Publié le Dimanche 28 juillet 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Coup de vieux...

Ouah. J’ai pris un méchant coup de vieux, hier. Le genre de truc qui vous plombe le week-end, qui vous assène un bon coup de massue derrière la nuque. Qui vous affaisse les épaules alors que vous marchiez, jusque-là, torse bombé et menton relevé.

Oui, je sais. C’est un sujet qui est assez récurrent dans les éditos : le temps qui passe… l’âge qui avance… Et pourtant, ce n’est pas particulièrement un sujet d’angoisse pour moi. Je vous assure. Même si je vais sur mes 40 balais. D’ailleurs, c’est en octobre prochain, ce serait sympa de commencer à réfléchir aux cadeaux que vous allez m’offrir.
En tout cas, je dois avouer ne pas m’en soucier spécialement. Ni même l’impression de les avoir. Surtout quand je regarde autour de moi, quelques fréquentions qui sont vieilles avant l’âge, et quelques jeunes qui agissent comme des petits vieux dans leurs habitudes et leurs modes de pensée ou de vie.
Peut-être que faire un métier assez dynamique, qui, même en pleine mutation aujourd’hui, véhicule une certaine jeunesse, joue dans cette impression. Plus le fait de fréquenter pas mal de jeunes qui n’ont pas forcément encore fêté leurs 30 printemps.
Et puis, peut-être que la maxime « être vieux, c’est dans sa tête » est vraie, au final.

Bref j’ai clairement un décalage entre mon âge réel et celui que je pourrais me donner… Certains y verront de l’immaturité. Si ça leur fait plaisir. Moi ça ne me dérange pas.
J’ai beau avoir 40 berges, être marié, avoir deux gamines, j’ai toujours envie de partir à l’aventure, de courir à poil dans les champs, de me pinter la tronche à en repeindre les géraniums dans des soirées entre potes où l’on danserait jusqu’au bout de la nuit…
Je ne dis pas que je n’apprécie pas un bon petit repas entre amis, très classique, de temps à autres. Mais voilà, quoi, je me sens quand même l’âme d’un gamin.
Tiens, d’ailleurs, si Lassion, la fée préférée des hommes, venait me voir demain pour me dire « je vais te faire un cadeau, je vais te rendre tes 30 ans », je lui rirais sans doute au nez en lui expliquant qu’à choisir, je préfère autre chose, vu que j’ai déjà 30 ans…

Enfin voilà, quoi. On se fout de mon âge, je suis un gamin et puis c’est tout. Je ne me sens pas particulièrement vieux.

Enfin… je ne me sentais pas particulièrement vieux jusqu’à hier…

Samedi après-midi, c’était activité supermarché. Parce que oui, parfois, il faut bien remplir le réfrigérateur. Et puis, croyez-le ou non, j’aime bien ça, moi, aller au supermarché. Ça reste pour moi le symbole de la liberté. Ça a été mon premier plaisir quand j’ai quitté le foyer parental : aller au supermarché. Pouvoir enfin acheter ce que je voulais. Me faire les plats que je voulais. J’étais libre !
J’ai donc toujours gardé un certain plaisir à aller faire les courses.
Mais revenons à la journée d’hier. Après avoir chargé un plein caddie de bière, de vin, de whisky et de lait (cherchez l’erreur), j’attaquai le solide.
Je vous épargne ici ma liste de courses pour me concentrer sur les faits, rien que les faits. J’étais seul avec mon caddie (femme, filles et maîtresses sont en congés) sillonnant les rayons et m’arrêtant çà et là pour choisir quelques produits. Et durant mon périple, je croisai à plusieurs reprises une dame, seule également. Entre sourire et « pardon » échangés, nous nous « gênions » à plusieurs reprises à cause de l’exiguïté des allées et parce que c’est toujours quand il y a le plus de monde, à savoir le week-end, que les employés décident de remplir les rayons et laissent trainer leurs énormes palettes en plein milieu du chemin, réduisant d’autant la capacité à circuler.
Au bout de plusieurs rencontres avec cette dame, tout à fait charmante au demeurant, je me posai quand même quelques questions. Je tentai alors tour à tour de ralentir ou d’accélérer la manœuvre… et me rendai compte que oui, elle devait certainement attendre que j’arrive dans l’allée pour me croiser.
Amusant. Jusqu’au dernier rayon, celui des sodas, où elle me lança un « vite, 8x25 et 6x33, ça fait combien ? ».
Ayant quelques dispositions pour le calcul mental (c’est mon côté Rain Man), je répondai du tac au tac : 8x25=200 et 6x33=198, c’est donc quasiment la même chose ». Elle hésitait en fait entre deux conditionnements d’une eau pétillante que l’on ne sert que chez les amateurs de Tequila…
« Merci ! Vous avez remporté le jeu de calcul ! » me lança-elle alors. Et bêtement, sans réfléchir, je répondis « Et j’ai gagné quoi ? »…
« Une invitation à dîner ».
« Ah. Euh. C’est gentil. Mais je suis marié ».
« Moi aussi, ce n’est pas un problème ».
« Ah. Euh. Si. Quand même. Désolé. »
« Je vous laisse mon numéro si en sortant d’ici vous êtes rongé par les remords ? »

Alors certes. C’est toujours sympa de se faire draguer. La dame était belle, qui plus est. Une petite robe légère, à fleurs, tombant sur de longues et belles jambes et d’où une généreuse poitrine ne demandait qu’à sortir. Un petit carré blond, de larges yeux verts… Je vous assure qu’il y avait matière à craquer, même pour un type marié et avec des enfants.

Sauf qu’elle devait accuser quelques 50 à 55 printemps, à mon humble avis.

Ayant passé l’âge d’attirer les Cougars, on ne pourra donc pas la qualifier ainsi. Mais du coup, je me suis senti… vieux.
Je me suis dit que j’étais à l’orée de la bascule. Cette tranche d’âge où les jeunes vous regardent comme un vieux, et où vous commencez à n’attirer que des femmes plus vieilles, et non plus jeunes. Merde alors. Je n’ai pas envie, moi, de déambuler chez moi en charentaises. De garder ma chemise sur la plage. De mettre des vestes côtelées. De mettre une casquette de pépé en laine sur la tête.
J’ai toujours envie de me balader avec mes tee-shirts « Gremlins » ou « Mad Max », une casquette de baseball protégeant mon crâne chauve. Des baskets aux pieds plutôt que des mocassins à glands. Et je n’y peux rien, je préfère une bonne binouse à une infusion à la verveine.

Bon. Je noircis un peu le tableau. Il n’y a pas si longtemps (trois semaines, pour tout dire), une jeunette n’ayant pas encore la trentaine m’a proposé la bête à deux dos. Du coup, hein, je sais bien que je ne sens pas encore la naphtaline. Mais quand même. Sur le coup, je me suis posé des questions.

Sur ce, je vous laisse. Je vais aller m’acheter un tee-shirt Schtroumpf, des Kickers et je vais aller taguer des obscénités sur les wagons du RER. Ça risque d’être dur, parce que là où je vais trainer avec ma bande de potes, les trains ne s’arrêtent pas. Mais on va essayer quand même.

Et n’oubliez pas : mercredi, c’est l’anniversaire de Stéphanie (je ne sais pas si je vous ai déjà parlé d’elle, c’est une bonne amie). Parce que je ne suis pas un goujat que l’âge des femmes, c’est sacré, je ne révèlerai pas celui qu’elle va avoir. Mais bon. 40 ans, c’est un cap. Donc vous pouvez lui envoyer un mail à stephanie@gamalive.com pour lui souhaiter.

Sur ce, Vaya con Diablo, amigo.