Publié le Dimanche 31 mars 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Kleenex, psychopathes, homos et oeufs

On ne dirait pas comme ça, mais je quelqu’un d’extrêmement sensible. Je vous jure. Il m’est arrivé parfois d’être ému en écoutant une musique. Ou de pleurer comme une madeleine devant un film. Tiens, d’ailleurs, devant le petit ou le grand écran, je suis une vraie princesse. Je vous jure. Je pleure pour un oui ou pour un non. C’est parfois terriblement gênant. On ne dirait pas, comme ça, en me voyant, en me lisant ou en m’écoutant. J’ai l’air au choix d’un gros nounours moelleux, comme ces petites friandises à la guimauve recouvertes de chocolat, ou d’un dangereux psychopathe à peine échappé de l’asile après avoir égorgé les gardiens avec une petite cuillère.

C’est amusant, d’ailleurs, parce que la plupart des gens, comme mon amie Stéphanie - je vous ai déjà parlé d'elle ? - optent pour la seconde option. Mais en réalité, j’ai un cœur tout tendre. Tout doux. Tout guimauve, donc.
Bref, je suis un grand sensible. Qui pleure pour un rien devant un film.

Tenez, celui qui m’a, je pense, fait le plus larmoyer, c’est Se7en (Seven) avec Brad Pitt. Je veux dire… la fin… le coup du carton qui arrive par Fedex en plein désert. Cette scène est énorme. Une des plus formidables et insoutenable scène du cinéma classique. Et je verse des torrents de larmes à chaque fois.

Mais je vais pleurer aussi sur des films comme The Dark Knight, de Christopher Nolan. Le second épisode de Batman avec cette scène où le Joker révèle à Bruce Wayne qu’il ne pourra sauver qu’un seul de ses amis.

Bref, je suis Monsieur Kleenex. Mais pour des raisons oculaires, uniquement.

Bon. D’accord. Il y a tout de même une très légère différence. Une infime et insignifiante différence par rapport au commun des mortels. Si en fait je pleure devant ces films c’est que… le méchant meurt à la fin.
Ben oui. Je n’y peux rien, mais dans Se7en, John Doe, incarné brillamment par Kevin Spacey, est monstrueux. Une sorte de super méchant. Un grand Monsieur du Mal. Avec deux M majuscules. Enorme. Sa mort est une perte incommensurable pour tout psychopathe qui se respecte.
Idem pour Batman. Le Joker est exceptionnel et mériterait de régner sur Gotham. Complètement barré, complètement déchainé, avec des sautes d’humeur, un humour d’une rare élégance… Il mériterait d’être étudié à l’école.

Reste juste à savoir quelle école, hein.

Bon. Trêve de plaisanterie, nous sommes le Dimanche de Pâques. Jésus Christ est ressuscité. Alléluia.
Notez au passage que les œufs n’ont rien à voir avec l’Eglise. Tous les prêtres vous le diront : « n’offrez pas d’œufs qui coûtent cher, mettez plutôt dans le petit panier à la fin de la Messe ». C’est vrai, d’ailleurs, que ça coûte horriblement cher, ces machins. Le chocolat n’est déjà pas donné à la base, avec grosso modo du 10-15 € le kilo acheté en tablette, mais là, on frise l’indécence. Sous prétexte que c’est en forme d’œuf totalement vide soit dit en passant, on vous charge la mule et ça tape dans les 40, voire 60 € le kilo…
Mais je le répète, les œufs ne sont pas livrées par les cloches qui s’en vont à Rome, ni par des petits lapins coquins, ni encore par des cocottes durant la nuit qui elles-mêmes se transforment en chocolat si le premier rayon du soleil les touche.
Rien à voir avec la religion, Jésus n’ayant jamais été décrit en train de faire le poulet et d’essayer de pondre un œuf en chantant « le poussin Piou ». Même pas un lendemain de cuite avec les apôtres, parce qu’il fallait finir le tonneau de vin de messe qui allait se gâter sinon.
Du tout. C’est une tradition païenne (à ne pas confondre avec Paillarde, reposez donc les chocolats à la liqueur) qui nous vient de l’antiquité. De vrais œufs étaient alors offerts, peints, pour fêter l’arrivée du printemps. Un printemps qui a d’ailleurs bien du mal à s’installer cette année. Du coup, faites comme moi. Laissez tomber le chocolat et revenez aux vraies valeurs : cette année, offrez de vrais œufs. Mais si. Moi j’ai passé une journée à faire des petits dessins dessus. J’ai hâte de voir le visage radieux de mes enfants quand ils découvriront que ces petites merveilles peintes avec amour par leur papa chéri n’est pas en chocolat.

Et puis rien n’est perdu. On se fera une omelette.

Sur ce, je vais vous laisser. Il ne faut pas que je rate la sortie de la Messe de mon village. Depuis que j’ai atterri je ne sais comment dans la liste de diffusion catho de plusieurs de mes voisins et connaissances, je suis sur le qui-vive.
Dans cette liste de diffusion sont passés plusieurs e-mail d’appel au regroupement et à la manifestation anti-mariage homo, à base de termes peu élogieux qui qualifiaient notamment l’homosexualité de « maladie mentale » et appelait donc à faire barrage à cette « abomination de la nature ».

Entre nous, cette vague d’homophobie incroyable qui déferle sur notre pays me fait doublement mal au cul. Pardonnez-moi l’expression, même si on aborde le sujet de l’homosexualité.
Premièrement parce qu’initiée par une religion qui prône la tolérance et l’amour. On se rend compte que finalement toutes les religions se valent et qu’elles ne sont finalement que sectes haineuses et vindicatives.
Deuxièmement parce que c’est devenu, en partie par la faute d’un traitement médiatique exagéré, le point d’orgue de la lutte contre la Crise et contre le gouvernement Hollande. La France va mal, les gens vont mal, tout le monde en chie grave – pardonnez-moi une nouvelle fois l’expression – pour joindre les deux bouts, moi le premier soit dit en passant envoyez vos dons à la rédaction Dieu vous le rendra merci, bref, on nage en pleine gadoue économique et sociale et il faut pour certains une chose à laquelle se raccrocher et contre quoi lutter. Et ils ont choisi le « mariage pour tous ». Honnêtement, j’estime qu’aujourd’hui, plutôt que d’aller crier sa « haine du pédé » dans la rue, il y a bien d’autres motifs de mécontentement à aborder et contre quoi hurler et être furieux. Des motifs bien plus sérieux et plus importants. Le chômage. Le coût de la vie. La hausse des impôts. La hausse des diverses taxes. Ces deux dernières choses étant hallucinantes de mon point de vue puisque l’on met à genoux un peu plus les ménages alors qu’ils ne peuvent déjà plus faire face depuis longtemps.

Bref, il y aurait tellement mieux à faire que de se rallier derrière une ancienne star ratée du show-bizz qui a trouvé un moyen d’expression à la hauteur de son physique puisqu’elle aboie tant qu’elle peut.

Du coup, j’ai décidé d’aller faire la manche à l’église en chantant du Freddie Mercury et du Village People. En plus, il parait que c’est le curé qui m’a marié (oui, je suis marié à l’église, je sais donc de quoi je parle) qui officie aujourd’hui, parait-il. Je vais emmener mes gamines, tiens. On va bien s’amuser…

Allez, crevez tous d’une crise de foi, va.