Publié le Dimanche 26 juin 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

L'Edito du Dimanche

Come on baby light my fire

Hier se déroulait la fête du village où j'habite. Un petite fête sympathique, bon enfant. Entre concours de pétanque, châteaux gonflables pour enfants, courses en sac... c'est une fête de village classique. Elle se termine avec le pot du maire, et un dîner tous ensemble, assis sur des dizaines de tables posées au beau milieu du parc de jeux tandis qu'un groupe local ou un DJ mettent l'ambiance. 

Contrairement à ce que certains d'entre vous pourraient penser, ce n'est pas une "fête de vieux", un "truc ringard" ou un "machin de vieux cons".
La population y est plutôt jeune. Les jeunes parents se retrouvent, on passe la soirée à refaire le monde, pendant que les ados draguent tout ce qu'ils peuvent dans les fourrés avoisinants, que les gamins courent entre les tables... bref, c'est une soirée entre potes, toutes générations mélangées, un moment agréable et qui, finalement, permet de participer un minimum à la vie du village.

La soirée se ponctue par une petite marche avec lampions, que les gamins ne manquent pas de faire cramer (mes filles ont réussi cet exploit cette année), puis par un feu d'artifice très réussi et vraiment conséquent quand on sait que nous ne sommes que 1500 habitants dans la commune.

Mais cette année, ma soirée à moi s'est terminée à éteindre un feu. 

De jeunes ados, inconscients doublé de gros cons, on décidé d'allumer quelques journaux. Et pour faire ça "discrètement", ils ont décidé de faire ça dans la petite maison en bois du parc pour jeunes enfants. Parc qui est, soit dit en passant, en plein passage entre les habitations et le parc où se déroulait la fête.
Forcément, le feu a échappé à leur contrôle, au moment où votre serviteur passait dans le coin.

Nous nous sommes précipités avec une autre mère. Manque de bol pour eux, elle en a reconnu et arrêté un... pour l'anecdote, les noms des coupables sont connus et ils devraient donc devoir rendre compte de leurs actes. Du moins face à la mairie.

En attendant, il fallait faire quelque chose. Venant de me soulager contre un arbre avoisinant, j'ai écarté l'option "Manneken Pis" et éteint le feu à la semelle. Autrement dit, à la chaussure, à sauter sur les flammes en remerciant le Dieu Adidas d'avoir collé des semelles en pneu sur ses AdiRacer.
Courbé, dans cabane de gamin qui doit faire 1m50 de haut, envahie d'une épaisse fumée, jurant comme un charretier et promettant aux coupables de leur cramer leur maison, leurs parents, leur chien et chatouiller leurs parties intimes au tison...
Finalement, j'ai réussi (avec l'aide du gamin qui s'était fait choper, quand même, on peut mettre ça à son crédit), à éteindre le feu. Nous avons récupéré quelques bouteilles d'eau pour répandre sur les cendres, bouteilles apportées en catastrophe par le vigile de la fête.
Et voilà. La petite maison en bois du parc pour mômes était sauvée. J'étais digne des sapeurs-pompiers de Paris. J'étais un héros. J'étais Batman. J'étais Iron Man. J'étais Superman...

Sauf que Batman, Iron Man et Superman n'ont pas femme. D'ailleurs, si ce dernier en avait une, elle ne l'aurait jamais laissé sortir avec son slip par-dessus son pantalon et aurait sans doute trouvé qu'un rose pâle ou qu'un parme lui aurait mieux été au teint. Mais surtout, ils auraient été traités comme de la merde...

Alors que je m'attendais à des "mon héros", à des exclamations de joie, un regard qui pétille voire même la promesse d'une fin de nuit torride, ma chère et tendre n'a pas manqué de me signaler ma totale inconscience. J'avoue n'avoir pas tout saisi sur le coup. J'ai capté quelques mots tels que "fou", "dangereux", "crétin", "chargé de famille", "inconscient", "brûlures", "malade", "stupide", et "chaussures cramées".
Autant pour moi. Autant pour mon égo. Autant pour mon exploit.

Si les super-héros avaient eu des femmes, les super-vilains auraient gagné haut la main.

...

La semaine prochaine, on poursuit la vague de tests en retard. On ira également faire une virée à la Japan Expo. Vincent aura une pancarte "Free Hugs". Il aura juste changé le "Hugs" en "Fuck". Par contre, je continue de lui soutenir que se déguiser en Hard Gay n'est pas une bonne idée. Surtout avec la pancarte.
Pour ma part, j'aurais une pancarte "Cette semaine, j'ai éteint un feu, je suis un héros, venez que j'éteigne le vôtre".
Faut bien que je capitalise sur mon exploit, zut à la fin.