L'Edito du dimanche

 

Publié le Dimanche 8 septembre 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

La onzième plaie d'Egypte

imageCe n’est pas que je suis bordélique… c’est juste que… bon… dans mon métier, on reçoit des quantités astronomiques de trucs et machins et que… ben… « je pose ça là, on ne sait jamais, ça peut me servir plus tard »… Bref, ça s’entasse… ce n’est pas ma faute… C’est que…
 
Bon, ok, je suis bordélique.

Mon bureau ressemble à la caverne d’Aladdin, sauf qu’on cherche encore la lampe magique et que le premier qui essaie de me faire enfiler un sarouel, je lui fais bouffer son tapis volant. Y’a plein de trésors, dans ma caverne. Des figurines collectors, des jeux en édition spéciale introuvables dans le commerce, des BD dédicacées par les grands-maîtres du neuvième art, des goodies rares exposés çà et là ou, pour certains, jetés négligemment dans un coin, du matos testé ou à tester, des bouquins en veux-tu en voilà…
En exposition, on peut trouver également une grosse collection de bouteilles de whisky du monde entier où, pour certaines, il ne reste plus qu’un fond de breuvage « mais il est vachement bon alors je le terminerai pour une occasion spéciale »… Loin de moi de faire un coming-out sur un éventuel alcoolisme avéré, je tiens à préciser qu’elles ne sont pas arrivées d’un seul coup et que cette invasion s’est faite au fil des années, au fil des achats impulsifs ou des cadeaux, et non pas dictée par une consommation excessive : ces bouteilles-là se savourent, elles ne se pochtronnent pas. En tout cas, je ne sais même plus comment ni pourquoi les bouteilles ont commencé à atterrir dans mon bureau au lieu de la cave à gnôle, mais c’est comme ça. Et elles s’y sentent particulièrement bien : la preuve, elles s’y multiplient de manière incontrôlée malgré mes efforts pour limiter la propagation.
A ce propos, pour faire une petite parenthèse, je vous rassure, je ne bois jamais pendant le boulot, même si certains textes, notamment certains éditos, pourraient laisser penser le contraire. Mais voilà. Elles sont là et elles attendent « une occasion spéciale » pour aller retrouver le cimetière des pure malt où j’ai déjà jeté quelques corps sans vie.

imageMais bref. Mon bureau est un capharnaüm où je suis le seul habilité à pénétrer. Quand une imprudente qui partage ma demeure tente une incursion, c’est généralement au cri de « ne touche à rien, demande-moi, sinon tu vas tout faire tomber ! ».
Une fois par an, environ, je me décide à faire place nette. Pas pour les bouteilles, notez bien. Mais pour tout le reste. J’en ressors avec un ou deux cartons à coller dans le grenier « parce qu’on ne va pas jeter, hein, on ne sait jamais, ça peut me servir plus tard », et un ou deux sacs poubelles de « bon, là, c’est clair, ça ne me servira pas plus tard ».

De la même manière, mon placard déborde de fringues en tout genre. De t-shirts surtout. Ce n’est pas que je suis bordélique… c’est juste que… bon… dans mon métier, on reçoit des quantités astronomiques de trucs et machins et que… ben… « je pose ça là, on ne sait jamais, je pourrai le mettre plus tard ».
-    « Mais c’est du S »
-    « Ouais mais on ne sait jamais, si un jour je deviens anorexique, j’aurais au moins un t-shirt à me mettre ».
Au fil du temps, mes fringues ont largement dépassé le stade de l’étagère pour s’étaler tout autour de la penderie et…

Bon, ok, je suis bordélique.

imageMon placard est un capharnaüm où je suis le seul habilité à pénétrer. Une fois par… euh… décennie environ, je me décide à faire place nette. Tiens, d’ailleurs, là, j’suis très motivé pour le faire. Ça fait trois mois que je suis très motivé pour le faire. Faut juste que… que je trouve le temps, quoi.
J’suis sûr que je vais retrouver des chaussettes orphelines (l’autre a depuis longtemps été jetée, faute d’avoir réussi à réunir la paire), des t-shirts de jeux plus vieux que certains lecteurs (je dois en avoir un de Discworld 2 sorti en 1996) et peut-être même un ou deux trucs collectors qui sont enfouis sous une pile de slips et de caleçons.

En attendant, ces aveux en forme de mea culpa sont aussi une façon de présenter mes plus plates excuses à ma chère et tendre. Elle dont chaque placard est rangé de manière carrée. Elle dont chaque chose est bien posé à sa place. Elle qui ne supporte pas le bordel… J’suis une plaie. Genre la onzième plaie d’Egypte. Pire que les grenouilles, les sauterelles, les furoncles. Pire que la mort des premiers-nés.

Pour se consoler, y’a qu’à se dire que j’suis quand même divin. Un châtiment divin, certain, mais divin quand même, nan ?

 

 
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