Publié le Mercredi 22 février 2017 à 14:00:00 par Sylvain Morgant

 

Fences, la critique du film

Sublime

Pittsburgh, dans les années 50.

Troy Maxson est un ancien joueur de baseball de la Negro League. Devenu éboueur, il vit avec son épouse Rose et son fils Cory dans leur maison du quartier noir de la ville.

Sa vie se partage entre son boulot, les visites de son premier fils Lyons qui rêve de musique, les discutions avec son ami Jim Bono ainsi que les visites impromptues de son frère Gabriel, vétéran de la guerre grièvement blessé à la tête.

Derrière ses abords sympathiques, Troy cache en fait une personnalité bien plus antipathique. Rongé par ses rêves déchus, n’ayant jamais pu devenir un grand joueur, il va tout faire pour briser ceux de sa famille.

Réalisé par Denzel Washington, qui s'offre par la même occasion le premier rôle, Fences est l'adaptation de la pièce de théâtre éponyme d'August Wilson. La pièce en elle-même avait remporté de nombreuses récompenses, entre autres Prix Pulitzer et Tony Award pour Denzel Washington, qui a interprété la pièce en 2010.

L'histoire étant centré sur Troy et son entourage, le casting est assez restreint. Viola Davis est sa femme Rose Lee, Jovan Adepo son fils Cory. Stephen Henderson joue Jim Bono, son ami et collègue. Russell Hornsby est lui son premier fils Lyons. Saniyya Sidney est la petite dernière Raynell. Enfin Mykelti Williamson interprète Gabriel, le frère handicapé.

A noter que, tout comme Denzel Washington, Davis, Williamson, Hornsby et Henderson ont eux aussi joué dans la pièce de théâtre en 2010.

Alors, Fences est-il le succès, le film à Oscar que tout le monde attend ?


Clairement oui.

Le casting est impeccable, Washington et Davis en premier lieu. Lui, d'abord sympathique puis, rongé par sa colère, envahissant l'espace, ne laissant que peu de place aux autres, brutal dans ses paroles avec ses proches, antipathique car si prompt à donner des leçons. Elle, pour être le véritable cœur et ciment de cette famille, pour être celle qui protège véritablement ses enfants de la "cruauté" de Troy.

Le film repose sur une quasi unité de lieu, toute l'histoire se passant dans la maison et sa cour, où les personnages fabriquent une clôture (Fences dans la langue de Donal Trump). Clôture autant réelle que symbolique, pour se protéger de la mort, des voisins, des "autres". Une façon théâtrale de spatialiser l'histoire dans ce huis-clos.

Les dialogues, ou plutôt monologues par moment, tellement Troy ne laisse d'espace à personne, sont superbement bien écrits et poétiques. Certains moments sont véritablement étouffants. On ressent via ces instants l'origine théâtrale du métrage et cela passe très bien.

Finalement, le seul point négatif est le personnage de Troy lui-même. Car dès que le vernis est craqué, que l'on connait la vraie nature de cet homme, il devient insupportablement antipathique.

Bref, Frences est un grand beau film.