Publié le Dimanche 2 avril 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Espèce d’enculé de sale buniul

Comme prévu, mon édito de la semaine dernière a fait couler beaucoup d’encre virtuelle. J’avoue que j’avais le secret espoir de recevoir quelques emails du genre « oui, je ne voyais pas ça sous cet angle, tu n’as pas tort », qui aurait été un premier pas vers la rédemption et vers une certaine forme d’intelligence de réflexion.
Mais non. Je surestimais l’électorat frontiste dont la connerie, finalement, n’a d’égard que la violence.

Je vous passerai les mails anonymes (merci gmail) façon « espèce d’enculé de sale bougnoule » ou « t’as qu’à aller habiter chez eux si tu les aimes tant que ça », voire même un petit « on aurait dû finir le boulot avec ta famille dans les chambres à gaz ».
Je vous passerai les menaces de poings dans la gueule, de passage à tabac ou même de sodomie avec matraque, dans des langages très fleuris malheureusement bien trop souvent émaillés de fautes d’orthographe que même ma fille en CE2 ne fait plus (on écrit bougnoule, bordel, pas buniul).
Je vous passerai même ce mail à la gloire d’Hitler, avec moult photos illustratrices.
Tous ces petits messages attentionnés sont une preuve supplémentaire, pour ceux qui sont trop cons pour s’en rendre compte, que les nazillons de seconde zone se retrouvent totalement dans les idées de l’extrême-droite et sont prêts à monter au créneau pour défendre leur parti. Si vous estimez que vous êtes bien à défiler à leurs côtés, ça vous regarde.

Je m’attarderai juste sur les « de toutes façons, tous les partis sont tenus par des pourris » qui ne justifie en aucun cas, quand bien même la phrase est avérée (ou pas loin de l’être), de se tourner vers le pire.

Bref. Je ne reviendrai pas sur mes convictions les plus profondes développées la semaine dernière sur, finalement, l’imbécilité crasse et haineuse de ce choix de vote malheureusement soutenu par plus d’1/4 d’abrutis selon les sondages.

Non. Aujourd’hui, j’ai juste envie de vous parler de soleil, de bourgeons, de mouchoirs, de handicapés et d’huile de palme. Dans le désordre.
J’ai décidé de bannir, au grand dam de mes gamines, l’huile de palme de notre consommation. Pour la simple et bonne raison que, en tant que fan inconditionnel de Terry Pratchett, je ne peux rester insensible au sort des orangs-outans. Une espèce au bord de l’extinction, qui subit de plein fouet l’expansion de la culture du palmier à huile.

Alors bon. Qu’il soit responsable de l’exploitation d’enfants, qu’il soit source de travail forcé en Indonésie, ou qu’il soit pété d’acides gras saturés néfastes pour la santé, passe encore. Je peux supporter. D’abord, hein, tout le monde a le droit de bosser, même pour un salaire de misère, même quand tu as six ans. Et un petit coup de fouet dans la gueule de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal. Mais qu’on dézingue des orangs-outans par centaines pour planter des arbres à la con, ça, faut pas déconner. C’est aller trop loin.

J’ai donc décidé de bannir l’huile de palme. Donc le Nutella (55% de sucre, 17% d’huile de palme). Donc la quasi-totalité des biscuits industriels (depuis quand, bordel, ose-t-on mettre de l’huile de palme dans les madeleines ?). Vous allez me dire, c’est un peu comme pisser dans l’océan : ça ne va pas faire monter le niveau de l’eau. Mais au moins, j’y mets ma petite goutte quand même.

Et de me demander, finalement, pourquoi les gouvernements, sachant ses effets néfastes, ne l’interdisent pas tout simplement. Ah oui, pardon, j’oubliais les petits cadeaux offerts par l’industrie agro-alimentaire. Pardon.
De la même manière, je me demande aussi pourquoi le handicap n’est pas au cœur des débats présidentiels, la France faisant office de mouton noir quant aux équipements handicapés et à leur prise en charge. Ah oui, pardon, parce que les handicapés, on s’en branle, c’est vrai. Et puis on n’est pas près de les voir défiler avec leurs chaises roulantes place de la Bastille. Faudrait déjà qu’ils arrivent à descendre les marches de chez eux pour ça. Ha ha ha.

Et enfin, une bonne fois pour toutes, j’aimerais qu’on me bétonne la gueule de tous ces champs et toutes ces forêts près de chez moi. Ça m’éviterait d’avoir la gueule d’un boxeur poids plume après dix rounds passés à se faire matraquer les yeux et le nez par un boxeur poids lourd. Putain d’allergies. Et vous vous demandez pourquoi je suis de mauvais poil en ce moment ? Faut pas chercher bien loin, hein.