Lors de sa sortie en avril 2019, Days Gone a été plutôt bien accueilli par la critique dans l’ensemble et, sans avoir été un grand succès, s’est écoulé à plus de 9 millions d’exemplaires. À l'époque, nous n’étions pas parmi les gens séduits comme vous pouvez le voir dans le test de l’époque. Cela a-t-il changé avec la sortie du remaster tout frais ? Réponse tout de suite. Avec un nouveau testeur.

Rappelons tout d’abord que le jeu de Bend Studio a été retapé par l’équipe originelle de cette exclusivité Playstation. Days Gone est un jeu en monde ouvert où vous incarnez Deacon “Deek” St John, un motard ayant survécu à la fin du monde ayant changé la quasi totalité de l’humanité en “infectés”. Des corps en décomposition affamés qui chassent animaux et humains en meutes.

On ne va pas reparler de l’histoire que vous connaissez sans doute un peu depuis le temps, mais l’esprit du jeu repose sur ce dernier principe de chasse en meute. Les ennemis sont en effet très rarement isolés dans ce jeu et se déplacent en hordes extrêmement dangereuses. Inutile d’espérer en venir à bout au début de la partie, il vous faudra souvent fuir à moto et attendre de développer un arsenal de survivaliste extrémiste pour y faire face. En attendant, les camps de réfugiés survivants vous abriteront en échange de services de chasse à l’homme, au cerf ou à l’infecté.

Non, aucune surprise de ce côté là : c’est un jeu à quêtes FedEx. Il faudra faire de nombreux allers-retours dans la campagne de l’Oregon, en débloquant des voyages rapides si vous parvenez à en nettoyer la zone. Sur le papier ça n’a pas l’air si pénible de se déplacer à moto. Mais c’est sans compter la conduite mollassonne d’une part et surtout la consommation d’essence incroyablement exagérée de l’engin. Impossible d’aller d’un bout à l’autre de la map sans trouver une station service ou un bidon de sans-plomb sur la route avec votre bécane de base. Il faudra attendre de pouvoir l’améliorer, ce qui vous demandera d’abord d’améliorer votre réputation auprès des camps de survivants et pour cela, il faudra bosser longuement.


Et c’est là que le jeu que vous avez acheté se transforme en simulateur de travail herculéen. Car Deek va devoir sauver le monde à lui tout seul ou presque en fait. Juste pour avoir l’immense privilège d’acheter une meilleure arme et un pot d’échappement plus silencieux. Et parce que “c’est plus sûr” (ah bon ?), il sera toujours envoyé seul pour nettoyer un camp de 20 sectaires sado-masos qui ont pété un câble après l’effondrement de la société, ou pour buter plus d’une centaine d’infectés affamés qui occupent un lieu. Soit.

Le scénario du jeu était déjà convenu à l’époque et il l’est toujours 6 ans après, alors je vous épargne les faux rebondissements sur le pourquoi du comment le monde a basculé et comment ce motard au coeur tendre va tenter de sauver son meilleur ami et de retrouver sa femme qu’il pensait morte, on n’accroche pas une seconde. Principalement parce que les personnages secondaires sont assez mal traités à tous les niveaux.

Et ce même en version remasterisée ! Les doublages sont médiocres, la lipsync est souvent aux fraises, les animations faciales sont désastreuses et le mécanisme du jeu fait que la narration ne se déroule qu’à chaque début et fin de mission. Entre temps, il n’y a absolument rien à découvrir sur le monde ouvert qui vous entoure et l’histoire de celles et ceux qui le peuplent. Déjà à l’époque sur PS4 c’était très léger comme façon de raconter une histoire, là sur PS5 c’est un gros manque. Si vous attendiez aussi une amélioration graphique et technique, c’est raté. Comme dit précédemment, les visages des personnages secondaires sont très mal animés, mais aussi les bugs de 2019 subsistent. Plusieurs vous risquez de passer sous la map pendant que vous roulerez, plusieurs fois des PNJ resteront bloqués contre un objet et pire : plusieurs fois un bug de collision vous éjectera dans les airs ou vous fera tomber à l’infini, ayant pour résultat inéluctable la mort. Pas très cool quand vous jouez en mode mort permanente…

Pour en rester du côté technique, on note l’amélioration des textures, des lumières et de la résolution. Sur PS5 on profite du mode fluide en 1440p à 60fps ou 4K à 30fps. Le HDR est cependant frustrant car il lui faudra plusieurs secondes à s’adapter quand on passe de la lumière du jour à un tunnel sombre. On va dire que c’est une feature réaliste et pas un bug. Là où on attendait une grosse amélioration, c’est aussi du côté des temps de chargements. Et c’est plutôt raté puisqu’il faut une vingtaine de secondes à la console pour lancer le jeu et une dizaine de secondes pour charger une transition d’une cutscene à une reprise du gameplay. On ne peut pas dire que la rapidité du SSD ait été correctement utilisée. Même déception pour le nombre d’infectés présents à l’écran. C’était l’argument majeur du jeu original à l’époque et on pensait que la version next gen aurait encore démultiplié le nombre de vilains pas beaux en même temps, mais non. Les hordes sont identiques à celles sur PS4, même si elles sont plus détaillées. Pas d’effet “Wahou” en 2025.

LE point positif de cette nouvelle version de Days Gone c’est l’accessibilité. Dès le départ, le jeu vous propose toutes les options existantes ou presque pour les joueurs en situation de handicap moteur, visuel ou auditif, notamment la vitesse du jeu qui est réglable pour vous donner plus de temps pour fuir. Très bon ajout car il est vrai que les bestioles qui vous en veulent sont plutôt vives. S’il y a une chose à saluer dans ce remaster, c’est bien la prise en compte de toute la variété de joueurs et joueuses qu’il vise. Moi par exemple, j’ai très vite désactivé les QTE, et ça a grandement amélioré l’expérience de jeu.

Dans le même thème, la difficulté et les modes de jeu sont particulièrement appréciables. Il y a 6 degrés de difficulté en tout, sachant que le normal est le deuxième. 6 degrés qui existent aussi en version Mort Permanente, donc pour ceux qui cherchent uniquement la torture psychologique. Et un mode speedrun, pour ceux qui aiment faire les mêmes tâches en boucle mais très rapidement. Là encore les développeurs respectent la grande variété gamers qui existent.

Second ajout majeur, l’apparition du mode Assaut de hordes. Sorte de mode survie où vous êtes lâché dans une zone restreinte de la map, devez retrouver votre moto ainsi que de quoi étoffer votre équipement de base pour annihiler une horde à proximité. L’aspect novateur c’est que vous pouvez choisir d’incarner d’autres personnages que Deacon et commencer ainsi avec un paquetage différent. Malgré tout, le reste est du déjà vu : ce gameplay est identique à celui du jeu de base avec des armes qui sont “bridées” à l’image du cocktail molotov amélioré au napalm qui ne tuera pas plus d’un certain nombre d’infectés. Ce n’est pas une arme de zone qui, bien lancée peut faire plus mal que ce que le jeu prévoit. Ajoutez à ça l’affreuse roue des armes qui nécessite une certaine gymnastique des doigts à gérer dans la panique, et vous serez vite frustrés.

En conclusion, ce Days Gone Remastered est-il une bonne affaire ? Non. L’amélioration graphique est minime, la technique manque d’ambition, le gameplay n’a pas été revu, tout comme les bugs non corrigés et en 2025 l’histoire sent le réchauffé une fois de trop. A la limite si tout ça ne vous rebute pas et que vous cherchez le challenge ou bien que vous vouliez absolument plonger dans cet univers mais que vos capacités physiques ou mentales vous en empêchaient sans aide au gameplay à l’époque, oui on peut vous le conseiller. Mais pas à 50 €. Soyons sérieux et demandons au moins des prix des réduits pour des remasters A minima (pour info si vous l'aviez sur PS4, la mise à jour coûte 10 €...).

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