optez pour la marche à pieds, à revenir à un camp pour stopper votre partie sans « trop en perdre ». Et ça veut dire parfois 10 min de trajet pour y parvenir. Oui parce que votre glandu n’arrive pas à sprinter plus de 100 mètres.
Et on rajoutera une couche sur les temps de chargement. 20 à 30 secondes pour afficher… Deux logos. 1 minute pour… afficher le menu… puis encore 1 minute 30 minimum pour lancer le jeu…
Bref. La sous-couche technique du jeu est franchement à la ramasse.
Au niveau du gameplay, ce n’est pas forcément non plus la joie. Entre l’IA des zombies très limite, puisque certains ne vous voient pas alors que vous passez à cinq mètres d’eux tandis que d’autres vous remarquent alors que vous êtes planqués à trente mètres dans les herbes hautes, des bandits cons comme des chèvres, qui ne réagissent pas devant le corps mort de leur acolyte à moins de marcher dessus (en plein jour, bien entendu)… Sans compter que la maniabilité est très perfectible. Et c’est quoi cette putain d’idée de vouloir systématiquement mettre dans la main du héros une arme à feu, de manière automatique, alors qu’on vient de sélectionner une arme au corps à corps pour faire moins de bruit ? Résultat, on se met à tirer comme un con au lieu de frapper son adversaire, alertant tous les ennemis à deux cents mètres à la ronde…
A côté de ça, vous récupérerez de l’expérience et pourrez améliorer votre santé, votre jauge de sprint, votre concentration (pour un tir plus précis), les dégâts avec les armes au corps à corps… j’avoue que là aussi, certaines améliorations m’ont laissé perplexe et que, globalement, il n’y avait rien de bien saisissant qui puisse modifier réellement ou améliorer le gameplay… donc l’intérêt est assez limité.
Bref. Jusque-là, je vous ai dépeint un tableau assez catastrophique du jeu. J’avoue. Faut-il pour autant le brûler ?
En fait, pas forcément. Aussi étonnant que cela puisse paraître.
Déjà parce que si la conduite de la moto n’est pas top elle n’est pas catastrophique non plus. Si la gestion de cette moto avec ses pannes d’essence ridicules est calamiteuse, et bien on fait avec quand même. Si l’IA est merdique, ça n’empêche pas de jouer. Si le personnage manque de charisme, ça n’impacte pas tellement le jeu non plus. Tout comme le scénario banal. En fait, malgré tous ses innombrables défauts, bizarrement, ça passe quand même.
En raison d’un monde assez vaste, au final. Un monde où il se passe toujours un truc. Où l’on délaisse souvent le scénario pour aller se promener, défoncer des zombies en les prenant par surprise, voire même s’amuser à flinguer carrément toute une horde, soit entre cinquante et cent zombies à grands renforts de cocktails Molotov, grenades et autres bombes artisanales. Essayez, vous verrez, c’est un sacré challenge.
On modèrera donc notre avis et, par conséquent, notre note. Notamment grâce à la durée de vie, au contenu assez important ou à l’ambiance réussie. Et puis parce qu’on est dans un bon jour, tiens. Il fait beau, le soleil brille et soyons gentils.
Malgré tout, Days Gone reste un jeu globalement raté aux vues de ses ambitions importantes. Un beau gâchis qui, entre les mains d’un autre développeur plus talentueux, aurait peut-être réussi à donner quelque chose de chouette. Ce n’est malheureusement pas le cas ici. Et donc, malgré une note pas si catastrophique que ça, on ne vous le conseillera pas.
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