Publié le Mercredi 5 janvier 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
L'affaire est dans le Sack
Plus qu’un jeu vidéo, Little Big Planet est un concept. Mieux qu’un jeu vidéo, c’est un véritable outil de création. Des fans ont passé des dizaines, voire des centaines d’heures à créer toute sorte de niveaux plus délirants, plus géniaux les uns que les autres. Librement téléchargeables par la communauté, lorsque vous achetiez Little Big Planet, ce n’est pas à une vingtaine de niveaux de jeux que vous accédiez, mais à des milliers. De quoi prolonger l’aventure encore et encore.
Ce petit jeu de plateformes n’a pourtant pas eu le succès escompté. Oh, ne me faites pas dire ce que je n’ai même pas suggéré : le jeu s’est plutôt bien vendu. Mais Sony espérait en faire son nouveau jeu phare, son porte-étendard de la PS3. Ce ne fut pas vraiment le coup. Il faut dire qu’ici, à la rédaction, nous n’avions pas été forcément très emballés. A notre avis, Little Big Planet se plantait en voulant faire le grand-écart sur deux chaises électriques. D’un côté, le graphisme mignon et le personnage trognon s’adressaient clairement aux enfants. D’un autre côté, la difficulté et la complexité du jeu le destinaient irrémédiablement aux ados et adultes… Un très bon jeu, certes, mais qui, de notre point de vue, ratait ses cibles.
Reste que Little Big Planet a un fonds de commerce très intéressant, une idée géniale, et que nous attendions donc sa suite avec impatience…
Dans Little Big Planet 2, on retrouve notre héros, SackBoy, mi-chaussette, mi-poupée découpée dans un sac de jute. D’ailleurs, vous le retrouverez comme vous l’avez quitté : avec la même tête et les mêmes accessoires récupérés de votre sauvegarde du premier jeu. Il a été appelé sur une planète inconnue. Les habitants ont besoin de lui, héros destiné à sauver la galaxie du Negativitron, saleté qui attaque les populations.
Les premiers niveaux font office de tutoriel : on vous apprend à sauter, utiliser les objets, récupérer les bonus, pousser, tirer des leviers, presser des boutons et j’en passe. On retrouve facilement nos marques, dans des niveaux de bonne facture, créés avec brio par les développeurs. Quelques nouveautés viennent s’ajouter çà et là : la griffe, pratique pour saisir des objets, un casque lanceur de gâteau, d’eau, de feu ou de roquettes, un grappin… et le jeu se modifie au fur et à mesure, transformant sa nature de jeu de plateforme en… « autre chose ». En témoignent ces niveaux dans lesquels vous devez, à la manière du jeu Lemmings, conduire des robots à destination en leur ouvrant le chemin. Arrivent également les voitures, qui permettent de tirer, de sauter, d’envoyer du boost, un vrai jeu de billard, un shoot’em up, des niveaux puzzles, des niveaux à la Bomberman, à la Space Invaders… ça y est. Le style Little Big Planet vient de décoller et d’abandonner définitivement le seul type plateforme qu’il pouvait proposer jusque-là. Little Big Planet 2 s’offre le luxe de vous entraîner dans une multitude d’univers, divers et variés, et de genres.
Pour autant, on n’est pas dépaysé : le graphisme a toujours ce petit côté «carton » (non, il ne manque pas de « o »), cet aspect enfantin gentillet, découpé dans les feuilles et emballages récupérés dans la poubelle écolo de la cuisine. C’est simpliste, parfois simplet, mais sincèrement attachant.
Le mode histoire est simple, rapide à jouer, et ne vous occupera finalement qu’une poignée d’heures. C’est suffisant, toutefois, pour vous faire découvrir les nouveautés et possibilités. Little Big Planet 2, plus qu’un jeu, est une usine à mini-jeux. C’est d’ailleurs ce que vous pourrez découvrir dans le mode création. Les possibilités n’ont quasiment de limites que votre imagination. A votre disposition, une multitude d’objets et de possibilités d’assigner ordres, réactions, physique, mouvements… On peut créer des personnages, des objets, des décors, écrire des scripts pour chacun de ce petit monde, et même créer sa propre bande-son. On peut décider qu’untel ira là si machin fait ça et que s’il marche là, truc fera ça, mais s’il approche trop près de bidule, machin ira là et fera ça pendant que truc ira là et fera ça et… bon, grosso modo, on peut créer des milliers de choses, tout type de jeu, de la plateforme au shoot en passant par la course, par le jeu d’action et j’en passe, avec des réglages à foison.
Vous en découvrirez un infirme échantillon lors du mode histoire. Mais cela laisse la porte ouverte à des créations plus originales, plus géniales les unes que les autres… encore faut-il avoir le temps et surtout la patience de s’y mettre. Car c’est sans doute aussi là le point faible de Little Big Planet 2 : à proposer des milliers de choses et offrir, finalement, un rôle de créateur de jeu vidéo aux joueurs, on en vient à bloquer certains. La création n’est pas forcément super facile. Elle peut même être, si vous n’avez pas tâté de la création du premier épisode, assez rebutante…
Pour conclure, il y a du bon et du moins bon dans ce Little Big Planet 2. Du moins bon puisque la partie création se réserve surtout à une certaine population désireuse de passer du temps, beaucoup de temps, à créer des niveaux, via des outils somme toute assez fastidieux. Du moins bon aussi puisque si le jeu de base est gentillet, globalement, tout s’appuie sur les créations de la communauté : le jeu ne prendra sa véritable importance, qu’une fois des dizaines et des dizaines de niveaux créés par les joueurs, disponibles en téléchargement gratuitement. Les créations sur le premier jeu étaient à ce point nombreuses et, pour certaines, à ce point géniales que l’arrivée de petites perles pour Little Big Planet 2 est une évidence. Il faudra simplement être patient.
Reste que dans l’ensemble, cette suite nous a bien plus séduit que le premier opus. Plus adulte dans son ambiance, plus diversifié dans ses niveaux, il devient une sorte de « party-games », de multitude de « mini-jeux » dont la qualité est assez bluffante. Le tout bercé par une excellente bande-son. Pas de doute, une fois le jeu lancé, on a beaucoup de mal à s’en défaire.