Publié le Mercredi 28 mars 2018 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Far Cry 5 (PC, Xbox One, PS4)
Un sentiment de déjà-vu...
Bienvenue au Montana. Far Cry 5 commence comme une claque, avec une intro coup de poing, dans la lignée de ce que les précédents ont pu nous montrer : A l’aide d’un antagoniste fort et charismatique, les développeurs instaurent un climat de peur, de mal-être, une situation d’urgence et de désespoir qui de suite vous met au diapason : il va falloir prendre les armes. Ça va être dur, violent et sans concession.Il s’agit d’ailleurs peut-être de la meilleure intro de la série, soit dit en passant. Joseph Seed est le gourou d’une secte religieuse persuadée que la fin du monde est pour bientôt et que, tant qu’à faire, autant y participer en envoyer ad-patres tout ce qui se dresse devant eux et refuse de rejoindre leurs rangs. C’est ainsi que ces fanatiques surarmés composés de rednecks aussi drôle qu’une coloscopie sans anesthésie décident de faire main-basse sur tout le Montana. Et pour débuter, c’est dans le Comté d’Hope County qu’ils décident d’imposer leur loi.
Le gouvernement envoie alors un sheriff arrêter l’énergumène perturbateur. Et vous êtes ce sheriff. Sauf que vous allez débarquer en plein panier de crabes et de chasseur, vous allez devenir proie. Va falloir faire parler la poudre.
Pas la peine de se mettre la rate au court-boui… euh… entre deux petits pains avec des pickles. Ubisoft a une méthode qui marche, autant la coller à toutes les sauces. Résultat, sur le fond, Far Cry 5 n’innove en rien : on se retrouve avec une zone ouverte à parcourir, des tas d’endroits à visiter, des tas de missions à remplir, des tas de gens à tuer, des tas de trucs à détruire… bref, c’est toujours le même système en monde ouvert. Cela dit, ce manque d’innovation flagrant est compensé par une maîtrise savante du genre.
Trois régions sont à libérer de l’influence de cette secte, régions dirigées par les bras droits (on peut avoir 3 bras droits, ce n’est pas Durga, la femme de Shiva, qui dira le contraire). A ce niveau-là, si l’intro et, globalement, tout ce qui concerne l’antagoniste principal, Joseph Seed, fait preuve d’un traitement efficace et impeccable, on n’en dira pas autant du reste du jeu qui empile les clichés comme un môme empile les Duplo : avec une application teintée de ridicule. C’est d’autant plus dommage qu’on avait l’impression de voir Ubisoft revenir aux meilleures heures de son histoire, quand ils prenaient encore soin de leurs scenarii… C’est raté, même si la fin du jeu mettra tout le monde d’accord en termes de qualité et maestria.
Quoi qu’il en soit, vous allez donc voyager à votre gré. Vous êtes ici totalement libre, aucune zone n’étant à débloquer. Vous pourrez farfouiller à votre guise et passer d’une zone à l’autre sans obligation d’une finir une avant d’en commencer une autre.
Le but va toutefois être de raviver le sentiment de patriotisme et donc de rébellion chez les habitants, face à l’oppresseur. En sabotant les installations ennemies ou en libérant les prisonniers, par exemple.
Et ce sont les défis, uniquement, qui vont vous permettre de progresser sérieusement dans l’aventure. Ce sont les seuls à vous proposer des points de talents, capables de faire progresser votre personnage selon 5 branches de compétences. A vous de les répartir judicieusement (il y a une cinquantaine de talents à débloquer) pour obtenir des bonus de discrétion, de puissance, de gestion d’équipement ou de leadership, par exemple. Nager mieux, débloquer grappin ou parachute, augmentation de la taille du sac, capacité d’ouvrir les serrures, plus de munitions pour les armes, possibilité de porter une arme supplémentaire, boosts de vie… vous allez avoir le choix pour améliorer votre héros.
Classique, donc, mais un peu lourdingue et contraignant : l’expérience ne se gagne plus au fil de vos actions, mais uniquement en remplissant ces défis spéciaux. C’est clairement une mauvaise idée de la part d’Ubisoft et force le joueur à les effectuer, limitant finalement l’impression de liberté.
Tout le reste n’est que gadget : piloter un avion, faire des cascades, pêcher, faire un vol en wingsuit… c’est fun, très varié, il y a des milliers de choses à faire, mais au final, ça ne fait pas forcément progresser l’histoire et le jeu. Et surtout, à moins d’être un gros malade du jeu fini à 100%, ça n’apporte que des récompenses honorifiques sans intérêt. Mais ne crachons pas dans le burger. Far Cry 5 est un jeu extrêmement riche et complet. Et même si la gestion de cette richesse est à revoir, ça reste quand même souvent jouissif.
On n’en dira pas autant de l’IA et des évènements. A trop vouloir en mettre, Ubisoft en fait trop d’un côté et trop peu de l’autre. Toutes les 20 secondes, un évènement vous est proposé (voire imposé). Attaque d’animal sauvage, attaque d’ennemis… vous ne pouvez pas vous promener peinard pour admirer le paysage sans qu’on vous saute dessus. A la longue, c’est franchement pénible. Idem pour les habitants, qui ont tous des tas de problèmes que vous seul pouvez résoudre. Grâce à une IA consternante une fois de plus (et les ennemis sont à mettre dans le tas tant leurs réactions sont souvent ridicules), ils ont même tendance à se jeter devant votre voiture et se faire écraser comme des cons. Il y en a vraiment trop. Et même si plus vous progressez dans le jeu, moins c’est le cas, une bonne moitié de jeu va être franchement pénible à ce niveau. Sans oublier les bugs, innombrables.
Bref, Far Cry 5, décevant ?
Non. Pour finir, soyons honnêtes : oui, Ubisoft retombe dans ses travers. Bugs, évènements mal gérés, histoire mollassonne (sauf l’intro et la conclusion magistrales) et un sentiment de déjà-vu omniprésent.
Seulement c’est bien maîtrisé dans l’ensemble. Le Montana est magnifique. Les paysages sublimes. L’ambiance au top. Et la variété des missions, des évènements, des loisirs, des choses à faire, des possibilités d’action et de déplacement est telle que Far Cry 5 fait mouche encore une fois.
Autrement dit, ça passe encore largement pour cet épisode. Mais le prochain risque de se prendre le mur si Ubisoft continue dans cette voie sans renouveler en profondeur ses mécaniques de jeu.
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