Publié le Dimanche 27 décembre 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Esprit de Noël es-tu là ?

Alors, Noël, ça s’est bien passé ? Vous avez été gâtés ? Vous vous êtes empiffrés de canards et d’oie maltraités, de chapons génocidés, de crustacés décimés par millions et de saumons au mercure ? Vous avez reçu et offert des tas de cadeaux fabriqués par des enfants traités comme des esclaves, à qui l’on massacre la jeunesse pour quelques centimes d’euros par jour, dans le seul but de satisfaire votre petit égocentrisme capitaliste ?

Hein ? Non, non, il ne s’agit pas d’un cri végan qui a réveillonné à coups de carottes râpées et de cèleri rémoulade. Déjà, parce que je n’aime pas le céleri. Ensuite, parce que moi, perso, qu’on maltraite des saumons, des oies, des canards, des chapons ou des petits enfants asiatiques, j’m’en cogne, pourvu que le produit soit bon.
Non, je demandais ça juste comme ça. Juste pour l’esprit de Noël. Histoire de savoir si vous avez encore une âme et qu’on peut vous culpabiliser un brin. Mais apparemment non. Vous êtes pourris jusqu’à la moelle. Je n’en doutais pas vraiment, cela dit. Et ce n’est pas moi qui vais vous jeter la pierre. Ou alors si, dans la gueule, juste pour déconner. Esprit de Noël, j’vous dis.  Et puis d’ailleurs, en fait, à bien y réfléchir, j’m’en balance de savoir si vous avez passé un bon Noël ou si vous avez fini à vomir une huître frelatée ou vous vider d’une gastro foie gras. Moi, j’ai eu beau chercher sous le sapin, je n’ai pas eu un seul vrai cadeau.

Faut dire, ça n’est pas forcément très étonnant. Pour en avoir, il aurait fallu que je sois sage. Et pour le coup, cette année, c’est foiré. Comme les années précédentes, me direz-vous. Mais les années précédentes, faut croire que j’arrivais à faire illusion.
Mais c’est comme ça. Pas sage, pas de cadeau.
J’avais pourtant demandé plein de choses. Une bouteille de whisky. Ou deux. Ou trois. Ou six. Ou douze, éventuellement. Et une petite cuillère. Juste une petite cuillère. J’aime bien les petites cuillères. C’est fou ce que l’on peut faire avec une petite cuillère. J’ai coutume de dire qu’il est admis qu’il y a 51 manières de tuer un homme avec une petite cuillère. J’ai élevé la maestria de la petite cuillère jusqu’à en connaître 54. Je me promène toujours avec une petite cuillère sur moi. Seulement l’ancienne commence à s’user un peu, du coup, j’aurais bien aimé en avoir une nouvelle.
Mais non. Ni whisky, ni petite cuillère. Rien. Que dalle.

Ah si. Pardon. Pour Noël, j’ai reçu des cure-dents en plastique vert. Je vous jure que c’est vrai. Alors certes. Dans mes mains, ça peut devenir très dangereux, des cure-dents. Même en plastique. Même verts. Mais quand même. Je me demande s’il ne s’est pas foutu un peu de ma gueule, le Père-Noël, cette année. Vous allez voir que l’année prochaine, il va me ramener une planche à repasser ou un aspirateur.

Non, cette année, il n’y en a eu que pour mes gamines et ma femme. Je t’en foutrais, moi, de la Barbie spéciale princesse de Noël, la peluche Olaf ou les rollers gris et rose. Sans oublier le nouveau vélo de madame. Le tout fabriqué par des petits enfants asiatiques traités comme des esclaves, j’vous dis. Moi, mes cure-dents, ils sont français. Fabriqués en France. Avec un brevet Français.

Du coup, j’ai crevé les yeux de la Barbie avec. J’ai planté la peluche Olaf comme un torero joue de la banderille. J’ai mis des pics dans le fond des Rollers. Et non. Je n’ai pas crevé le vélo. Parce qu’une chambre à air, c’est quand même chiant à remplacer. J’ai juste planté les pics sur la selle. Ça lui a fait tout drôle quand elle s’est assise.

Et finalement, c’est dingue ce qu’on peut s’amuser avec des cure-dents à Noël. Je n’imaginais pas. L’année prochaine, je compte sur lui pour m’offrir des poches à douille et des emporte-pièces. Voire même un thermomètre de cuisine ou une poire à jus. Je trouverai bien des manières de m’amuser follement avec.

Façon esprit de Noël.