Publié le Dimanche 26 juillet 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

La pédale est morte

Le cyclisme m’a définitivement perdu. Bon, cela dit, il ne m’avait pas non plus totalement conquis, hein, mais je ne rechignais pas à regarder quelques étapes par-ci par-là, quand l’occasion se présentait. Surtout les étapes de montagne ou les contre-la-montre, qui sont à mon sens bien plus intéressantes et offrent bien plus de suspens qu’une simple étape de plaine.
Je n’ai jamais été fan de la dernière étape, simple promenade de santé, genre de défilé de cyclistes qui, s’ils n’étaient pas si pressés d’aller toucher leur chèque, s’arrêteraient limite pour prendre des photos devant les monuments dont ils croisent la route et faire une ou deux visites.
Oui, bon, il faudrait aussi qu’ils aient aussi l’intelligence de s’intéresser aux monuments, je suis d’accord. Du coup, ce n’est pas tout à fait gagné.

Mais bref. Le cyclisme, c’est fini. D’ailleurs, cette année, je n’ai pas jeté le moindre coup d’œil à ne serait-ce qu’une seule étape. Je m’en fous. Je divorce d’avec la pédale.
Bon, déjà, le cyclisme à la télé, c’est entrecoupé de paysages filmés par hélicoptère et commentés d’une voix monocorde chiantissime qui vous lit une page wikipédia. Alors oui, il parait qu’ils ont changé de type cette année. Mais dans l’annonce du job, pour être embauché, y’avait écrit « doit réussir à emmerder les gens même en leur racontant des trucs historiques intéressants à la base ».

Mais bon. A la limite, s’il ne s’agissait que de se taper des visites de sites par hélico, ça passerait encore. Seulement le cyclisme est devenu un gigantesque merdier où brigands et truands ont pignon sur rue. Ou plutôt sur route. Pire : ils sont acclamés par des milliers de personnes.
Depuis des années, les cyclistes jouent au chat et à la souris avec les contrôles anti-dopage, et ils ont suffisamment de moyens pour toujours avoir une longueur d’avance. Mieux encore : aujourd’hui, on parle de truande mécanique, à base de moteur planqué dans les guidons…
Oui, ok, d’accord, ce sont des « accusations fausses » faites par des « médisants aigris » et tout ce que vous voulez. Soit. On disait la même chose lors des critiques sur Lance Armstrong. Et année après année, dopages après dopages, affaires après affaires, on retrouve toujours les mêmes équipes, les mêmes dirigeants, les mêmes préparateurs physiques, les mêmes seringues, les mêmes produits. Et les mêmes performances. Cette année, les leaders du Tour de France ont des stats et vitesses identiques ou presque à celles de Lance Armstrong durant ses grandes victoires où il était chargé comme un cheval de course.

Alors certes. Continuez à être heureux lorsqu’on vous balance des mini-ciflards Cochonou à la tronche ou des casquettes Carrouf à pois tellement hideuses et de mauvaise qualité qu’elles ont dû être fabriquées par des gamins chinois trisomiques aveugles et manchots de surcroît. Les cadeaux, même de merde, ça fait toujours plaisir.
Mais elle est où, bordel, la beauté du sport là-dedans ?

Le foot essaie péniblement de se laver de ses magouilles et pots-de-vin, un peu comme s’ils voulaient se refaire une virginité. Même si faut pas déconner et qu’ils n’arriveront pas à nous faire prendre un banal sac plastique pour un nouvel hymen. La corruption zéro dans le foot ? Je n’y crois pas un seul instant. Mais soit. Ils font au moins l’effort de faire un ménage de printemps.
Par contre, le cyclisme, lui, continue de se masquer les yeux et encourage le dopage par son attitude lamentable. Lance Armstrong n’avait-il pas, en son temps, bénéficié des faveurs des autorités pour cacher ses tricheries, afin de sauvegarder un sport en crise et menacé (faussement) de boycott par les télévisions ?

Alors continuez d’acclamer en masse le succès de la chimie et des injections. Continuez de ruiner les bas-côtés et applaudir le génie de la micro-mécanique et des batteries miniatures. Continuez à vous réjouir de l’avancée du développement des produits masquants.
Pour ma part, j’éteins ma télé. Aujourd’hui, le cyclisme, je le préfère en jeu vidéo. Comme le foot, d’ailleurs. Moi mon admiration et ma ferveur, je la garde pour d’autres choses. Pour le rock, par exemple. Ah oui, certes, là aussi, y’a des gars chargés et des injections en masse. Mais au moins, ils ne s’en cachent pas. Et pour certains, ça leur offre un semblant de génie. Parce que se planter des aiguilles dans le cul chaque jour, enfiler un short moulant et se raser les guiboles comme une Miss France pour se taper trois semaines d'un bronzage ridicule impossible à rattraper même en cabine UV, perso, j’vois pas où il est, le génie.