Publié le Dimanche 3 mars 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Alors toi, tu vas avoir des problèmes...

On vit vraiment une époque de merde.
Oui, je sais, je tourne en rond, je râle encore, et de toute manière, je suis râleur-né. En fait, même pas. Enfin si. D’accord. Mon amie Stéphanie (j’ai un doute, je vous ai déjà parlé d’elle ?) acquiescerait sans hésiter en me traitant de « gros râleur, sorte de chieur hors catégorie ». Ce qui, soit dit en passant, est un peu le centre Hospitalier qui se fout du Planning familial, vu le caractère qu’elle se trimballe, non mais hein, et puis de toute manière, c’est elle qui a commencé alors bon.
Mais soit. Je suis un râleur. Mais je ne suis pas de ceux qui râlent à tort et à travers. Quand je m’emporte, j’ai mes raisons. De bonnes raisons. Je pourfends le courant. Je pourfends la mode et l’habitude. Je pourfends la connerie qui s’empare peu à peu de la société et qui nous pourrit la vie chaque jour. En fait, c’est ça, je suis un peu le Zorro du monde moderne. Le Superman des temps nouveaux. Sauf que vu mon amour pour les chevaux, voilà longtemps que j’ai vendu Tornado en le faisant passer pour un bœuf – ils sont cons ces roumains, ils m’ont cru – et je ne suis peut-être pas à la mode, mais le premier qui essaie de me faire porter un slip par-dessus mon pantalon, je lui fais manger ma cape.

Ouais bon. Je me suis un peu emporté, j’avoue. Je n’ai rien d’un Super-héros. Ni d’un héros tout court. Je suis juste une saleté de râleur irascible qui combat l’intolérance et la stupidité à grands coups de mornifles et de chaussures coquées dans les glaouis. Et je fais peut-être un 42 fillette, mais j’ai une frappe de mule à vous en propulser les arpions sur or-bite.

Aujourd’hui, ce qui me fait râler, c’est la liberté d’expression. Pire qu’un Ours blanc, un panda, ou un gorille, la liberté d’expression est une espèce en voie de disparition. Mais grave. Alors bon, tuer des ours blancs, ça peut se concevoir. Ça fait joli, une peau d’ours blanc devant la cheminée. Avec un crâne de gorille pour cendrier. Quant au panda, c’est juste pour le plaisir. C’est mignon, ça a l’air tout doux, ça a l’air tout gentil, raisons de plus pour les buter, les pandas. Comme les bébés phoques. Par pure et sympathique cruauté.
Mais la liberté d’expression, elle, est menacée et perd chaque jour du terrain, bafouée et laminée par… des cons. Tout simplement. Sans raison aucune que leur petit confort de pensée et leur petite morale qu’ils tentent d’imposer à tout le reste de la population.

Tiens. Regardez les religions. Si, si. On ne peut plus rien dire sur les religions sans risquer de se prendre des insultes, voire des menaces – de mort parfois – de la part d’intégristes cons comme des bulots et aussi agréables qu’Himmler invité à une Barmitsva.
C’est ce que j’expliquais au curé de la paroisse d’à-côté la dernière fois. Je l’avais invité à l’apéro. Je suis comme ça, moi. J’invite à ma table les grands de ce monde.
J’avais tartiné quelques canapés de miettes de dauphin-mayonnaise-câpres-aneth, et préparé quelques cuillères de carpaccio de poney parmesan basilic PARCE QUE SI C’EST BON LE CHEVAL ARRÊTEZ DE M’ENVOYER DES MAILS SUR LA LUTTE CONTRE L’HIPPOPHAGIE BORDEL UN BON CHEVAL EST UN CHEVAL SAIGNANT SERVI AVEC DES PETITES POMMES DE TERRE SARLADAISES MERDE A LA FIN.
Bref. Avec ces bons petits toasts apéritifs, je lui demande si ça le tente un 12 ans d’âge. Il me répond que 12 ans, c’est un peu vieux, qu’il préfère 10 ans à la rigueur. Et se rendant compte que je parle de whisky, il me prie de l’excuser et m’explique qu’il préfère éventuellement un verre de vin, un bon, que ça le changera de la piquette qu’on lui sert pendant la messe.

Mais voilà, quoi. Tout est là. Vous n’imaginez pas ce que je vais me prendre comme mails d’insultes rien qu’avec ce petit paragraphe. On ne peut plus rien dire sur la religion, faire une petite vanne, sans se prendre un retour de flammes bien saignant derrière. Mon ami prêtre était d’accord et regrettait lui aussi cette perte de liberté d’expression aujourd’hui constatée, et ce manque, finalement, de tolérance envers autrui. Et puis bon. Il n’est pas resté dîner parce que sa femme était souffrante et qu’il devait quand même passer la voir.

Et il ne faut pas croire que ce soit différent dans les autres religions, hein. Les musulmans c’est la même chose. Tenez, j’ai un ami Imam. Il s’appelle Adi, ce qui nous fait beaucoup rire. Parce que l’Imam Adi… Et que quand il n’est pas content, Adi bout. Enfin bref. Je débattais avec lui, la dernière fois, sur le fait que la religion est une histoire de paix et d’amour avant tout. Qu’il faut en finir avec ces guerres sur fond de croyances imbéciles. Que la guerre est affaire d’hommes et uniquement d’hommes, et que la religion n’a rien à voir là-dessus. Et que le prophète serait d’accord avec moi. Et lorsque je lui ai dit « attends, je vais te faire un dessin », eh bien il l’a mal pris et m’a menacé de tous les maux et de toutes les vengeances.

Et pour finir avec les trois grandes religions de ce monde, je pourrais vous dire que j’ai aussi un ami rabbin, mais ce serait faux. J’ai bien essayé, mais il m’a répondu que si je voulais être son ami, il fallait que je le paie et lui verse une rente mensuelle.

Et bien tout ce que je viens de dire, on ne peut plus le dire sans risquer une avalanche de lettres indignées, de menaces, et j’en passe. Je reçois même des mails de menaces physiques parce que tel ou tel crétin n’a pas gagné à un concours. J’en ai eu deux le mois dernier. Deux qui étaient persuadés d’être tellement plus intelligents que les autres, qu’ils devaient forcément gagner et que, s’ils n’ont pas été choisis, c’est de ma faute et que donc, ils vont venir me casser la gueule.
Alors imaginez si l’on s’attaque à la religion ou autres croyances…
Comme quoi, mon édito de la semaine dernière était tout ce qu’il y a de plus correct : Internet est devenu le repère de tout un tas de débiles mentaux et autres têtes de cons qui polluent le monde et la vie des autres.

Enfin bref. Tout ça pour dire que cette semaine, j’ai encore eu droit à quelques lettres d’insultes et de menaces de procès. Une bien sentie et bien virulente, d’ailleurs, qui me reprochait d’avoir utilisé le terme « mongolien » ou « attardé mental » pour parler d’un développeur. J’avoue ne pas me souvenir si c’était pour Crytek et son Crysis 3, ou Gearbox et son Alien. Mais du coup, j’ai eu droit à ma petite lettre m’expliquant que c’était honteux, que c’était lamentable envers les trisomiques et les familles de trisomiques qui souffraient, que je devais retirer le terme de mon texte, faire une lettre publique d’excuses, et publier un droit de réponse et que, sinon, on se retrouverait au procès.

Alors bon. Vous me connaissez. J’ai répondu en envoyant mes plus plates excuses. Que je ne savais pas ce qui m’était passé par la tête. Que les mots avaient dépassés mes pensées. Que c’était un triste et lamentable dérapage. Mais que ce n’était pas une raison pour m’accabler et m’envoyer une lettre de mongolien.

C’est sans doute pour ça, finalement, que l’on se retrouve aujourd’hui avec des sites lisses comme un bébé phoque à qui l’on vient de retirer la fourrure. Plus aucun écart de langage. Un dico réduit de moitié avec les mots et expressions autorisées. Par peur de se mettre à dos quelconque lobby ou une éventuelle tête-de-con. Rien ne sort du lot. Rien ne diverge. Et diverge, c’est énorme, surtout lâché dans une congrégation de bonnes sœurs.
Bref. On s’emmerde. On se fait chier. On se retient. On rentre dans le moule. On marche au pas. Et on laisse parfois échapper un bêlement.

Heureusement, dans tout ça, y’a GamAlive. Et ça, honnêtement, ça fait quand même vachement du bien. A moi le premier. Même si, pas la peine d'insister, même en hommage à Delacroix, je ne mettrai pas un bonnet de schtroumpf en vous montrant mes nichons.

Sur ce. Je vous laisse. Je dois aller militer pour le mariage gay, à poil dans une église, avant que la messe ne se termine.

Allez en paix. Amen.