Publié le Mardi 24 janvier 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Yakuza 0 (PS3, PS4)

Sonatine...

En 10 ans, la saga des Yakuza a réussi à s’imposer comme une référence en termes de jeux d’action. Du moins au Japon, où elle a atteint le statut de « série culte ». En occident, et notamment en Europe, c’est un peu plus compliqué. Si elle garde sa cohorte de fans dont la moindre évocation du mot « Yakuza » les met dans tous leurs états, j’avoue que d’un point de vue strictement personnel, « Yakuza », moi, ça m’évoque plutôt les œuvres de Takeshi Kitano…

Quoi qu’il en soit, soyons honnête dès l’introduction : non, je ne suis pas fan de la série. Les précédents opus m’ont laissé de marbre. Non, je ne suis pas non plus fan, en général, de la culture japonaise. Ou plutôt, disons que je n’y suis pas plus sensible que ça, n’ayant toutefois aucune aversion particulière et n’hésitant pas parfois à me plonger dans des romans, des films ou des jeux traitant de la vie au Pays du Soleil Levant. Bref, tout ça pour dire que c’est sans frénésie, mais sans apriori non plus que j’ai entamé ce Yakuza 0.

Yakuza 0 nous plonge dans les années 1980, à l’heure où le Japon connait une hausse de la criminalité et où les différents clans Yakuzas, tout puissants, se livrent une guerre sans merci. Vous allez découvrir les origines de la série. Ce que les personnages ont vécu « avant ». Et quand on dit « les » personnages, le jeu s’attarde principalement sur deux d’entre eux : Kazuma Kiryu et Majima Goro. Le héros principal de la saga et l’une des figures importantes des Yakuza, donc.


Vous allez donc diriger les deux héros dans les ruelles de Tokyo et Osaka. Une reconstitution assez intéressante (mais sans doute un brin fantasmée) du Japon des années 80 avec ses restaurants, ses boutiques, ses innombrables néons qui illuminent la nuit, ses poubelles entassées dans les coins, ses distributeurs en pleine rue, bars à hôtesses, salles d’arcade, karaoké… Vous pourrez flâner, découvrir, explorer, et même parfois jouer à certaines "attractions".
Chacun va imposer son style bien à lui, dans le but de gravir les échelons, et prendre le contrôle de différents établissements. Placements immobiliers ou direction de boîte de nuit en premier plan. Ce qui implique un vrai travail de gestion, qui reste heureusement très raisonnable et non rébarbatif.

De quartier en quartier, vous allez donc déloger les adversaires à grands coups de bourres-pifs. Yakuza 0 propose un bon panel de coups, vous offrant quelques combos puissants, suivant 4 styles de combats différents par protagoniste. A vous d’alterner et de choisir les bons enchaînements pour mettre K.O. chacun des malfrats que vous croiserez sur votre route. On vous rassure, côté challenge, le jeu est tout de même un peu mou. Si les combats sont, eux, dynamiques et bien gérés, il n’y a guère que les boss qui vous donneront un peu de fil à retordre. La piétaille, elle, sera impitoyablement écartée. Et au fil du jeu, vous pourrez bien évidemment débloquer de nouveaux coups et enrichir votre panoplie.


L’une des forces du jeu est son traitement très cinématographique. Doté d’un vrai scénario typiquement japonais, Yakuza 0 s’inspire des films classiques du genre, au rang desquels on trouvera les œuvres de Takeshi Kitano, bien entendu, mais aussi Kinji Fukasaku ou encore Takashi Miike ou, dans une moindre mesure, Akira Kurosawa. Il suffit de visionner les « Guerre des gangs à Okinawa », « Le Cimetière de la morale », « Sonatine », « Yakuza L’ordre du dragon » et autres classiques du genre pour retrouver cette ambiance très particulière où se mêlent meurtres, morales, amitiés et trahisons, ou autant de fantasmes sur les codes d’honneur des Yakuza et leurs vies au sein des gangs.
C’est aussi, quelque part, une certaine faiblesse également : les dialogues interminables peuvent, à la longue, vous sortir totalement de la trame et plomber l’implication du joueur dans le déroulement du scénario. Excessivement verbeux, Yakuza 0 aurait largement gagné à aller parfois bien plus au but. D’autre part, ce traitement souffre également d’un classique problème du genre : des personnages parfois très caricaturaux, voire très limités, qui servent trop artificiellement l’histoire. Sans oublier l’humour nippon si particulier qui vient souvent ponctuer les actions ou les échanges entre protagonistes. On aime ou non.

Reste le graphisme. Si l’ambiance, comme nous l’avons déjà vu, est excellente et que les développeurs ont véritablement réussi à vous plonger dans le Japon d’il y a 35 ans, le graphisme, lui, est quand même un brin à la peine. La faute à un moteur (très) vieillissant qui n’arrive plus vraiment à faire le job. Même sans être préjudiciable au jeu ou au plaisir que l’on pourra y prendre, il faut bien avouer qu’on aurait peut-être aimé un brin plus d’évolution à ce niveau. Le moteur date de la PS3 et on le ressent nettement, notamment au niveau des personnages.

Pour conclure, Yakuza 0 devrait clairement ravir les fans de la série. Si les quêtes annexes sont très dispensables, si le scénario est un peu trop dilué, il n’empêche que la centaine d’heures que vous passerez à déambuler dans les rues de Tokyo et Osaka, à découvrir l’histoire de deux personnages phares de la série, histoire fort bien maîtrisée soit dit en passant, tout cela achèvera de vous convaincre que le jeu est une digne préquelle et mérite clairement le coup d’œil. Les autres, eux, pourront toujours y jeter un œil : c’est sans doute le meilleur épisode pour découvrir la série et, qui sait, décider de la suivre par la suite.
Par contre, ceux que le Japon laisse relativement indifférents risque de ne pas accrocher à un jeu somme toute assez caricatural, au gameplay et aux mécaniques clairement éculés.