Publié le Dimanche 18 décembre 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Le Père-Noël existe, je l'ai rencontré

Chaque année, la question revient. Chaque année, les médias en font les gros titres, façon « vous êtes des cons, nous on va vous expliquer comment élever vos enfants », le tout à grands renforts d’explications de psy qui, d’ailleurs, n’ont généralement pas de gamins eux-mêmes. Mais qui savent. Eux. Alors que vous, ha ha ha, vous êtes vraiment des tanches.

« Faut-il ou non faire croire à ses enfants au Père-Noël ? »

Je vous préviens de suite, la tendance actuelle est « NON ». En lettres capitales. Les psys vous expliquent les risques d’un traumatisme de petite enfance doublé d’une perte de confiance dans l’autorité parentale qui entraîne inévitablement une perte de confiance en soi.
Bref, faire croire au Père-Noël transforme votre gamin en petite merde, voire dans le meilleur des cas, en psychopathe.

C’est vrai qu’on voit souvent des enfants poussés au suicide, à l’âge de 7 ou 8 ans, quand ils apprennent qu’en fait, le papa Noël, ce sont les parents. Ou alors qui décident de prendre les armes et de faire le djihad, commençant par s’entraîner en décapitant tous les Playmobils ou les Barbies. Ces putains de symboles du capitalisme pourri. Attention : Notez bien que décapiter les Lego, ça ne compte pas, vu que leurs têtes sont amovibles de toute façon.

De la même manière, on voit souvent des adultes dont cette intime blessure remonte à la surface pendant les périodes de fêtes, se jeter sur les Pères-Noël des grands magasins pour les latter à coups de cadeaux factices et de rennes en plastique, en hurlant « putain de charlatan ! Moi j’croyais en toi mais t’es qu’une pourriture ! ».

Bon, ok, si, ça peut arriver qu’on décide de latter le Père-Noël. Enfin, moi, ça m’arrive. Mais c’est juste pour le sport, quoi. Tenez, dimanche dernier, j’étais sur un marché de Noël avec ma famille. Un type déguisé en papa Noël faisait le tour des stands avec un panier de bonbons tout en agitant une clochette. Quand il a secoué cette dernière près de mon oreille, provoquant une surdité passagère extrêmement désagréable, j’aurais pu lui enfourner dans sa petite hotte, histoire qu’à chaque fois qu’il fait « ho ho ho » ça s’accompagne d’un « cling cling cling » étouffé.
Mais non. Je lui ai juste souri avec tendresse en lui déclarant « tu refais ça, je te défonce, gros enculé, toi et tes putains de lutins. »
Normal, quoi. Esprit de Noël.
Bon. Il a fallu expliquer à ma petite dernière que non, papa n’a pas fait peur au Père-Noël et du coup, on n’aura pas de cadeaux. J’ai dû lui dire que c’est un faux Père-Noël et que, attends, tu vas voir, je vais te prouver que ce n’est pas le vrai.
Bon. Après, il a fallu lui expliquer que non, papa n’a pas rasé le Père-Noël, il a juste piqué sa fausse barbe en coton, regarde, y’a même un élastique. Mais au final, je crois qu’elle m’a cru.

Toujours est-il que, voilà, personnellement je suis pour faire croire au Père-Noël. Un peu de poésie dans ce monde de merde, quoi. Les gamins sont tellement assaillis toute l’année d’images et de faits auxquels ils ne devraient jamais être confrontés, tellement de violence et de haine, qu’un peu de magie, de lutins, de gros type rouge qui file des cadeaux, de rennes qui viennent chier sur la pelouse et y’en a même un qu’est tellement bourré qu’il a le nez rouge, ça ne peut que leur faire du bien. Voilà, c’était le paragraphe prosaïque de l’édito…

N’empêche qu’un jour on finira par comprendre qu’il faut brûler les psys. Hop, en Place de Grève. Sans combustible, histoire qu’on s’y reprenne à plusieurs fois et que ça dure plus longtemps.

Parce qu’on a tous, besoin, en fait, de croire au Père-Noël. On a tous besoin d’un peu d’amour, un peu d’innocence… Et oui, beaucoup de cadeaux aussi, j’avoue. D’ailleurs, même quand on n’a pas été sage, on reçoit des cadeaux. Regardez… j’en reçois bien chaque année. Si c’est pas la bonne preuve qu’il existe en vrai, le Père-Noël !

Sur ce je vous laisse. Je vais de ce pas dire à ma gamine qu’en fait, les cadeaux viennent des parents, et que maintenant qu’elle est au courant, elle doit en faire aussi, du coup, il lui reste moins d’une semaine pour casser sa tirelire et faire les boutiques. Non mais. C’est vrai quoi. Moi aussi j’en veux des peluches BB-8, des figurines Pokémon et des petites robes à froufrou. Y’a pas de raison.