La chronique cinéma de Paf ! : Mia Wasikowska

 

Publié le Samedi 2 janvier 2016 à 12:00:00 par Paf!

 

La chronique cinéma de Paf ! : Mia Wasikowska

De l’autre côté du miroir : Black Swan Mia Wasikowska

image« Quand j’en ai eu marre, j’ai arrêté. La danse, c’était devenu très intense, physiquement et émotionnellement : j’en faisais 30 à 35 heures par semaine. (A quinze ans,) cela a commencé à me saouler. Mais j’avais besoin d’une expression artistique, alors j’ai voulu essayer le jeu d’actrice pour être connectée à un autre niveau. Et je crois que j’ai bien fait : cela me correspond mieux. En jouant, on est plus dans la vie, l’imperfection, le cradingue même. Et j’aime ça, ce côté réaliste... » (Wikipedia/Phosphore, avril 2010)

Voilà onze ans maintenant que Mia ne danse plus : elle joue, tantôt oie blanche, tantôt black Swann. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont nombreux à vouloir danser le Mia.

Et pas des moindres !

Depuis que Tim Burton a fait d’elle son « Alice au pays des merveilles » (2010), l’actrice australienne cumule en effet les premiers rôles dans les films des réalisateurs les plus barrés de la planète : Park Chan-Wook (« Stoker », 2013), Jim Jarmusch (« Only lovers left alive », 2013), David Cronenberg (« Map to the stars », 2014) et en cet automne 2015, Guillermo del Toro et son « Crimson Peak ». Même l’amateur d’éphèbes teenie Gus van Sant est tombé sous le charme androgyne de la Mia (« Restless », 2011). Beware !

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Encore un David Lynch, un Darren Aranofsky ou un Lars von Trier et Mia nous aura définitivement prouvé que son « côté réaliste » reste heureusement très « cradingue ».

Si elle n’échappe pas à un cinéma plus conventionnel - parfois même avec de très bons metteurs en scène : Edward Zwick, Mira Nair, Cary Fukunaga ou John Hillcoat pour « Des hommes sans loi » (2012) –, elle n’y promène cependant pas toujours sa candeur avec le même bonheur. Ce n’est pas faute pourtant de ne pas proposer à la jeune australienne les grands rôles du Répertoire. Après Charlotte Brontë (« Jane Eyre », 2011) et Dostoïevski (« The double », 2013, avec son compagnon Jesse ‘Zuckerberg’  Eisenberg), elle nous arrive en cette fin d’année en « Madame Bovary », sous la direction de la réalisatrice franco-New yorkaise Sophie Barthes. Et honestly, elle aurait pu s’en passer.

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Pour une Emma réaliste, romantique voire féministe, revoyez plutôt en effet les versions de Jean Renoir (1933), Vincente Minelli (1949) ou Claude Chabrol (1991).

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Maintenant, si vos souvenirs d’école vous font vomir l’idée même d’une adaptation cinématographique du passionnant roman de Flaubert, le cru 2015 est pour vous. Quoi que femme, sa réalisatrice Sophie Barthes réussit en effet à nous dépeindre Emma en femelle arriviste et cupide. Paradoxalement, elle nourrit d’elle même le défaut d’empathie du spectateur et parvient à nous faire nous désintéresser du sort de son héroïne dès lors que le film ‘s’emballe’.

 
Visant à nous dépeindre l’ennui d’Emma, la première demi-heure du film est certes ennuyante et donc excellemment réussie, mais l’arrivée de ceux qui vont précipiter sa chute – le marchand d’étoffe Lheureux, l’apothicaire Homais, les clerc de notaire et Marquis devenant ses amants – est également celle de scènes nous détournant du film et nous le rendant ennuyeux. Olivier Gourmet est trop bon, les robes trop belles, Paul Giammatti trop fin, Ezra Miller trop hype, Rhys Ifans trop Shylock,… pour nous faire croire un seul instant à la réalité des scènes se déroulant devant nous. Paradoxe absolu, le film parait tourné par Pialat et dirigé par un tacheron Disney ou un réalisateur de comédies françaises, faisant feu immédiat de tout bois et visant l’effet. Où sont restés la pauvreté, la petitesse, la médiocrité de la Normandie rurale flaubertienne avec tout ce que cela comporte d’hypocrisie petite bourgeoise chabrolienne et d’aspiration romantique pour les oies blanches.

Chers lecteurs, fans d’Emma et/ou de Mia, si vous aimez l’innocence bafouée et la perversité celée, courrez plutôt voir Mia en black swan dans « Madame Sharpe », bizarrement titré « Crimson Peak » par Guillermo del Toro. Comme Emma Rouault, Edith Cushing a perdu sa mère très jeune, s’est réfugié dans la littérature, et va rencontrer son destin via un mariage la précipitant dans l’enfer de la ruralité. Mais si verte est la Normandie, pourpre est la campagne anglaise et ce n’est pas vraiment pas l’ennui qui la guette et nous guette au manoir de Crimson Peak.

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Et ce n’est pas Pialat et les frères Lumière qui photographient le film, mais bien Méliès, Fellini et le Guillermo de l ‘Echine, Pan, Blade et Hellboy. En réfléchissant quelques secondes à ce que vous considéreriez comme l’exact opposé de ce que pourrait recouvrir l’expression « réalisme cradingue », vous aurez en effet une idée très précise de l’expérience visuelle vous attendant à la projection du nouveau del Toro. Splendide, merveilleux, somptueux, éblouissant,… , choisissez l’adjectif qui vous conviendrait pour une expérience esthétique unique, ressuscitant Kubrick pour la mise en scène et les chefs d’œuvres de la littérature gothique anglaise pour le scénario, Brontë et du Maurier en tête.

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Encore une fois, Tom Hiddelston y est extraordinaire et son rôle et sa prestation nous rappellent d’ailleurs aux Heathcliff et de Winter de Laurence Olivier comme au Rochester d’Orson Welles.

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Notre Loki préféré y est à la fois extrêmement séduisant et inquiétant et pour une fois, ce n’est pas lui le plus facétieux de la fratrie. Jessica Chastain est-elle aussi comme à l’habitude excellente et compose une très ambiguë maitresse des clefs1.

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Maintenant, si vous ne tenez pas comme moi une passion dévorante pour les grandes histoires romanesques et romantiques, je ne sais que vous dire pour vous pousser à aller voir « Crimson Peak » . D’autant que je vous déconseille fortement d’y emmenez vos enfants sous prétexte de leur faire découvrir la littérature classique anglaise du XIXe ! Car j’ai oublié de mentionner un détail : « Crimson Peak » est un très beau film d’amour mais il s’agit aussi accessoirement quand même un peu d’un petit film d’horreur terrifiant. A l’ancienne, s’il vous plaît !


Un Guillermo de la meilleure eau, celle de toujours : il y a une petite fille perdue mais forte, des insectes cette fois papillons, des décors fabuleux, la perte du père, Doug Jones et des monstres gentils, oui, c’est un paradis ,… Et puis, en ces temps d’esprit de Noël, il y a cette réplique, une des meilleures de l’année (avec le dialogue de « Fury road ») : « Vous qui êtes médecin, dites-moi où… ». Bref, après l’avoir vu, il vous sera difficile pendant quelques temps de ne pas regarder derrière vous quand vous vous rasez et/ou sous votre lit quand vous vous couchez. Mais bon, c’est un détail. Mia est si innocente et amoureuse. On en mangerait.

Pour ceux qui apprécient l’actrice ou ses choix de films, plus que six mois à attendre, et MiAlice nous reviendra dans « de l’autre côté du miroir ». Elle ne sera pas cette fois mise en scène par Tim ‘genius’ Burton, mais par James ‘Qui ca ?’ Bobin. Wikipedia nous apprend que ce réalisateur britannique est surtout célèbre pour avoir dirigé les pitreries télévisuelles de Sacha Baron Cohen et cinématographiques des Muppets. Espérons que le fantôme de Jim Henson et la fonction de producteur qu’a Tim Burton dans le film conduiront la main du réalisateur choisi par les studios Disney pour mettre en scène cette suite de l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma : plus d’1 milliard de dollars de recettes mondiales.

Et dire que « Crimson Peak » n’en a rapporté que 74 millions… Amis de « Gemma Bovary » et de « Fury road », précipitez-vous sur cette météore 2015 de nos écrans noirs. Sortie Blu-ray Universal Pictures le 23 février (zone 1 déjà sortie).

1 SPOILER ! : De fait, les très médiocres films de la saga de Thor ne gagneraient-ils pas en intérêt et fondement si Tom couchait avec Chris ?

 

 
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