Publié le Dimanche 11 décembre 2016 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'Edito du dimanche
Moments de solitude
« Bonjour, je m’appelle Cedric et je suis alcoolique. »…
…
…
Euh, les gars (et les filles)… normalement, c’est à ce moment-là que vous êtes sensés répondre « Bonjour Cedriiiiiic » histoire de me faire comprendre que nous sommes un groupe solidaire et que j’y suis le bienvenu, que nous sommes une grande famille, et que nous allons tous nous entraider dans ce long chemin vers la rédemption. Amen.
Bon. Je reprends.
« Bonjour, je m’appelle Cedric et je suis alcoolique. »
Bon, ok, ce n’est pas tout à fait vrai. Certes, je ne crache pas contre un petit verre de temps à autre. Et bien entendu, je ne crache pas sur son petit frère non plus. Qui serais-je d’ailleurs pour salir de salive une si sympathique famille de petits verres ? Mais je ne recueille pas non plus tous les petits verres qui fuient leur bouteille. Je bois avec ma femme, et avec modération. Comme ça nous sommes trois. D’ailleurs, au passage, j’aurais largement préféré que ma modération à moi soit une jolie p’tite nana bien gaulée au lieu d’un sale trou du cul d’angelot qui me martèle un « rhôôô c’est pas sérieux, tu vas avoir des problèmes si tu accueilles un nouveau petit verre ». Mais on fait quand même avec. Tant pis.
De toute manière, vous n’êtes pas tout à fait non plus un groupe des Alcooliques Pas-si-Anonymes-que-ça. Et puis, si j’en vois un qui se lève pour applaudir la performance quand je déclare que je n’ai pas bu depuis 12h au moins, j’lui claque la gueule. Non mais c’est vrai. Au lieu de jouer l’otarie, il ferait mieux de dépenser son énergie à aller m’acheter une bonne bouteille pour remettre le compteur à zéro.
Bref, je ne suis pas plus alcoolique que n’importe lequel d’entre vous, mais c’était une manière comme une autre d’introduire le sujet de ce nouvel édito. Et mine de rien, une intro qui vous remplit déjà une demi-page sans que vous n’ayez encore rien raconté, c’est une bonne intro. Enfin, pour moi qui suis toujours adepte, semaine après semaine, du « qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur raconter de nouveau à cette bande de voyeurs ? ».
Enfin. Lançons-nous en racontant avec verve (avec un v et non pas un g) les quelques idées qui me sont venues cette semaine et que je voulais partager avec vous. Parlons, par exemple, de lundi dernier.
Lundi 12 décembre 2016. 17h38. Alors que j’attendais patiemment le tram, tout en expliquant avec sérieux à une petite étudiante en jeu vidéo que « j’connais tout le monde, j’ai plein d’amis, sans problème je te dégotte un stage chez n’importe quel studio de développement, suffit de demander, de demander et d’être très gentille, s’tu vois c’que j’veux dire », deux énergumènes ivres morts arrivèrent et s’affalèrent plus qu’ils ne s’assirent à mes côtés. Ni une ni deux, je voyais fuir à l’autre bout du quai un landau tiré par une mère affolée, deux jeunes étudiants choqués, une petite vieille terrorisée et une ménagère outrée tirant son cabas. Ainsi que ma proie. Enfin, ma petite étudiante, quoi.
Pour ma part, ne voyant pas pourquoi je cèderai une once de terrain face à l’adversité éthylique, je restais immuable.
Du coup, trouvant pour une fois face à eux quelqu'un qu'ils ne faisaient pas fuir, les deux spontex entamèrent la discussion.
Tout aussi imbibés étaient-ils, ma foi, ils étaient tout à fait sympathiques. Après m’avoir proposé six fois de boire un coup avec eux – chose que je refusais poliment parce que boire, oui, mais pas en public –, et après en avoir aidé un, plus arrosé que l’autre, à monter dans le tram, je les écoutais me raconter leur vie, leur quotidien, leurs joies et leurs désillusions.
Après quelques minutes de discussion et après avoir quand même expliqué deux fois à l’un d’entre eux que je ne parlais pas Kabyle et que s’il voulait une réponse à sa question, il fallait qu’il me la pose en français, ils quittaient la rame non sans me remercier de ma gentillesse et me souhaiter, ainsi qu’à mes proches, de belles fêtes de fin d’année.
Seulement en descendant du tram, l’un d’entre eux glissait sur le bas de la porte, humidifié par les récentes pluies, et chutait lourdement sur le quai. Il lui fallut au moins 30 secondes pour se relever, non sans aide. Un passager à l’œil rieur ravala prestement ses railleries devant mon air de défi qui signifiait sans détour un « vas-y, balance une vanne histoire que tu ailles faire l’expérience d’aller ramasser tes dents sur le quai, sale con ».
Le tram reprenait sa route. Ma petite étudiante se rapprochait et me glissait son numéro de téléphone dans la poche tandis que le voyageur à l’œil rieur sortait à la station suivante en me lançant un « au revoir monsieur » alors que je ne le connaissais ni d’Eve ni d’Adam, ni d’Abel, Caïn, Seth, Awan ou Azura d’ailleurs.
Ce n’est que le soir venu, bien enfoncé dans le fauteuil de la première classe d’une voiture TGV, que je repensais à cette chute et me demandait alors : « est-ce que moi aussi j’ai déjà eu des moments de solitude liés à l’alcool ? ».
Et effectivement, j’en ai eu quelques-uns. Comme cette fois où je me réveillais à côté de Marina. Une sublime jeune demoiselle aux cheveux bruns et aux yeux d’un bleu qui étaient un appel au voyage allant parfaitement avec son prénom. Une beauté parfaite aux courbes généreuses et au sourire franc. Je l’avais rencontrée la veille dans une soirée et ramenée chez moi. A l’époque j’étais jeune, célibataire, et je vivais seul dans un petit studio du côté de Nation, à Paris. Nous restâmes toute la matinée lovés dans les bras l’un de l’autre, et je vous passerai les détails de ces quelques instants magiques. Marina était douce. Marina était belle. Marina était offerte à mes caresses.
Ce n’est qu’en partant pour son déjeuner de famille pour lequel elle avait déjà une heure de retard, heure qu’elle m’avait offerte, préférant rester dans mes bras, qu’elle m’embrassa et me murmura à l’oreille « Au fait, je ne m’appelle pas Marina mais Chloé ».
Vous avez aussi ce moment où vous passez la nuit chez une de vos conquêtes d’un soir. Vous savez que son frère et sa sœur dorment dans les chambres d’à-côté. En pleine nuit, pour évacuer un trop plein de liquide, vous titubez jusqu’aux toilettes… pour ressortir et vous rendre compte que vous ne vous souvenez plus de quelle chambre vous êtes sorti…
Mais l’histoire ne s’arrête pas là…
Vous décidez, finalement, pour ne pas créer d’incident diplomatique en vous trompant de lit, de dormir dans le salon, sur le confortable canapé.
Ce n’est que le lendemain, alors que vous voyez débarquer la mère de la demoiselle, que vous vous rendez compte que vous êtes totalement à poil, avec juste un coussin pour cacher votre intimité. Quand vous lui expliquez le problème, elle vous demande en riant si vous étiez dans la chambre de Caroline ou Julie… et vous vous retrouvez totalement incapable de vous souvenir du bon prénom.
Et pour couronner le tout, quand les deux sœurs se lèvent, vous n’êtes pas même fichu de vous souvenir du bon visage…
Bref, des moments de solitude liés à l’alcool, j’en ai eu. J’en ai eu d’autres, notez bien. Pas forcément en rapport avec des nuit passées avec des demoiselles, d’ailleurs. Parce que se réveiller au petit matin en plein milieu d’un parc avec un pote alors que vous aviez passé la nuit chez lui, que le parc se trouve à plus de dix bornes de là et que vous ne savez absolument pas comment vous êtes venus, c’est aussi un de ces instants qui vous fait vous poser de nombreuses questions (à ce jour, d’ailleurs, nous n’avons toujours pas la réponse… juste quelques hypothèses).
Sur ce, je vous laisse avec ces quelques souvenirs. En espérant que vous voudrez bien en partager certains des vôtres dans les commentaires…
Commentaires
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a propos du sujet abordé, je me permettrais de te recommander une littérature adaptée Ainsi que celle-ci pour ta gentillesse au quotidien envers le genre humain
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toujours aussi barré l'édito
a propos du sujet abordé, je me permettrais de te recommander une littérature adaptée Ainsi que celle-ci pour ta gentillesse au quotidien envers le genre humain
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Inscrit le 21/12/2011
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Parce que se réveiller au petit matin en plein milieu d’un parc avec un pote alors que vous aviez passé la nuit chez lui, que le parc se trouve à plus de dix bornes de là et que vous ne savez absolument pas comment vous êtes venus, c’est aussi un de ces instants qui vous fait vous poser de nombreuses questions (à ce jour, d’ailleurs, nous n’avons toujours pas la réponse… juste quelques hypothèses).
Suite à l'observation de ce phénomène chez pas mal de connaissances, l'explication est simple. L'éthanol est, comme chacun sait, un désinhibant à faible dose, un euphorisant à plus forte dose et enfin un poison à haute dose. Cependant, à une certaine dose très précise (ça se joue au micro-gramme par litre de sang) et différente chez chaque individu , l'éthanol est un téléporteur. Parfois la destination est connue, parfois non.
A une autre concentration aussi très précise - je l'ai vécu, je peux en parler - l'éthanol permet le voyage dans le temps. Bon que vers le futur et on ne revient pas dans le passé, mais il s'agit d'un saut temporel. Exemple : il y a de ça quelques années, j'étais dans un club bondé à faire une grosse fête avec des amis. Après m'être enfilé la quasi-totalité d'une bouteille de vodka - les gens buvant très peu à la table où j'étais - je prends la direction des toilettes pour changer l'eau du bocal. Vidange faite, je vais au lavabo me laver les mains et vérifier ma subjuguante beauté face au miroir. Je m'admire quelques secondes, puis j'ouvre la porte des toilettes et découvre le club totalement désert. Je fonce vers la sortie sous le regard étonné des videurs qui croyaient le dernier clubbeur parti et me retrouve sur le parking quasi désert. Bref, un saut temporel de plusieurs heures sans bouger de place, incroyable !
Buvez donc sans modération et faites avancer la science.
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Je peux bien vous l'avouer maintenant: voilà quatre ans ans que je suis le Gizmo et lui recommande d'user de ses éditos pour parfaire la thérapie que nous avons entrepris ensemble à l'Institut. Tous n'ont pas été depuis lors à la hauteur de ce que nous essayions d'accomplir sur le plan thérapeutique et nombreux sont ceux qui - à l'instar de celui de la semaine passée - ont été mal compris par vous, ses chers lecteurs. Mais je crois qu'il est sur la bonne voie aujourd'hui et que Marina, Laphroaig, Caroline, Carlsberg et Julie sont du passé. Il ne pense désormais presque plus qu'à ses femmes: épouse, filles et Nadine Morano.
Surtout, n'hésitez pas, comme Mikis vient de le faire, à partager ici vos expériences: admettre un petit verre pour l'homme, c'est admettre une grande bouteille pour l'humanité.
Dr Paf!
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Ecrit par Tidus
Rien de la sorte de mon côté, je ne bois pas d'alcool.
Et Comment tu expliques ça ? Si ce n'est pas l'alcool ou la drogue. (ce personnage si ce n'est pas clair, se nomme Tidus, Final fantasy X)
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Ecrit par scudikRha monstre je déteste cette scène
Et Comment tu expliques ça ? Si ce n'est pas l'alcool ou la drogue. (ce personnage si ce n'est pas clair, se nomme Tidus, Final fantasy X)
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