Publié le Mardi 12 février 2013 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Test de Dead Space 3 (PC, Xbox 360, PS3)
Un jeu qui va vous laisser de glace ?
Une ambiance lourde et oppressante. Une gestion des bruits et musique spectaculaire. Dead Space premier du nom était un véritable jeu de survie et horreur (survival horror) à grand budget. Une vraie réussite qui nous avait véritablement séduit et qui, d’ailleurs, avait récolté quasiment l’unanimité de la presse. Les ventes, sans être mauvaises, n’avaient pas forcément complètement suivi, obligeant Electronic Arts à revoir en partie sa copie.Du coup, Dead Space 2 abandonnait le côté horreur pour se plonger plus dans l’action. Un peu à l’instar de la saga Alien au cinéma. Un premier film très porté sur le rythme et l’ambiance, un second plus punchy.
Du coup, même si Alien 3 n’est pas le meilleur de la série, il est loin d’être le pire et on espérait que Dead Space suive le même chemin. Avec peut-être un petit retour en arrière et un jeu un peu plus porté sur l’ambiance que sur l’action. C’est raté.
Après une intro rapide se déroulant sur Tau Volantis, une planète glacière, dans les bottes d’un quelconque trouffion, on retrouve notre héros, Isaac. On rassure ceux qui, comme moi, ne sont pas allés au bout du second opus, que ce soit par manque de temps ou par ennui : vous aurez droit à un bon résumé des deux précédents épisodes. Isaac se retrouve à nouveau face aux fanatiques de l’Eglise d’Unitologie, et leur leader Danik, qui activent les monolithes de tout l’univers espérant trouver le salut de l’humanité. Du coup, ils transforment surtout les populations en nécromorphes, saleté de monstres assoiffés de sang.
Isaac reprend donc du service avec comme véritable but de retrouver Ellie, sa chère et tendre, disparue lors d’une mission.
Tout le début du jeu, représentant un bon gros tiers, se déroule sur terre ou dans l’espace. Un choix assez troublant, mais justifié par un scénario somme toute bateau et sans réelle surprise au début, même s’il n’est pas complètement désagréable pour autant.
Vous allez donc combattre surtout, dans cette première partie, des soldats de l’Eglise d’Unitologie, et dans une moindre mesure, des nécromorphes.
Première constatation : on retrouve ce gameplay lourd, pour ne pas dire balourd, qui caractérise le jeu. Quand on a oublié, c’est assez saisissant, voire choquant. D’autant plus que si un déplacement dans l’espace pouvait justifier une certaine lenteur et une certaine gaucherie du héros, sur terre, dans une atmosphère « classique », c’est nettement moins justifiable. Isaac est lent, pataud, et semble aussi alerte et dynamique qu’un éléphant arthritique. Impossible de monter sur une simple chaise ou un bureau, et une course digne d’une tortue sous cannabis.
Quelques nouveautés sont toutefois visibles : Isaac peut désormais s’accroupir devant un obstacle, pour se protéger et canarder ses adversaires en étant un minimum à couvert. Bon. Ça ne fonctionne pas à tous les coups et on se retrouve la plupart du temps simplement accroupi avec le croupion qui dépasse. Mais quand ça marche, c’est efficace. Notez également que notre héros arrive à se sortir des situations chaudes via un roulé-boulé. Indispensable quand on est attaqué par plusieurs nécromorphes, très résistants et plus rapides que vous.
Bref. Le début du jeu est un peu raté, tant au niveau de l’ambiance que du gameplay, notamment grâce à des ennemis à l’IA très près d’être catastrophique (ils restent plantés, ou se cachent mais sortent la tête à intervalles réguliers et toujours au même endroit). La suite du jeu, plus portée sur les nécromorphes, et tous les niveaux qui se déroulent sur Tau Volantis, sont un peu plus réussis, sans pour autant atteindre les sommets qu’on était en droit d’espérer.
Aussi, on avance via une progression ultra scriptée, dans des couloirs qui montrent les limites d’un level-design peu inspiré.
On regrettera aussi l’abandon de la gestion des munitions : elles sont désormais toutes les mêmes pour toutes les armes. Elles seront juste plus ou moins abondantes dans les niveaux, selon la difficulté choisie.
Allez, on termine ce navrant tableau par l’ambiance globale du jeu. Pas de doute, les développeurs ont définitivement abandonné le côté « flippant » du jeu comme on l’avait tellement apprécié dans le premier épisode, pour un jeu totalement action. Une sorte de Gears of War dans l’espace, en quelque sorte. Le génie d’Epic Software en moins. Les rares situations sensées vous faire sursauter sont tellement prévisibles qu’elles en gagnent limite un effet comique involontaire. Exit la gestion des lumières et des sons. C’est du simple bourrinage qui vous est ici proposé.
Bon. D’accord. Le tableau n’est pas très reluisant pour le moment. Je vous rassure, il n’est pas aussi catastrophique qu’il n’y parait. Il s’agit juste de bien vous faire comprendre que Dead Space 3 est devenu un simple jeu d’action comme les autres, et en perdant son ambiance, a perdu une grande partie de son âme.
Heureusement, tout n’est pas non plus à jeter dedans. En premier lieu, la possibilité de jouer en coop. Incarnant John Carver, un militaire brisé et aux fantômes bien lourds à porter, le second joueur apportera un peu de fraîcheur à l’histoire. Le jeu n’en sera que plus bourrin, avec deux fois plus de monstres et deux fois plus de flingues à récupérer, mais on revient à ce bon vieil adage de « plus on est de fous, plus on rit ». Et effectivement, à deux, c’est nettement plus sympa.
Une nouveauté a également retenu notre attention : la possibilité de modifier ses armes. Même si globalement, cela reste assez limité, on pourra rajouter divers modules, changer quelques pièces, pour les rendre plus efficaces et leur offrir de nouvelles fonctionnalités. Bon, généralement, c’est uniquement pour qu’elles soient plus mortelles et fassent plus de dégâts. Mais c’est déjà ça. On ira donc récupéré différentes parties, obligeant le joueur à bien fouiller çà et là pour espérer trouver l’amélioration ultime. Sympa, donc.
Et puis globalement, du gros bourrinage sans cervelle, c’est décevant pour un Dead Space, mais au final, ça passe quand même. On s’amuse à piéger les ennemis via son pouvoir de stase, qui permet de ralentir le temps, et on les canarde avec tout ce que l’on trouve. On court aussi, parfois, pour éviter de se retrouver entre les griffes des nécromorphes que l’on démembre finalement bras par bras, tête après jambes, tronc après tête…
Super gore, le jeu se veut d’une violence rare, qu’il s’agisse de l’action sanguinolente ou des décors, avec toujours des traces de sang, des corps déchiquetés, des petits scripts éclaboussant… Par contre, niveau graphisme, c’est globalement sublime. Le jeu fourmille de détails, les décors sont magnifiques, bref, on en prend plein les mirettes.
Au final, donc, il y a tout de même de bons petits moments à découvrir via ce Dead Space 3. De bons petits moments qui ne font pas oublier l’orientation désolante prise par les développeurs : de l’action à outrance qu’ils maîtrisent, en plus, fort mal. IA ridicule, gameplay mal adapté, le tout servi avec un scénario mal fagoté et loin d’être irréprochable. Dead Space n’est plus que l’ombre de lui-même, mais une ombre qui ne fait même pas peur. Dommage.
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Dead Space 3 (PC, Xbox 360, PS3)
Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3
Editeur : Electronic Arts
Développeur : Visceral Games
PEGI : 18+
Prix : 55 €
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