La chronique cinéma de Paf ! : La Saga Star Wars

 

Publié le Samedi 19 décembre 2015 à 12:00:00 par Paf!

 

La chronique cinéma de Paf ! : La Saga Star Wars

A long time ago in a galaxy far, far away… my childhood

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« - Bonjour ! Commençons par prier, voulez-vous ?

« Saint Georges, donnez moi la sérénité d’accepter
les choses que je ne peux changer,

le courage de changer les choses que je peux,

et la sagesse d’en connaître la différence.
Que la force soit avec moi. »

-  Je vais commencer par introduire auprès de vous un nouveau membre, qui va se présenter lui-même.

- Bonjour, je m’appelle Paf!, j’ai 48 ans dont plus d’une trentaine passée à mépriser, voire – j’ai honte, pardon ! – à conchier Star Wars. Je ne sais plus quoi faire. C’est incontrôlable ; ça part pendant un temps, puis l’envie me revient. Irrépressible. Maintenant, mon fils a grandi, il a neuf ans et j’ai dû me retaper toute la première trilogie cette année, sans pouvoir dire un mot par peur de le blesser. Ça devient intenable.

(sanglots, bruits de mouchage)

- Pardon ! Pour moi, tout a commencé en 77 : j’avais 10 ans et j’aurais bien aimé voir « Star Wars » mais il est pas passé dans le cinéma paroissial de mon village. On y passait deux films tous les WE, dont un le samedi après-midi : Ma Séance. Je ne la ratais jamais et c’est là qu’a commencé mon amour du cinéma. Grand lecteur de Strange, j’avais cependant pu me procurer la BD du film parue chez Lug et cela m’avait bien plu.

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Aussi, en 80, j’ai trainé mon père - amateur de westerns et d’Audiard - dans ce même cinéma pour voir la suite : « L’empire contre-attaque ». Moi, j’ai bien aimé la noirceur du propos (nuit dans une bête éventrée, dilemme œdipien, membre tranché, trahison d’un ami, cryogénie) tout autant que les petites blagues, monstres et vaisseaux qui semblaient comme donner vie aux albums de Valérian. Par contre, le Luke, les robots, leurs attitude et lignes de dialogue me prenaient déjà la tête et introduisaient l’ennui même au sein d’un film distractif : l’hérésie même, le scandale, l’horreur. Du Ron Howard ou du J.J. Abrams avant l’heure. Voyez c’que j’veux dire?

A la fin de la séance, mon père a réfréné mon enthousiaste « C’était bien, non ? » par un retentissant « oui, enfin bon, c’est pour les enfants… » qui me poursuit depuis trente-cinq ans maintenant.

 Et dans mon cas, elle se barrait déjà sévère mon enfance. Mon père avait-t-il raison ? Je sais pas mais dans tous les cas, j’ai rejoint le côté obscur de l’humain : le monde des adultes. Ou des ados ?

Pas vraiment le sien, dans tous les cas.

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Car faut dire, en parlant d’horreur, qu’en 80, je viens de voir, vois ou verrais bientôt au cinéma dans ces trois, quatre années à venir tout ce qu’il déteste et va former mes goûts: « Apocalypse now », « Au delà du réel », « Fog », « Pulsions », « The Blues Brothers », « Excalibur », « New York 1997 », « Evil dead », « Conan le barbare », « The thing », « X-tro »…


Exit la branlette à Neuneu des fans de Star wars, bonjour David Cronenberg et David Lynch. En 1982, j’ai quinze ans et je découvre que l’Angie dickinson de mon enfance, celle de « Rio Bravo » (Howard Hawks, 1959), a cinquante ans et mouille mes draps. Attaché à un arbre, je bouffe des cous de charognards, les végétaux violent les femmes et les têtes humaines se transforment en araignée. La grande baffe : j’assiste en direct à l’une des plus belles répliques de l’histoire du cinéma parce qu’elle décrit précisément pour moi ce qu’est l’expérience cinématographique (ou littéraire):
« J’ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez pas croire... De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion, j’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la Porte de Tannhaüser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir. »


Et pour moi de vivre : le cinéma fantastique et d’horreur est à son apogée, je suis abonné à L’écran fantastique, je vois « Rude boy », découvre les punks, Deep Purple, AC/DC, Trust. Et surtout, je profite pleinement de l’avènement des magnétoscopes et des vidéo-clubs pour louer les chefs d’œuvres passés, censurés ou invisibles pour les provinciaux. Ce sont les grandes années d’Avoriaz, de Carpenter et de de Palma, les débuts de James Cameron, Joe Dante et Georges Miller, la fin d’Argento et dans une certaine mesure de Tobie Hooper et Georges Romero. Je tombe amoureux des films de Scorsese, Kurosawa, Friedkin, Bergman tout en gardant mon âme d’enfant/ado pour les films Saturday night live (Ayckroyd, Murray, Murphy, Chase,…) et les productions Lucas/Spielberg avec leurs jeunes héros : les  Goonies, Explorers, Gizmo, Sherlock Holmes, Willow, Marty Mc Fly et leur grand-père Indy.

Mais « Star wars » ? On dirait du Valérian sans humour, sans scénar, sans mise en scène. Perso?, j’ai presque mieux aimé « L’aventure des Ewoks » que « Le retour du Jedi » parce que là au moins, ça s’adressait vraiment au N’enfant en nous et au fan de Casimir & Léonard, des Muppets et de Téléchat. Ahhh, « Dark crystal » ! Ou même « Legend » de Ridley Scott qui flirte avec la bêtise et l’infantilisme des Lucas mais possède au moins des décors commaks et une extraordinaire photographie. Comme pour « Blade runner », « Kingdom of heaven », « Prometheus », on rêve déjà en 86 d’un Director’s cut avec tout ce que les producteurs lui auraient fait couper parce qu’on voit le talent sourdre de chaque scène. Légende…


Mais Star Wars 1, 2 ou 3? Ouais, j’suis jeune encore et ça me fait déjà chier ! Où sont la poésie, l’inventivité, l’horreur, l’humour ou le système D, D comme Dante. A les comparer à mes films fétiches tournés depuis 77, c’est riche comme crésus, laid comme un film reaganien, con comme un caillou et y a pas une idée de mise en scène. Je ne peux m’empêcher de penser à ce que Romero ou Carpenter pourraient faire avec un dixième du budget. Et toute cette machinerie commerciale, et tous ce simplisme, et tous ces plagiats, ces idées scénaristiques et esthétiques piquées chez Kurosawa, Druillet, Valérian, Métal hurlant,… pendant que Cameron terminatore, que Mc tiernan predatore, que Lynch dune à tort… La France critique a l’habitude de chier sur Luc Besson mais son « cinquième élément », tout infantile qu’il paraisse, est cent fois plus drôle, inventif, original que n’importe quel Episode avec un grand E, non ? Mézières, Möbius, Gaultier, ça nous remplace pas le « Dune » de Jodorowsky mais ca nous met du baume au cœur : le meilleur pop-corn movie de la décennie 85-95 est français et Milla défonce Leia. D’Allemagne arrive Petersen et Emmerich et on espère alors qu’ils ne vont pas se starwarsiser…

Bon, je grandis, ma haine s’efface, je deviens trentenaire et voilà que ca recommence dans un premier temps avec des ajouts numériques, dans un second avec une nouvelle trilogie ! Les médias s’envolent, s’enrôlent, s’enroulent tel un serpent autour de nous, pauvres spectateurs, pour qu’on ne manque pas ce phénomène de société, cette saga des temps modernes, cette clef de compréhension de la société du spectacle.

Bon, ben d’accord alors, j’y retourne, paisible et décontracté du gland, pensant que tout cela aura muri et qu’on s’approchera de l’originalité et de la qualité d’ « Aliens » et d‘« Abyss » , de « Brazil » et de « L’armée des 12 singes », de Tim Burton, d’Enki Bilal, voire du petit jeune Barry Sonnenfeld.

Parce que nom de Dieu, George, que j’lui dis - pasque 1) j’ai une ligne directe avec lui quand je bois et que 2) j’ai encore beaucoup de respect pour son travail technique chez ILM -, faudrait quand même faire quelque chose : y a plein de talents qui débarquent de partout. En plus des Raimi, Zemeckis, Dante, Verhoeven, Cameron, Jurassic Spielberg Parc… , y a des Peter Jackson, Washowski bros., David Twohy, Alex Proyas, Guillermo del Toro, Alfonso Cuaron qu’en finissent pas d’arriver.

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Et en plus, « Akira » a eu du succès en 88, Nintendo et Sony aussi depuis lors, et les asiatiques commencent à déferler sur nos écrans, alors faudrait arrêter de se branler avec des robots crétins et commencer à cérébrer l’univers que t’as créé : fonder véritablement le Space opera au cinéma et pas nous refourguer des Trou noir ou des Battlestar Galactica. Dans ces conditions, autant revoir les géniaux « Gwendoline » ou « Buck Rogers au 25e siècle » !

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George ? T’es là ?

Putain ! mais qu’est-ce que c’est que ces grosses merdes que tu nous ponds avec des vrais morceaux de Jar Jar Binks dedans ? Où est l’auteur de « THX1138 » ? On dirait des Disney nouvelle génération, ceux qui sont faits sur directives des financiers ? Même Star Trek est devenu intéressant et adulte avec « The next generation » !!!

Depuis 2005, j’avoue, j’ai non seulement perdu la foi mais en plus, depuis quelques mois, j’peux pas acheter un yaourt ou une brosse à dent, j’peux pas aller en pharmacie ou dans un bureau de tabac, j’peux pas écouter la radio ou lire un journal sans vomir parce qu’on essaie de m’beurrer de vaseline pour que j’accepte le Réveil de la force. J’en peux plus. La semaine dernière encore, j’ai failli arracher la tête d’un caissier de Gibert qui osait dire que la trilogie du Hobbit était de la merde en comparaison des Star Wars ! J’en peux vraiment plus et j’espère vraiment que ces réunions vont guérir ma phobie et que la 3ème trilogie sera à la hauteur des espérances qu’on porte en toi, George, depuis si long…
(…)
- Pardon ?
(…)
- Racheté ? Mais par qui ?
(…)
Et qui réalise ?
(…)
- Oh mon Dieu, que la force soit avec vous, parce qu’avec moi…

(Bruit de chute et de chaises, vacarmes, hurlements, ... )


 

 
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