La chronique cinéma de Paf ! : A cure for wellness

 

Publié le Samedi 25 mars 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

La chronique cinéma de Paf ! : A cure for wellness

Tu la sens ma petite anguille ?


A cure for wellness

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Etrangement ré-intitulé « A cure for life » en France, le nouveau Gore Verbinski s’annonce comme l’une de ses traditionnelles revisitations pop-corn du film de genre tel « Le mexicain, « Pirate des Caraïbes » ou « Lone ranger ». Malheureusement, il en conserve la durée habituelle et 2h30 pour un film d’angoisse, ça parait long comme cinq points de suspension…..

Mais la bande-annonce était par trop alléchante :


De fait, je me disais par avance qu’en coupant un peu ici et là, je trouverais bien dans ce nouvel opus du réalisateur de « La souris / Mouse Hunt » (96 minutes !!!) ces petites perles cinématographiques émaillant son cinéma tout aussi original et visuellement extra-ordinaire par endroit, que généralement ennuyeux du point de vue dramaturgique sur la durée de tout un film.

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Et je n’ai pas été déçu mais je suis d’un âge certain : le sien sans doute en termes de cinéphilie et de culture gothique. J’ai ainsi pris un grand plaisir à « A cure for life », pop-corn Movie pour adultes de la plus belle eau, même si elle reste très troublée par ce qui y nage. Mystère, mystère…

Voici deux ans, Guillermo del Toro avait lui aussi réussi à mener à bien son projet d’hommage au gothique littéraire et cinématographique : le formidable « Crimson Peak », dont je vous avais dit ici en son temps le plus grand bien.

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Cet hommage, Del Toro l’avait souhaité XIXe siècle, anglais et rouge sang, Verbinski a choisi pour sa part une version contemporaine, suisse et vert d’eau.

Certes, dans les deux cas, le scénario est des plus prévisibles mais c’est précisément là ce qui fait le charme de telles revisitations d’un genre : ces deux auteurs néo-gothiques se jouent en effet des codes établis par Hugh Walpole ou Ann Radcliffe en littérature, puis par la Universal ou la Hammer deux siècles plus tard sur nos écrans. Pour autant, là où Del Toro transcendait son hommage en nous offrant un condensé poème gore à la Poe version Corman 2017, le toujours verbeux Verbinski dilue son sujet dans des scènes trop longues et parfois redondantes entre elles, quand d’autres auraient mérité plus de clarté, voire de cohérence*.

Pour autant, j’ai particulièrement apprécié son jeu labyrinthique de caméra et de décors et l’interprétation du film est sans faille : le toujours juste Jason Isaac compose un excellent Vincent Price des plus suaves et inquiétants tandis que le jeune Dane DeHaan lui oppose un non moins cynique Di Caprio trader, perdant pied peu à peu dans une réalité lui échappant.

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J’avais beaucoup aimé cet acteur en James Dean dans le fort ennuyeux « Life » (2015) d’Anton Corbjin et il prouve ici son appétence pour le cinéma fantastique : on l’avait découvert dans « Chronicle » il y a cinq ans, la géniale série B zombiesque « Life after Beth » avait contrebalancé en 2014 l’énorme daube Spider-Man 5 où il jouait Harry Osborne et Luc Besson l’a choisi pour être son Valérian dans son Ambassadeur des ombres : Vivement juillet 2017 !

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Certes, il est vrai que « A cure for life » aurait beaucoup gagné à être ramassé autour de sa première partie installant magnifiquement l’action (entre milieu aseptisé et cynique des traders et charme intemporel et insouciant des Alpes suisses : « Qui va encore en cure thermale en 2017 ? » s’écrie quasi-horrifié l’un des traders) et de sa dernière explosant en grand-guignol particulièrement jouissif. Toutefois, poursuivant le chemin tracé par Brad Pitt dans son « world war Z » ou Alfonso Cuaron dans son remake de « L’ours », Verbinski nous offre un pop-corn movie avec de vrais scènes pour adultes dedans : masturbation perverse, meurtres à la pelle, torture à la roulette, viol incestueux, animaux assassinés ou assassinant,…

Ce qui était hier suggéré ou mal fait ou interdit par la technique ou la censure est désormais en gros plan et en plan-séquence. A-t-on gagné au change ? Oui certainement parce qu’en cette année 2017, il y en a vraiment marre des mecs en collant, des robots et des jedis qui détruisent des quartiers entiers – blockbuster oblige ! – sans que jamais les victimes de leurs petites guerres ne soient mises en avant, sans que la violence de ces blockbusters pour enfants de huit ans n’apparaisse ce qu’elle est : brutale. Au secours, M. Verhoeven, revenez !

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Alors oui, j’avoue, j’ai bien aimé « A cure for wellness » et le temps pris par Verbinski pour nous balader scénaristiquement et visuellement dans sa Montagne magique. Si je vous le conseille, j’ignore cependant s’il vous plaira autant qu’à moi ou vous déplaira autant qu’à ce couple de quinquagénaires devant moi dans la salle et qui ont peu goûté certaines scènes peu ragoutantes du film. Le problème en l’occurrence est que les gens appréciant Thomas Mann ne sont pas forcément fans de Dario Argento…

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Mais si vous aimez l’horreur et le fantastique, allez voir « A cure for life » et au gré de votre culture personnelle, Verbinski vous renverra consciemment ou non à des souvenirs de lecture ou de cinéma bis, le tout enveloppé dans une telle perfection visuelle qu’il serait dommage de ne pas le voir en salles. Alors, alors, peut-être (re)verrez-vous à sa suite quelques chefs d’œuvres et autres petites perles du cinéma bis d’une grande originalité. Un bon film donnant l’envie d’en (re)voir d’autres encore meilleurs ne saurait être mauvais…
 
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* Que foutait la scripte, par exemple, quand DeHaan insère sa béquille dans une porte se refermant, alors même qu’il est sensé être caché derrière celle-ci !

 

 
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