Publié le Mardi 8 novembre 2016 à 12:00:00 par Sylvain Morgant

 

Tu ne tueras point, la critique du film

Une baffe dans la gueule

Desmond Doss est un adventiste du septième jour. Il refuse de porter une arme et de tuer au combat.

Alors, quand il s'engage volontairement dans l'armée en 1942, les brimades, les coups et les punitions de ses camarades et de sa hiérarchie ne font que commencer. Sa foi et ces convictions sont mises à l'épreuve durant son entrainement.

Inflexible, il passera même en cours martiale pour, finalement, devenir infirmier et être affecté sur le front du Pacifique. Il participera aux batailles de Guam, Leyte et Okinawa.

Au milieu des horreurs de la guerre, sans utiliser une seul fois une arme, il portera assistance et secours à ses camarades blessés…

Tu ne tueras point est un film réalisé par Mel Gibson avec dans le rôle principal Andrew Garfield et dans les rôles secondaires Vince Vaughn, Sam Worthington, Teresa Palmer, Hugo Weaving, Luke Bracey, Luke Pegler et Richard Roxburgh. Il raconte l’histoire, vraie, du premier objecteur de conscience décoré de la Medal of Honor et qui a également reçu la Bronze Star deux fois et la Purple Heart trois fois.


Que l'on aime ou pas l'homme, il faut quand même reconnaitre que Mel Gibson a un talent certain pour la réalisation. Prenant son temps pour filmer l'action, là ou d'autres secouent la caméra dans tous les sens ou filment en accéléré, il sait poser son sujet, laisser le soin au spectateur de découvrir les personnages, et alterner les plans larges ou serrés pour susciter l’émotion.

On suit donc l'histoire de Desmond Doss, un véritable héros atypique de la Seconde Guerre Mondiale. Le film est coupé en plusieurs parties, entre la jeunesse de Desmond, ses amourettes avec la jolie Dorothy, puis l'entrainement et bien entendu, la guerre. Si la première partie du film sert essentiellement à présenter Doss, entre son père vétéran traumatisé, alcoolique, violent, et sa touchante personnalité, mélange de candeur, de naïveté et de foi, la seconde partie, sur l'entrainement et la guerre est sans concession sur ces horreurs.

Mel Gibson n'hésite pas à montrer la violence des combats à un niveau peu vu depuis Il faut sauver le Soldat Ryan, à montrer la guerre dans toute son absurdité, et aussi à décrire comment les illusions de chacun disparaissent à peine arrivés sur le champ de bataille.


Mais il montre surtout les faits héroïques de Doss, qui ramènera, un à un, ses camarades blessés durant les combats, au mépris du danger et malgré ses propres blessures. Toujours sans combattre, sans arme, avec sa seule foi. Car c'est cela qui est exceptionnel dans cette histoire vraie : voir cet homme, encore et toujours transporter ses camarades, puis lancer comme prière "Aide moi à un ramener un de plus, encore un de plus" et y retourner, encore et toujours. Devenant finalement un exemple pour les autres soldats.

Le film a quelques défauts mineurs, sans conséquence sur le résultat final. Quelques rares scènes avec fond vert sont visibles et Gibson a condensé les différentes batailles auquel a pris part Doss en un seul lieu et un seul moment pour plus d’impact. Il a aussi un peu tendance à diviniser son héros…

Mais au final, Tu ne tueras point est un excellent film, qui nous présente un héros, un vrai. Et on se dit que si le monde avec plus de type comme lui, il partirait moins en sucette. Une vraie baffe dans la gueule, intense et parfois choc, à vous en retourner les tripes… en voyant celles étalées sur le champ de bataille. Fort en émotion, Tu ne tueras point est assurément l’un des films de l’année.