R.U.S.E. (PC/Xbox 360/PS3)

 

Publié le Mercredi 15 septembre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

RUSE - Test

Guerre épaisse

imageL’homme a peur de ses démons et tente bien souvent de les exorciser en les taisant. C’est ainsi que peu de gens savent qu’il y a un peu plus de soixante-dix ans, le monde fut en proie à une guerre internationale. On pourrait croire, d’ailleurs, qu’une guerre, mondiale qui plus est, serait une source fertile pour l’imagination de développeurs de jeux vidéo, et malgré cela, très peu (à peine une poignée) de jeux traitent de cet évènement marquant de notre Histoire.

Pourtant, entre 1939 et 1945, le monde fut à feu et à sang. Deux factions s’affrontant, l’une pour la gloire et la conquête, l’autre pour simplement qu’on lui foute la paix et qu’on arrête de venir baver sur ses frontières. D’un côté, l’Axe, regroupant notamment l’Allemagne, l’Italie et le Japon. L’Allemagne étant à la source du conflit, sous la tutelle d’un dirigeant court sur patte, avec la mèche bien étalée sur le haut du crâne et, surtout, pas gentil-gentil. De l’autre, les Alliés. Que l’on appelle Alliés parce qu’ils ont gagné la guerre. Sinon, on les appellerait les méchants. Les Alliés, donc, composés des USA, de l’Angleterre et de la France, notamment.
Permettez qu’on ne cite ni la totalité des pays engagés de part et d’autre du conflit (61 au total), ni le nom des quelques 100 millions et plus de soldats qui ont fait cette guerre, ni même ceux des 62 millions de morts, soldats et civils. Sachez simplement qu’à cette époque, aussi étonnant que cela puisse paraître, ça craignait sévère. En plus, y’avait même pas de MC Do pour aller manger le midi.

Toujours est-il que les développeurs français ont décidé de s’attaquer à cette période méconnue de l’Histoire et vous proposer un jeu de stratégie sur le conflit qui opposa les deux factions.

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Vous jouez Joe Sheridan. Un officier de l’US Army. Les Alliés, donc. Parce que tout le monde préfère jouer du côté des gagnants. Votre mission, si vous l’acceptez, sera de contrer les tactiques du Général allemand Von Richter et, dans le même temps, de trouver l’identité d’un mystérieux espion connu sous le nom de Prometheus.
Vous aurez exactement 23 missions de la campagne solo pour le faire. Ces missions vous mèneront à travers l’Afrique du Nord jusqu’en Allemagne, en passant par la Lorraine, avec vos sabots, l’Italie, La Belgique, les Pays-Bas et la France.
Si vous ou l’un de vos proches venait à être capturés, eh bien, ce serait pas de bol, hein ?

screenCes missions sont entrecoupées de très nombreuses cinématiques, plutôt bien foutue soit dit en passant. Dommage que les personnages caricaturaux et vite insupportables, ainsi que l’intrigue molle du genou viennent entacher ces moments. On suivra donc, pendant une dizaine d’heures que dure la campagne solo, un scénario bateau et sans surprise et, surtout, manquant clairement de rythme. Sans parler de quelques incohérences mal venues : c’est bien beau de nous faire évoluer sur certaines mêmes cartes que les missions précédentes, mais vous recommencerez à chaque fois de zéro. Exit les précédentes constructions et, même, recherches scientifiques vous offrant des unités plus puissantes…

Toutefois, même si l’enrobage est assez bof, le jeu a quelques atouts sérieux et séduisants dans sa manche.

Sous ses dehors classiques, RUSE est un jeu de stratégie original qui s’offre le luxe de renouveler le genre. Alors certes, à la base, vous devez construire votre base, vos bâtiments, récolter de l’or et construire suffisamment d’unités pour aller bourriner la tête du méchant d’en face.
Mais RUSE propose bien plus que cela. Il va véritablement vous falloir apprendre des tactiques de guerre, réfléchir avant d’agir, tenter de duper l’ennemi, percer ses plans à jour, bref, plus qu’un simple jeu de stratégie bourrin de base, RUSE est un véritable wargame stratégique.
En premier lieu, les cartes sur lesquelles vont se dérouler les affrontements sont tout bonnement gigantesques. Elles sont aussi totalement découvertes. Ainsi, vous pourrez voir bêtement ce que l’adversaire trame, quelles unités il produit, quels mouvements il fait… et inversement, votre stratégie n’aura aucun secret pour lui. Le jeu offre une qualité de zoom qui n’est pas sans rappeler, soit dit en passant, celui de Supreme Commander. En mieux, en fait.

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Et tout au long du jeu, vous allez apprendre à gérer cette vision du terrain et la portée de vos unités. Apprendre à les cacher (dans les bois, par exemple), à utiliser certains types d’unités plus efficaces face à d’autres, à vous rendre compte des forces et faiblesses de chacune, à capturer des installations, à tendre des embuscades, à créer des attaques leurres pour mieux cacher votre véritable but, et, surtout, à utiliser les ruses.
Les ruses sont des sortes de pouvoirs qui offrent des avantages sur zone. Il y en a dix et vous devrez, bien entendu, les utiliser avec parcimonie. Et surtout, au bon moment. Par exemple, imposer le silence radio dans une zone permettra de rendre vos unités invisibles. Et donc de les déplacer sans qu’elles soient repérées. Vous pourrez aussi décoder les messages ennemis et ainsi découvrir leurs objectifs finaux. Vous pourrez augmenter la vitesse de vos unités de 50%, les empêcher de fuir si elles subissent trop de dégâts et j’en passe et j’en oublie, notamment celle, bien pratique, qui permet de parasiter les infos envoyées à l’ennemi et fait passer vos unités lourdes pour des unités légères et inversement.

screenMême si ces ruses sont limitées dans le temps, et si vous rajoutez notamment la possibilité de produire des unités factices, vous vous rendrez compte à quel point le plus fort n’aura pas forcément gain de cause, mais que c’est le plus rusé qui arrivera à remporter la victoire. Il suffira d’attirer les unités ennemies à l’opposé de votre véritable but d’attaque, dégarnir ici une défense, cacher là le plus gros de vos troupes, et si le timing est bon, si le coup fonctionne, vous n’aurez plus qu’à abattre vos cartes et fondre sur l’adversaire.

Bien entendu, ledit adversaire ayant les mêmes atouts en mains, la parano sera également de mise dans votre camp et vous perdrez parfois sur une simple bêtise, une certitude mal placée, une info mal décryptée ou un coup de poker mal effectué.

Tout se dirige au travers une interface minimaliste, mais efficace et claire. Tout s’enchaîne simplement et facilement, même si l’on n’est pas un féru du genre.
Graphiquement, le jeu est plutôt séduisant : détails à foison, et surtout lisibilité de l’action extrêmement claire. Même si on peut noter quelques pains et ralentissements (surtout sur console), on ne peut que se féliciter d’avoir un jeu si visuellement agréable en mains.

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A contrario, si la campagne solo ne casse pas trois chenilles à un Panzer, le multijoueur se révèle, lui, particulièrement jouissif. De 2 à 8 joueurs, vous allez vous affronter sur l’une des 23 cartes disponibles, et ce en choisissant l’une des 6 factions du jeu (USA, Angleterre, Italie, Allemagne, France et URSS). Chacune des factions a, bien entendu, ses avantages et inconvénients. Les anglais ont une supériorité aérienne, les français des chars lourds et j’en passe. Tiens, en passant, sachez que toutes les unités du jeu sont de vraies unités.

screenLes parties multijoueur sont loin de l’ambiance bourrine habituelle et les adversaires s’entretueront à grands renforts de ruses spéciales, chacun cherchant à surprendre l’autre du mieux qu’il peut. Vous aurez beau avoir toutes les unités du monde, et en masse, un oubli, une erreur stratégique ou un coup de génie de votre adversaire, pourront ruiner tous vos efforts en un rien de temps. Il vous faudra donc faire preuve d’ingéniosité et d’originalité, de réflexion et d’observation, pour venir à bout des autres joueurs. Cela implique finalement la possibilité de gagner même pour les novices du genre, même s’ils sont plus lents à développer leurs armées que les autres. Et ça, c’est bien.

Enfin, vous pourrez affronter l’IA en mode escarmouche, via quelques défis, ou en mode Opération (disponible en coop également), au travers de missions plutôt sympathiques et qui gonflent la durée de vie.

Petite précision : le jeu est compatible PS Move sur PS3. Son utilisation nécessitera un petit temps d'adaptation. Il est aussi très conseillé d'avoir un Navigator (sinon, la manette est utilisée pour les déplacements de caméra et la sélection d'unités). Mais globalement, même si c'est quand même un poil crevant d'avoir toujours le bras en l'air, c'est assez fun et original à utiliser. Pas de quoi vous conseiller d'acheter un Move juste pour ça, certes, et ça ne vaut pas le combo clavier-souris, mais c'est plutôt agréable et même un poil plus agréable que l'utilisation de la manette seule.

Au final, RUSE est un bon jeu de stratégie… surtout multijoueur. Si l’on oublie une campagne solo au goût de tutorial géant, il offre quelques excellents moments quand on affronte d’autres joueurs. Inutile d’être féru du genre, surtout. Un novice pourra largement se hisser à un bon niveau et donner du fil à retordre aux habitués du genre. Accessible, fourmillant d’excellentes idées, très facile à jouer, et mettant la tactique au-devant de la scène, RUSE, s’il ne révolutionne pas le genre, lui apporte un nouveau souffle bienvenue. Une très agréable surprise, donc.

 

 
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R.U.S.E. (PC/Xbox 360/PS3)

Plateformes : PC - Xbox 360 - PS3

Editeur : UbiSoft

Développeur : Eugen Systems

PEGI : 16+

Prix : 45 € (PC) - 60 € (consoles)

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LA NOTE

LA NOTE DES LECTEURS

note 7/10

 

 

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