Publié le Mercredi 6 octobre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Hail to the King !
Mes premiers pas dans le métier coïncident avec la sortie de Duke Nukem 3D. Nous sommes en 1996, j’ai 22 ans, et je débute ma carrière chez Gen 4, feu le célèbre magazine de jeu vidéo PC. Lorsque l’année suivante, nous apprenons le développement de Duke Nukem Forever, nous exultons d’impatience : nos parties enflammées sur Duke Nukem 3D, nos tournois inter-rédactions, nos nuits passées à nous fragger gentiment la tête… nous sommes fans.
Aujourd’hui encore, Duke Nukem 3D reste un monstre. Un jeu cultissime. Level design parfait, rythme d’enfer, fluidité irréprochable, ultra-maniable… il a clairement révolutionné le FPS et posé les bases d’un genre.
Bref, ce Duke Nukem Forever, nous l’attendons de pied ferme. Gen 4 en fera même sa couverture à trois reprises…
13 ans après…
Contrairement à ce qu’annonce Duke lui-même, ce ne sont pas douze ans qui se sont écoulés, mais treize. Le jeu a été annoncé en 1997. Et on montera à 14 puisqu’il ne sortira qu’en 2011.
13 ans après, donc, Duke Nukem Forever n’est jamais sorti. Devenu le « vaporware » le plus célèbre du jeu vidéo, l’Arlésienne la plus lamentable, d’échecs de développement en refontes totales via de nouveaux moteurs de jeu… l’annonce de la fermeture du studio de développement 3D Realms et l’abandon du projet, survenu l’année passée, en mai 2009, nous avaient convaincu que Duke ne reviendrait jamais nous remettre sa tignasse blonde décolorée sur nos PC et consoles. Un mythe prenait fin.
(photos 2K Games US prises lors du salon de la PAX)
Finalement, c’est Gearbox Software qui a ravivé la flamme cet été en annonçant avoir racheté les droits de la licence et continuer le développement du jeu.
Randy Pitchford, le président de Gearbox, explique qu’il a commencé ses débuts comme développeurs chez 3D Realms, sur Duke Nukem 3D. Après la sortie du jeu, il a quitté la société pour, en compagnie de deux autres anciens de 3D Realms, fonder Gearbox Software. Les deux sociétés étaient situées à quelques kilomètres de distance, près de Dallas, et ont toujours gardé d’excellentes relations.
Alors que 3D Realms buvait la tasse, Gearbox était au champagne avec le succès de Borderlands, succès énorme et, aujourd’hui encore, incompréhensible de la part des hautes sphères du jeu vidéo (oui, bon, en fait, juste moi) vue la piètre qualité du jeu (si, si, puisque je vous le dis). Bref.
D’autre part, 3D Realms était en contentieux avec l’éditeur 2K Games, éditeur de Borderlands soit dit en passant, les uns poursuivant les autres en justice, et inversement, chacun s’accusant d’être responsable du fiasco de Duke Nukem Forever.
Ça sentait le pâté pour notre blondasse peroxydée amatrice de chewing-gum.
Dans leur cave, une petite dizaine d’anciens de 3D Realms continuaient pourtant le développement du jeu, bien destinés à ne pas abandonner un projet sur lequel ils avaient passé 13 ans de leur vie.
Et forcément, ce qui devait arriver arriva : Gearbox Software, forts de leurs excellentes relations avec 3D Realms, forts du cash emmagasiné par leurs derniers succès, proposaient alors de racheter la licence et de reprendre le développement du jeu. Du même coup, les contentieux avec 2K Games s’arrêtaient net.
Et c’est ainsi que Duke revint à la vie.
Cette petite histoire nous a donc été racontée en guise de préambule à la présentation de Duke Nukem Forever.
Parce que oui, l’impensable est arrivé. Gearbox Software va bel et bien sortir Duke Nukem Forever. Et pire, on nous l’a présenté hier. Et on a même pu poser les mains dessus, sur une version Xbox 360.
(photos 2K Games US prises lors du salon de la PAX)
Nous avons, pour commencer, pu jouer à l’intro du jeu. Il s’ouvre sur Duke qui soulage sa vessie dans un urinoir. Classe… Puis il se promène dans les vestiaires d’un stade. Au passage, on peut donc uriner, se laver les mains, se les sécher, effacer le tableau dans les vestiaires, utiliser un marqueur pour y écrire n’importe quoi… il y a beaucoup de choses et objets avec lesquels on peut interagir. Survient alors une attaque d’aliens. On est alors propulsé sur la pelouse, lance-missiles en mains, face à un énorme machin haut de 10 mètres et qu’il faut arriver à bousiller. On court beaucoup, on flingue à tout va, on va récupérer des munitions pour remettre le couvert et finir par, enfin, lui faire la peau. La séquence d’intro se termine par un shoot magistral que Duke fait dans l’œil expulsé du monstre, l’envoyant entre les poteaux du terrain de foot américain.
Intense, sympathique, épique.
La caméra se recule et sort de l’écran : en fait, Duke est en train de jouer à un jeu vidéo, pendant que deux jumelles plutôt jolies sont en train de lui faire une gâterie. A la question « c’était bon, Duke » , il répond « Après 12 putain d’années, heureusement que c’était bon ! ».
Fin.
Comme nous l’expliquera Randy Pitchford, l’histoire est simple : Duke a sauvé le monde dans Duke Nukem 3D. Il est devenu une sorte de héros et l’humanité lui a érigé des statues. Lui vit reclus, à l’abri, dans un luxueux lupanar situé au dernier étage d’un casino de Las Vegas. 12 ans ont passés depuis le sauvetage de la planète.
Et les aliens reviennent. Cette fois, ils ont des intentions pacifistes. Le président les accueille donc à bras ouverts. Mais Duke n’est pas dupe et sait qu’on ne peut avoir confiance en ces saloperies d’extra-terrestres qui ne sont même pas capables d’utiliser un portable pour téléphoner maison. Et quand il se rend compte qu’effectivement, les aliens sont arrivés avec des intentions tout sauf amicales et commencent à enlever les femmes, il sort de sa retraite et reprend les armes.
Le second niveau testé n’en était pas vraiment un. Il s’agissait tout d’abord de piloter un 4X4 au milieu des roquettes lancées par les aliens et autres vaisseaux, éviter les rochers qui déboulent et sauter les canyons. Puis on se retrouvait à pieds, à défourailler de l’alien en utilisant tout un tas d’armes : flingue, railgun, mitrailleuse lourde, fusil à pompe et j’en passe. Pas une vraie mission, donc, mais un enchaînement de combats, histoire de voir de quoi il retourne.
Reste donc désormais à vous donner mon avis sur la chose.
Graphiquement, déjà. Comme on peut s’y attendre après tant de déboires et d’années de développement, abandons et reprises, changement de moteurs et j’en passe, Duke Nukem Forever ne sera pas une tuerie. Notez qu’il n’est pas moche. Du tout. Il est même globalement joli. Même si quelques textures, surtout dans la seconde mission, sont un peu plates et uniformes, si les décors manquent de relief et de détails, c’est globalement satisfaisant. Mais loin d’être révolutionnaire ou de vous asséner une claque magistrale.
D’un côté, donc, on est heureux de voir que ça tient graphiquement la route. De l’autre, un peu déçus que ce ne soit pas plus joli, plus fouillé, plus détaillé.
Enfin, la jouabilité. Soyons sincère : elle date. On retrouve finalement les mêmes contrôles, en un poil plus souples heureusement, que Duke Nukem 3D. Pas de côtés, shoot, saut… c’est un peu court. On ne se baisse pas (Duke reste toujours debout), on ne s’abrite pas pour se pencher et défourailler l’ennemi. L’ennemi, d’ailleurs, semble avoir tendance à venir à votre contact et ne pas connaître le mot « planque » pour éviter de se faire allumer.
Un vieux gameplay, donc, qui surprend un peu. Qui déçoit ? A première vue, oui. A seconde vue, non. Simplement parce que c’est simple, facile d’accès, rapide à prendre en mains et que, finalement, on retrouve très rapidement nos marques.
Duke Nukem Forever arrive. Et c’est une excellente nouvelle.
Maintenant, le sentiment qui s’en dégage, à première vue, c’est que le jeu sera sympathique et offrira toujours cette ambiance macho, adulte, avec de l’humour, du sexe, une ambiance décallée à la film de Schwarzenegger ou Stallone des années 80. Et la mayonnaise prend encore.
Mais il ne faudra sans doute pas s’attendre à un jeu totalement génial, une vraie tuerie, une nouvelle révolution du genre. Juste au retour attendu et réussi d’un vieil ami avec lequel on a, quand même, pris un peu nos distances.
(photos 2K Games US prises lors du salon de la PAX)
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