Publié le Dimanche 30 avril 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Ami, entends-tu le bruit des bottes ?

Je vous rassure, la semaine prochaine, vous allez une nouvelle fois en avoir plein l’urne. Une semaine s’est écoulée depuis le premier tour des élections présidentielles et les esprits, à défauts de s’être tout à fait calmés, se sont tout du moins lassés de déverser leur fiel et leurs éructations épidermiques à tout bout de champ.

D’un point de vue tout à fait personnel, j’ai été complètement abasourdi par certaines réactions observées sur la toile. Mais vraiment. A tel point que j’avais, dès mardi, écrit un édito sanglant, violent, que finalement je ne publierai pas (je l’aurais fait si les comportements étaient restés à ce point incroyablement haineux et ne s’étaient pas apaisés), mais dont je reprendrai toutefois ici quelques passages.

Je ne vais pas vous faire de grands discours politiques. On s’en carre un peu l’oignon, à vrai dire. Vous savez tous mon point de vue à ce sujet : aucun candidat ne trouvait grâce à mes yeux et j’ai voté, en mon âme et conscience, non pas pour le meilleur pour le pays, mais pour celui que j’estimais le moins pire. Et non, je ne dévoilerai pas son nom. NI même s’il s’appelait « blanc » ou non. On s’en fout. Ce n’est pas le sujet.

Ce qui m’a complètement halluciné, par contre, c’est donc le comportement de milliers de personnes suite à ces élections. Et quand je parle du comportement de milliers de personnes, je parle essentiellement des soutiens de Jean-Luc Mélenchon. Waouh. Incroyable. Tout à coup, les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter, se sont transformés, dès l’annonce des résultats, en lieux dignes d’un concert de Matt Pokora. : Que de cris et de pleurs de pucelles ! Hallucinant. Et ça braillait de tous les côtés, ça pleurnichait…
Les partisans de l’insoumission, que je vise particulièrement dans cette remarque (même s’ils n’ont pas été les seuls, ils ont été très largement les plus nombreux), se sont lâchés à grands renforts d’insultes et d’éructations verbales, fustigeant les votants, dénonçant en tous sens l’idiotie générale, la bêtise humaine, et se sont livrés à un déballage putassier à grands coups de belles phrases et de belles pensées. Parce que vous comprenez, eux étaient dans le vrai, eux étaient les sauveurs du pays, tandis que les 80% autres, ce sont tous des cons aveugles. Ben oui, hein. Forcément. Bel esprit.
Ils voulaient un monde nouveau et une nouvelle république, vous voulez que je vous dise ? Heureusement qu’ils n’y sont pas parvenus. Parce qu’à les voir réagir de la sorte, on se dit qu’on a échappé à un régime totalitaire où toute pensée contraire serait mise au pilori en place publique et où tout contestataire serait lapidé place de Grèves. Quelle virulence. Quelle haine. Quel bel exemple de respect de la démocratie. Ah ils sont loin les beaux discours sur la liberté et la fraternité. Sur la liberté guidant le peuple. Sur le peuple au pouvoir…

Alors je ne doute pas que ce paragraphe me vaudra mon lot d’insultes et de menaces supplémentaires. Allez-y, j’ai l’habitude. Et je vous emmerde. C’est simplement un constat de ce que j’ai pu observer les jours qui ont suivi le premier tour de l’élection présidentielle. Et une fois encore, ne généralisez pas : j’ai parmi mes contacts quelques partisans qui ne se sont pas lancés, eux, dans d’interminables jérémiades, et ont par-là prouvé qu’il y avait aussi dans ce parti des gens réfléchi et intelligents. Ne vous sentez donc pas forcément concernés par mon coup de gueule. Regardez juste ce que vous avez posté sur les réseaux sociaux ces derniers jours…

Il n’empêche qu’aujourd’hui, j’ai la nausée. J’ai honte de mon pays. J’ai un mélange de larmes et de colère. Putain. Le Front National au Second Tour. 7 679 493 putains de fascistes en France. Et où est l’indignation ? Où sont les manifestations comme en 2002 ? Où sont les appels à la résistance ? Le IIIème Reich est à nos portes et personne pour s’en émouvoir ? A ce rythme-là, on va rouvrir Natzweiler-Struthof dans l’indifférence générale. Et on pourra y déporter les arabes, les nègres, les pédés sans que ça émeuve qui que ce soit. Parce que c’est cette racaille qui vient mettre des bombes chez nous, tuer nos enfants et violer nos femmes, voire l’inverse, et surtout, prendre le boulot des vrais français et faire plein d’enfants pour toucher les allocations, poussant à la ruine notre beau pays bleu- weiß-rouge.

Alors on en est encore là ? 7 679 493 dégénérés congénitaux embrassent cette pensée archaïque, erronée à tous les points de vue et tellement contraire aux valeurs de la France ? Et tout le monde trouve ça normal ? Le Front National, qui se veut défenseur des traditions françaises, est tellement éloigné et à l’opposé des valeurs du pays, c’en serait risible si ce n’était pas si navrant. La banalisation de ce parti de la haine est une honte. Un affront non seulement aux valeurs de la République, mais aux valeurs humaines, tout simplement.

Je sais que c’est facile pour moi, de dire ça, bien au chaud dans mon petit pavillon de banlieue. Dans ma petite vie de nanti tandis qu’au-dehors, la pauvreté est un fléau en constante évolution. Mais dans toutes les villes où il a été élu, l’extrême-droite n’a jamais rien réglé à ce niveau (si, pardon, il a réglé le problème des familles les plus démunies en s’attaquant à leurs enfants, en leur supprimant la gratuité et les tarifs sociaux de la cantine scolaire). Et ne me dites pas « oui mais au moins, ce parti, on ne l’a jamais essayé ». N’ayez pas la mémoire courte. 77 ans, c’est une pichenette au regard de l’Histoire. Et il suffit d’observer nos voisins polonais pour comprendre : contrôle des médias, fin de l’autonomie de la justice, révision de l’Histoire du pays, fuite des entreprises étrangères, dégradation du climat des affaires…

Réagissez, bordel. Levez-vous. Soulevez-vous. Bougez-vous le cul.

Parce que personnellement, quel que soit mon vote au premier tour, à gauche, au centre ou à droite, jamais je ne soutiendrai le parti de la haine et du racisme. Jamais je ne ferai le jeu de la xénophobie. Jamais je ne cautionnerai les idées nauséabondes du Front National. Et dimanche prochain, s’abstenir de voter Macron par déception ou par attitude de pucelle, c’est offrir un boulevard à la haine.

Vous aurez fait votre choix. En votre âme et conscience.