Publié le Dimanche 30 août 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Je veux repartir

Le retour des vacances est toujours un vrai déchirement. A plusieurs niveaux. On était bien, en vacances. Alternant les baignades avec les séances de farniente avachi sur la plage. Quelques parties de raquettes à viser les gamins qui ruinent les bords de mers avec leurs châteaux de sables hideux, prouvant avec consternation qu’ils ne feront jamais carrière en tant qu’architectes. Quelques parties de volley-ball à moitié immergé, à viser les baigneurs qui pensent que garder leurs lunettes de soleil dans la mer, ça fait cool, mais qui du coup font nettement moins les malins quand il s’agit de les retrouver par deux mètres de fond.

On était bien en vacances. Bon, ok, les gamins sont comme toujours insupportables. Entre les « je veux un beignet ! je veux un beignet ! je veux un beignet ! » auquel on répond « Hé ho ! Sois poli ! Un beignet comment ? » « je veux un beignet… au chocolat ? ». Entre les « mais si maman, je t’assure que j’avais rangé les raquettes de badmington » parce que pour eux, poser dans l’herbe, c’est ranger, et que du coup elles feront le bonheur de quelqu’un d’autre qui n’a eu aucun scrupule à vous les gauler. Sans oublier les séquences d’engueulades parce qu’un gamin, en vacances, ça écoute encore moins, ça obéit encore moins, bref, ça fait chier encore plus. Mais on était bien en vacances quand même.

On était bien en vacances. Bon, ok, après deux semaines de régime alimentaire radicalement différent fait à base de fruits frais, de légumes frais, et d’alcool à volonté, on a tendance à avoir le bide en vrac, à faire des allers-retours sur les toilettes six fois par jour, et tant pis si on bousille l’équivalent d’une forêt en papier hygiénique durant tout son séjour. Mais on était bien en vacances quand même.

On se gavait de spécialités locales. On vivait à notre rythme, sans contrainte d’heure de levée, prenant le temps de lire tranquillement son petit journal le matin devant son petit café, déjeunant à point d’heure, dînant la nuit tombée, oubliant même l’existence de la télévision pendant toute cette période, voire même de son téléphone portable.

Et bim. Le retour. On prend 10 degrés en moins dans les dents. On retombe dans la grisaille. Dans le stress quotidien d’une existence passée à mille à l’heure, sans prendre le temps de profiter de tous ces petits instants qui pourraient s’offrir à nous quotidiennement. La rentrée c’est pour mardi. Il faut préparer les cartables, se ruer pour acheter les dernière fournitures scolaires. Le seul bain que l’on prend, du coup, c’est un bain d’une foule énervée, dans un supermarché bondé aux fruits et légumes cueillis verts, puis réfrigérés, venus de pays où la main d’œuvre est bon marché.
Il faut affronter les embouteillages fenêtres fermées, parce que les embouteillages pour aller au boulot, ça pue toujours le mauvais gasoil et le pot d’échappement mal entretenu. Alors que vous avez déjà remarqué ? En vacances, les embouteillages sur les routes des plages, on les fait fenêtres ouvertes et ça sent le pin et la lavande.

Et c’est le retour des insomnies.

Non. Franchement, la vraie vie, le quotidien, c’est de la merde. Laissez-moi repartir.