Publié le Dimanche 4 janvier 2015 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Bonne année mon cul

Ouais, je sais, pour le premier édito de l’année, la tradition voudrait que je vous la souhaite bonne et heureuse, que je vous transmette mes vœux et que je vous fasse de grand sourire façon Ultrabright. Sauf que bon. Hein. Bonne année mon cul. Parfaitement. Et puis, vous êtes gentils, mais vous avez fait quoi, pour les mériter, mes vœux ? Qui me dit que vous ne violez pas des poulets en cachette, que vous ne frappez pas votre femme avec des bouquins pour que ça fasse moins de marques ou que, pire que tout, vous ne mangez trempez pas votre camembert dans le café du petit-déjeuner ? Et du coup, si je vous souhaitais la bonne année, ça reviendrait à vous soutenir dans ces déviances insupportables ? Parce que tout le monde sait que violer un poulet, c’est plus fun au grand jour, que frapper sa femme avec des bouquins, ça risque de corner les pages et que le camembert, merde à la fin, ça dénature le goût du café !

En plus, je ne veux pas dire, mais autant l’année qui s’achève s’est terminée pour moi sur des notes douces et heureuses, autant cette nouvelle année commence mollement comme jamais. Je ne sais pas ce que j’ai, mais j’suis vanné. Mal en point. Je me traine comme un malheureux, le physique en berne et le moral dans les chaussettes. L’un expliquant l’autre, bien entendu.
Déjà, j’ai un mal de dos à me faire hurler comme un loup à la pleine lune qui vient, en plus, de se coincer les valseuses dans un piège. Depuis plusieurs jours, je grimace, je grogne, je gémis au moindre mouvement un peu brutal ou dès que je dois rester un peu trop longtemps assis sur une chaise. « T’as qu’à aller voir un kiné » comme dirait ma chère, tendre et adorable épouse, qui m’aime tellement et qui est aux petits soins pour moi, ou du moins qui le serait sans doute si elle ne se sentait pas obligée d’ajouter « comme ça t’arrêteras de nous faire chier à te plaindre tout le temps ». Sauf qu’allez trouver un kiné, un ostéo ou un marabout disponible entre Noël et le Jour de l’An. Et puis je n’y peux rien, mais quitte à me faire tripoter les lombaires, je préfère une kiné, une ostéo ou une marabout.

Bon. Si ce n’était que cette insupportable douleur qui me terrasse parfois quand je veux, au choix, ramasser mes clefs de voitures tombées par terre, porter ma fille dans son lit quand elle s’est endormie dans la voiture, ou grimper sur ma femme avant que, elle, par contre, ne s’endorme, ça pourrait encore aller. J’suis un dur, moi, quoi qu’en dise mon épouse. J’ai vu tous les Rambo. Alors je supporte. Je gémis, mais je supporte.
Seulement en plus de ça, je suis complètement vanné. Une loque. Un déchet. Je me couche dans un état végétatif le soir, je me réveille déjà fatigué le matin. Je me traîne. Si on devait se coltiner une épidémie de zombies dès aujourd’hui, je suis certain qu’ils me battraient à la course.

Même le Réveillon du Nouvel An, tiens. Je me suis endormi à 23h45. J’ai raté la traditionnelle parade des échanges microbiens. A moins que mon inconscient ne se soit dit que j’allais faire chier toute l’assemblée à pioncer sur le canapé, comme un message de « bon, vous allez bientôt vous barrer ou quoi ? ». Ce serait bien possible aussi. Mais quand même. J’ai connu des années plus fastes où je n’étais pas le dernier pour balancer des serpentins dans la tête (ah ? fallait enlever le plastique ?) ou danser à poil sur la table. Voire aller cramer la voiture du voisin d’en face. Parce qu’il parait que ça se fait, le soir du réveillon. Et même si je l’aime bien, mon voisin d’en face, son chat vient chier dans mon jardin et ça a tendance à me gonfler. Une petite vengeance aux proportions raisonnables, quoi. De toute manière, c’est ça ou péter les genoux de son gamin. Enfin bref.
Pourtant, elles avaient toutes fait en sorte que la soirée se déroule à merveille. Stéphanie était là. Elle avait revêtu un petit ensemble string, mini-soutient-gorge et bonnet de mère Noël et ne cessait de me répéter qu’elle avait un joli cadeau pour moi dans sa petit hotte et qu’elle me le montrerait dès que son mari et ma femme seraient trop ivres pour se rendre compte de quoi que ce soit.
Maîtresse Carole était là aussi. Elle est carrément venue en peignoir, elle. Véridique. Ma main à couper. La droite, tiens. Celle avec laquelle je me… euh… je me lave. Mais je vous jure qu’elle est arrivée en peignoir. Dessous, elle avait enfilé une petite tenue de Mère fouettarde et ne cessait de me répéter qu’elle avait un joli cadeau pour moi dans sa petite HOT et qu’elle me le montrerait dès que son mari et ma femme seraient trop ivres pour se rendre compte de quoi que ce soit.
Seulement moi, à 23h45, rideau. Claqué. Une vraie loque, je vous dis. Il parait qu’elles l’ont mal pris. Je ne sais pas, Carole ne répond plus à mes appels et la dernière fois que j’ai croisé Stéphanie dans le supermarché près de chez moi, elle a changé de rayon et n’a pas répondu à mes salutations.

Moi, en tout cas, depuis, je me traîne. Je n’avance plus, je rampe. Je dors mal. Je me réveille mal. Je passe la journée mal. Je me couche mâle.

Laissez-moi dormir.

Au lieu de ça, ce matin, j’ai dû me lever à 7h30 du mat’ pour accompagner la gamine à sa journée spéciale saut d’obstacles à Cheval. Vont avoir ma peau, j’vous dis. Tiens, rien que là, en tapant l’édito, j’ai les yeux qui se f