Publié le Samedi 28 mai 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
New York, New York
QG de la G-Team, un matin du mois de mai
Vincent : Tu fais quoi, là ?
Cedric : Je m’entraîne.
Vincent : c'est-à-dire… ?
Cedric : Ben tu vois, j’essaie de retirer la colonne vertébrale d’un chat sans abîmer la moelle osseuse.
Vincent : Ah. Et c’est un entraînement, ça ?
Cedric : Oui, j’ai raté la semaine nationale pour le don de moelle osseuse début mars. Donc faut que je sois prêt pour l’année prochaine.
Vincent : Non mais tu sais, le don de moelle osseuse, en fait, l’idée, c’est de donner la sienne.
Cedric : T’es con, ça doit faire mal…
Vincent : ça n’est pas une partie de plaisir, certes, mais ça n’est pas non plus la mort. Par contre, ça peut l’être pour ceux qui n’en reçoivent pas.
Cedric : Ben justement, je préfère donner celle des autres. C’est moins douloureux. Du moins pour moi. Donc avant de passer aux petits vieux ou aux enfants, je me fais les mains sur les chats.
Vincent : Moi j’ai jamais tué de chat. Ou alors y’a longtemps…
Cedric : Estime-toi heureux, j’aurais pu décider de m’intéresser à la semaine nationale de la continence urinaire et t’amener plein de petits vieux dont il aurait fallu s’occuper.
Vincent : En tout cas, c’est nouveau de t’intéresser aux « semaines nationales de tout et de rien » ?
Cedric : Non, ça m’a pris l’année dernière.
Vincent : Quand ça ?
Cedric : Journée mondiale de l’eau. Le 22 mars.
Vincent : Euh…
Cedric : C’est important, l’eau.
Vincent : Et c’est toi qui dit ça…
Cedric : Parfaitement. L’eau, c’est primordial pour l’être humain.
Vincent : Oui, c’est vrai… mais ça me surprend venant de toi…
Cedric : Il faut s’en préoccuper avant que l’eau ne vienne à manquer au monde.
Vincent : C’est vrai.
Cedric : Il faut s’en préoccuper avant la disparition des nappes phréatiques.
Vincent : C’est vrai !
Cedric : Il faut s’en préoccuper avant l’été et les problèmes de sécheresse.
Vincent : C’est vrai !
Cedric : Il faut s’en préoccuper avant d’être obligé de boire son Ricard sec !
Vincent : C’est vr… ah, oui, je comprends mieux tes motivations maintenant.
Cedric : Ou alors, faut des cahuètes pour aider à mieux faire passer. Mais y'a pas encore de semaine de la cahuète.
Vincent : Et sinon, Maxime, il est sur quoi ?
Cedric : Il a proposé ses services à Sony pour réparer le PSN.
Vincent : Et ils ont accepté ?
Cedric : Non. Ils ont donc annoncé qu’il serait de retour dans la semaine.
Vincent : Et ?
Cedric : Et Max s’est fait insistant.
Vincent : Et ?
Cedric : Et ils ont fini par accepter.
Vincent : Et ?
Cedric : C’était il y a un mois et le PSN n’est toujours pas revenu. Du coup, ils ont mis Max sur le PlayStation Store. J’ai bon espoir qu’ils rouvrent le PSN dans les deux prochains jours, finalement. Par contre, pour la boutique en ligne, ça prendra plus de temps. Je table sur au moins deux semaines…
Vincent : Ah…
Meooooooow !
Vincent : Merde ! Ton chat ! Il est vivant !
Cedric : Ben oui, je m’entraîne, mais je ne suis pas un salaud, quand même. Je ne vais pas tuer un chat pour ça…
Vincent : Mais tu sais que tu es un grand malade, toi, il faut vraiment te faire s…
Quatre consonnes et trois voyelles c'est le prénom de Raphaël,Je le murmure à mon oreille et chaque lettre m'émerveille, C'est le tréma qui m'ensorcelle dans le prénom de Raphaël, Comme il se mêle au "a" au "e", comme il les entremêle au "l", Raphaël... Il a l'air d'un ange, mais c'est un diable de l'amour, Du bout des hanches et de son regard de velours, Quand il se penche, quand il se penche, mes nuits sont blanches, Et pour toujours... Hmm
Vincent : Euh…
Cedric : Ah. Le téléphone rose.
Vincent : Pardon ?
Cedric : Oui, « Il » avait déjà un téléphone rouge en fait, alors on a choisi une nouvelle couleur. C’est Pierre qui a choisi.
Vincent : Ah…
Cedric : Pour la sonnerie, c’est « Lui » qui l’a choisi. Note bien.
Vincent : C’est toi qui le dis.
Cedric : Allo ?
Lui : Bonjour Monsieur Gasperini, vous allez bien ? C’est « Moi » à l’appareil.
Cedric : Bonjour « Moi ».
Lui : Non, « Lui ». « Moi », c’est moi. Pour vous, c’est « Lui ».
Cedric : Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris… mais soit. Bonjour… euh… « Moi » « Toi » « Lui » « Nous » « Vous » « Eux ».
Lui : Oui, bon. Monsieur Gasperini. J’ai une nouvelle mission pour vous.
Cedric : Ah…
Lui : Oui. Les américains sont tellement contents de votre dernière intervention au Pakistan qu’ils requièrent vos services.
Cedric : Ah…
Lui : Parfaitement. Et pourquoi ? Je vais vous le dire, Monsieur Gasperini, parce que vous êtes l’élite de la France.
Cedric : Eh ben on n’est pas dans la merde…
Lui : Parfaitement. Alors voilà. Il faut vous rendre à Chicago.
Cedric : Ah. Ça va pas être possible.
Lui : Comment ça ?
Cedric : ça va faire trop long en bateau. Et ça va coûter bonbon en gasoil.
Lui : J’ai fait affréter un avion pour vous.
Cedric : Ah ça va pas être possible, ça. L’avion, je ne suis pas copain avec.
Lui : Pas le choix. Sur place, vous rencontrerez votre informateur. Il se fait appeler The Boule. Il a semble-t-il de précieux renseignements sur les otages américains en Afghanistan. Vous partez dans deux heures. Bonne chance.
Cedric : Non, mais on vous a déjà dit qu’il ne faut pas souhaiter bonne chance, ça porte malheur…
Chicago, quelques heures plus tard
The Boule : Vous êtes en retard.
Cedric : Oui ben on fait ce qu’on peut.
The Boule : Nous avions rendez-vous il y a plus de deux heures…
Cedric : Parce que vous croyez que c’est facile, vous, de retrouver un mec qui s’appelle « The Boule » à Chicago, sans qu’on vous indique le chemin du stade, hein ? La prochaine fois, prenez un autre sobriquet, on passera moins pour des cons.
The Boule : Mmm…
Tristan : Même le fils Noah ne savait pas où vous étiez. On a essayé de lui faire cracher le morceau en lui faisant écouter en boucle « Saga Africa ». Même ça, ça n’a pas marché.
The Boule : Mmm…
Pierre : Finalement, on a trouvé votre numéro dans l’annuaire. C’est pas très prudent, pour un informateur…
The Boule : Et vous pensez que je les reçois comment, mes informations ? Par pigeon ?
Tristan : J’espère pas, Cedric en a tué trois en venant. Mais j’ai pas eu le temps de voir s’ils avaient des messages à la patte.
The Boule : Mmm…
Cedric : Ouais, j’étais pas en forme. Et puis j’ai du mal avec ces vitesses automatiques.
Chez « lui », quelques jours plus tard.
Lui : Et alors il vous a donné les informations ?
Cedric : Oui.
Lui : Et elles étaient fiables ?
Cedric : Peut-être…
Lui : Comment ça, peut-être ? Racontez-moi.
Cedric : On est repartis. Et c’est là qu’on a perdu Tristan.
Lui : Perdu ?
Cedric : Oui, il a absolument voulu louer une voiture. Du coup, personne n’est monté avec lui. Il a crié « Géronimo » et est parti en trombe, en faisant crisser les pneus. Sauf qu’au premier virage, les deux pneus avant se sont détachés.
Lui : Un acte terroriste ?
Cedric : Presque. C’est Maxime qui avait voulu voir comment ça fonctionne, un essieu. Il a juste oublié de resserrer les écrous des roues… Du coup, Tristan est parti en looping. Et il s’est incrusté dans une boutique de hot-dogs.
Lui : Il a été blessé ?
Cedric : Non, pas une égratignure. Mais il a été emmené par deux policiers qui déjeunaient là. Forcément, on ne détruit pas un symbole américain en toute impunité. C’est limite pire que de foutre en l’air les tours du World Trade Center, que de s’attaquer à une boutique de hot-dogs. Bref, on n’a pas eu le temps d’intervenir. Et puis surtout, j’ai empêché Vincent de répliquer au lance-roquettes. Y’avait trop de monde. Il aurait pu blesser quelqu’un. Y’avait une crèche pas loin. Et puis ça fait désordre dans un centre commercial. Du coup, on est parti pour New York sans lui.
Lui : New York ?
Cedric : Oui, The Boule nous a dit qu’un type affilié à Al Qaïda était descendu à l’hôtel.
Lui : Il vous a donné un nom ?
Cedric : Non. Il nous a juste dit qu’il venait de la branche armée d’Al Qaïda Mongolie. C’est une nouvelle faction qui se monte, apparemment. Et il est en contact direct avec les groupes terroristes Afghans qui détiennent des otages. Il nous suffisait de le trouver, et de soit le capturer pour le faire parler, soit, mieux encore, de le brancher pour étudier ses faits et gestes.
Lui : Le brancher ?
Cedric : Le coller sur écoute, quoi.
Lui : Ah.
Cedric : Et puis bon. Un type qui vient de Mongolie, c’est facile à repérer. Ne serait-ce qu’au nom.
Lui : Effectivement…
Cedric : Sauf que je n’aurais pas dû laisser ça à Maxime.
Lui : Ah bon ?
Cedric : Oui. Il nous a dit qu’il avait repéré l’homme. Qu’il était descendu au Sofitel…
Lui : J’ai peur de comprendre…
Cedric : Oui. Moi aussi, j’ai eu peur. Même après avoir compris. Après Gengis ou Kubilai, on a eu droit à Strauss. Khan, c’est un titre mongol. Un Grand Khan. Du coup, Strauss-Kahn, pour lui, c’était mongol. Peu importe l’orthographe. C’était mongol, un point c’est tout.
Lui : …
Cedric : Oui, à défaut de mongol, Max doit au moins avoir du mongolien dans sa descendance. C’est forcé.
Lui : Et… du coup…
Cedric : Du coup, il nous a orientés sur une mauvaise piste. Forcément. On a donc planqué au Sofitel pour espionner ce « Grand Kahn ». On a demandé à Pierre de trouver où il résidait. Mais plutôt que de trouver un numéro de chambre, il est parti chercher une yourte. Pour lui, un mongol, ça ne dort que dans des yourtes.
Lui : Et il en a trouvé ?
Cedric : Oh oui. Des yourtes écrémés, demi-écrémés, 0% et même des yourtes à boire… Finalement c’est Vincent qui a piqué le registre de l’hôtel pour trouver où il créchait. Suite 2806. Pour punir Pierre, on l’a habillé en soubrette pour aller planquer des micros.
Lui : Et ce qui devait arriver…
Cedric : Avant ça, Vincent a failli lui refaire les fesses. Pardon pour le langage. Mais un type en soubrette, il a eu du mal à résister.
Lui : Ce n’est pas le seul, apparemment…
Cedric : Ben disons qu’en planquant les micros, Pierre est tombé nez à nez avec la cible. Il a donc fallu improviser.
Lui : C'est-à-dire ?
Cedric : Il lui a fait son numéro de charme. Et puis Pierre s’est dit que peu importe le flacon, pour sa première expérience sexuelle, pourvu qu’il y ait l’ivresse. Ils ont donc commencé à coucher ensemble. Après une séance de bécotage appuyé, et avant de passer aux choses sérieuses, la cible a voulu prendre une douche. Et c’est à ce moment-là qu’une autre femme de ménage est arrivée. Pierre est donc parti précipitamment. On suppose que c’est cette autre femme de ménage qui a pris à la place de Pierre. Au sens propre du terme, si j’ose dire… Bref, c’était un simple malentendu.
Lui : En tout cas, vous m’avez retiré une belle épine du pied. Je vous en remercie.
Cedric : De rien. Pour vous servir, Monsieur.
Lui : Ce sera tout. Sortez.
Cedric : Bien. Si vous avez d’autres missions, hein, n’hésitez pas. On se tient à dispo. Au revoir. Et claquez la bise à Carlitou.
Lui : Ta.
Cedric : Oui, Carlita, pardon.
La semaine prochaine, la G-Team jette des gamins dans des cabines haut-tension juste pour voir si ça fait des étincelles.
...
Ou pas.