Publié le Mercredi 15 avril 2015 à 12:00:00 par Sylvain Morgant

 

Daredevil, la critique de la nouvelle série TV signée Netflix

La justice est peut-être aveugle, mais pas nous

Matt Murdock est un jeune avocat new yorkais. Sa particularité est d'avoir eu un accident à l'âge de 9 ans qui l'a rendu aveugle. Avec son ami et associé Foggy Nelson, ils viennent d'ouvrir un petit bureau dans le quartier de Hell's Kitchen. Celui-ci a été gravement touché par le combat entre les Avengers et les Chitauris. Depuis, le quartier et ses habitants sont à la merci des malfrats, truands et politiciens corrompus (pléonasme).

Si les deux amis veulent aider les habitants contre les puissants, parfois la loi ne suffit plus.

Ainsi, à la nuit tombée, Matt devient celui que l'on nomme l'homme masqué. Car, bien qu'aveugle, Matt a vu ses autres sens développés bien plus que la normale, lui permettant de "voir" sans ses yeux, comme s’il captait les ondes de chaque objet, chaque personne. De plus il a été entrainé aux arts martiaux pendant des années. Il pourchasse et tabasse donc les criminels qui pourrissent son quartier, tel un protecteur.

Dans l'ombre, un homme que personne ne connait mais que tout le monde craint. Celui-ci s'allie avec les mafias russes, chinoises et japonaises pour prendre le contrôle d'Hell's Kitchen. Meurtres, drogue, corruption, enlèvements, rien ne l'arrête.

Rapidement, Matt se lance sur la piste de cette ombre.

Mais que peut faire un homme masqué contre cette menace ? Surtout, jusqu'où Matt, fervent catholique, est-il prêt à aller dans son combat ?

Matt, tout comme son adversaire, va devoir prendre des coups, en donner et s'adapter pour l'emporter.

Et qui d'autre est mieux placer pour protéger Hell's Kitchen que le Diable en personne ?

3ème incursion de Marvel dans les séries TV, Daredevil est aussi le lancement d'un nouveau gros projet télévisuel mêlant plusieurs super-héros. Ainsi, les séries Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist débarqueront bientôt puis les quatre héros feront cause commune dans une série intitulé The Defenders.

Ça vous rappelle quelque chose ? Et oui, Marvel applique sa recette miracle des Avengers au monde de la TV. En bon fan de super-héros, on lui souhaite une aussi grande réussite.

Mais revenons à nos moutons.

Matt Murdock est interprété par le britannique Charlie Cox. Elden Henson et Deborah Ann Woll jouent quant à eux respectivement Foggy Nelson et Karen Page les amis et associés de Matt. Vincent D'Onofrio impose sa carrure massive en tant que Wilson Fisk tandis qu'Ayelet Zurer joue sa femme et Toby Leonard Moore celui de son bras droit James Wesley. Bob Gunton enfile le costume de Leland Owlsley. Enfin Vondie Curtis-Hall et Rosario Dawson complètent la galerie de personnage principaux avec les rôles de de Ben Urich et de Claire Temple.

Ce casting est le premier point positif de la série. Nous sommes loin des autres productions où l'on fait passer des acteurs/mannequins au physique d'adolescents pour des scientifiques possédant 12 diplômes de type BAC +40 alors qu'ils sont sensés n'avoir que 25 ans. Ici, les acteurs sont et font adultes. Avec en bonus, le talent.

L'autre point positif est qu'enfin, on sort du système "1 épisode = 1 nouvel ennemi/allié". Ici, finalement, on est dans la qualité plutôt que la quantité. On se contente de peu de personnages mais des personnages emblématiques de l’univers Daredevil. Ainsi, à la fin de cette saison, nous ne sommes pas face à un héros débutant ou en devenir qui a déjà croisé la moitié de sa galerie de vilains.


Gros changement par rapport aux autres séries super-héroïques, point d'épisodes indépendants avec juste un petit fil rouge de temps en temps. Ici c'est limite si les 13 épisodes ne se suivent pas à la minute. Ce qui fait que : d’une, l'histoire est étalée sur 13 heures, de deux, ça rend accroc, de trois, ça évite les incohérences de comportement et les "tiens, le héros s'est fait empaler à la fin de cet épisode, mais au début de celui-là qui se passe 3 jours après, il n'a même pas une cicatrice.". Alors oui, il y a quelque longueurs, mais noyées dans 13 heures de bon film.

Tiens pour revenir sur les cicatrices, la série est violente. Voir ultra-violente à certains moments. Si, si. Quand on décapite un type à coup de portière, c'est ultra-violent. Matt prend des coups, retrouve son corps marqué par les blessures. A tel point qu'on oublie parfois que l'on regarde une série Marvel et donc une série Disney. On se doute bien que la diffusion "limitée" à Netflix aide à s'abroger des règles du cinéma de divertissement tout public. Ainsi, on est face aux morts les plus violentes et les moins comiques de tout l'univers cinématographique Marvel.

Car, oui Daredevil se passe aussi dans l'univers cinématographique Marvel. Et si l'on ne verra pas Captain America ou Iron Man, des références, des sous-entendus ou des évènements lient la série aux films. Vous croiserez des coupures de journaux parlant de Hulk et Abomination, des criminels discutant du grand type avec son marteau. Même la technique de combat de Matt ressemble à ce que fait Captain dans Winter Soldier. Et finalement, on se prête à rêver de voir Daredevil dans Civil War (Captain America 3) ou Infinity War (Avengers 3).

On espère aussi que les autres séries Marvel seront de ce calibre et que The Defenders sera à la TV ce qu'était Avengers au cinéma.

Et personnellement, j'espère qu'il y aura un avant et un après Daredevil.

Car, oui, cette série met à genoux toutes les autres séries super-héroïques en cours ou en passe d'être réalisées. Noire, brutale, sans concession mais respectueuse de son héros, de son vilain et son univers.

C'est La série qui fait rentrer les séries de super-héros dans l'âge adulte. Il était temps.