Publié le Dimanche 2 juin 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Honte et colère

Alors je veux bien, éventuellement, dans un certain moment de pure naïveté, laisser le bénéfice du doute… Au début, on pouvait encore s’abriter sous le « c’est pour contester » ou « c’est un vote de rejet, pas de conviction ». C’est un crachat au visage de la politique en général, du pouvoir en particulier, une façon de crier son mécontentement et de montrer sa volonté de voir les choses changer radicalement.

Bon. Personnellement, j’en doutais. J’avais plutôt l’idée qu’on était devant une preuve évidente de connerie humaine, et non pas de tentative maladroite de protestation. Que le crachat était au visage du bon sens et de l’intelligence. Mais devant l’humanisme convaincu de mon entourage, voire de l’ensemble de la société, devant leur air persuadé qu’il ne s’agissait que d’une « erreur » de parcours, je m’attelais à fermer moi aussi les yeux.

Sauf qu’au bout de 30 ou 40 ans, le coup de la contestation par dépit, ça suffit. Il va falloir me servir autre chose, là, et arrêter d’essayer de m’embobiner avec ces conneries. L’humanisme n’a plus lieu d’être. La compassion non plus. Il est temps de dire les choses telles qu’elles sont et puis c’est tout.
Il s’agit d’un soutien, plus d’une contestation. Il s’agit d’un plébiscite, plus d’un dépit. Et j’en ai marre de me la jouer souriant quand on essaye de me faire croire que non, en fait, les gens ne sont pas vraiment comme ça. Ils ont un bon fond…

Je me demande si on disait la même chose des sympathisants de la Gestapo en 39-45, tiens. « non, en fait, les gens ne sont pas vraiment comme ça. Ils ont un bon fond… ». On est comme ça, en France. On a un bon fond. Impossible qu’on soit un pays de merde, habité par des merdeux. On a tous un bon fond. Bah oui.

Bah non, en fait.

Ça fait 30-40 ans, disais-je, qu’on nous sert la tirade du vote de contestation. Merde à la fin. Il est temps d’ouvrir les yeux. Il ne s’agit pas d’une contestation. Il s’agit d’un soutien. D’un simple et bête soutien. Le soutien d’une idéologie fascisante. Le soutien d’une vision étriquée. Le soutien de l’intolérance. Le soutien du rejet et de l’isolement. Le soutien d’une vision étriquée, pauvre, ignominieusement égoïste et d’une petitesse intellectuelle détestable. On sait quel genre de personnes en fait partie. On sait comment ils fonctionnent. On connait leurs méthodes détestables et leurs certitudes archaïques. On connait leur dangerosité et leur violence. On connait leurs méthodes d’intimidation.

C’est bien beau d’aller parader devant les monuments aux morts le 8 mai et le 11 novembre, pour après défiler le bras tendu à chaque vote. A chier sur des siècles de liberté. D’égalité. De fraternité. De solidarité.

On a 23,3% de fils de putes en France et puis c’est tout.

Alors ne commencez pas à me sortir les chiffres de l’abstention (comme disait Boniface VIII, qui tacet consentire videtur), les votes blancs, ou encore le fait que les votants ne sont pas forcément représentatifs de l’ensemble des français. Ce serait encore vouloir trouver des excuses à ce résultat honteux, ignoble et détestable. Ce serait fermer les yeux. Et quelque part… collaborer à son tour.

Merde. On a 23,3% de fils de putes en France. Et il est temps d’entrer en résistance. On peut même, pour faire meilleur compte, rajouter 3,51% et 0,65% pour un total de 27,46%.

C’est une honte. Une putain de honte. C’est Marianne qu’on viole impunément. C’est notre mère qu’on oblige à porter une moustache en brosse à dents, la raie sur le côté et le bras droit tendu. Comment peut-on réellement tolérer ça ?

Il est temps de réagir. Vraiment.