Skull and Bones (PC, PS5, Xbox Series)

 

Publié le Vendredi 1 mars 2024 à 12:00:00 par Côme Richetta

 

Test Skull and Bones (PC, PS5, Xbox Series)

Mille millions de mille sabordages

imageFan de l'idée d'arpenter les mers avec un cache-oeil et une jambe de bois, j’ai attendu ce jeu pendant de longues années, à escagasser mes collègues en leur parlant du prochain jeu incroyable que sera Skull & Bones. Je réponds toujours à la question ”Tu préfères quoi entre un chevalier, un samuraï et un pirate ?” par “Être un pirate bien sûr !”. Alors laissez-moi vous dire que la douche a été froide lorsque la marée a fait s’échouer à mes pieds un ersatz de jeu, squelette décharné d’une chimère assassinée dans son berceau.

Par chance, le jeu d'Ubisoft n'est pas un clone des autres jeux de pirate connus aujourd’hui. “Chance”, car il n'a pas à subir la comparaison de ma part. Enfin, je vais essayer. Il n’aura pas à se battre pour la simple et bonne raison que vous ne jouez pas un pirate. Vous êtes un bateau, et pouvez occasionnellement incarner une coquille vide à pimper comme un Action-man pour aller glisser sur le sable comme une algue molle.

Commençons par les bases. Comme évoqué juste au-dessus, vous n’êtes pas un pirate. S&B est un jeu de bataille navale arcade calqué sur le thème de la piraterie. Est-ce que ça veut dire que vous allez faire de la piraterie ? Le jeu ne semble pas vouloir nous le montrer d’entrée, avec un early game à la saveur de grind où on passe deux longues heures à récupérer des matériaux sur des îles pour construire son navire, les quêtes Fedex et les dialogues inhumains avec des animatronics, elle est belle la piraterie! La comparaison avec l’introduction d’un autre jeu de pirate d’Ubisoft me démange, mais on ne va pas tirer sur l’ambulance en feu. Pas tout de suite.

Sylvain a eu plus de courage que moi sur l’exploration de la carte, qui par ailleurs est d’une taille plus que raisonnable. Moi, traverser les grands espaces vides en ramassant des planches flottantes, ce n'est pas mon idée de l’amusement. Finalement, les allers-retours à trente mètres pour délivrer une caisse d’armes n’était pas amusant non plus, et en plus je n'ai pas pu voir le paysage. Raté.


imageAu moins j’ai pu me raccrocher à la navigation en savonnette. Si comme moi, dans votre tête un navire est lent, lourd, et que chaque mouvement doit être calculé dans une bataille navale afin de ne pas vous exposer au mauvais moment, vous allez être surpris. Les bateaux se contrôlent comme des auto tamponneuses. Aucune sensation viscérale à écumer les mers en pilotant ces rafiots, aucune manœuvre de génie à effectuer en combat pour vous tirer d’une situation désastreuse, ou prendre l’avantage sur un adversaire bien plus fort que vous. On nous bride constamment dans le déplacement, avec un vent qui ne cesse de tourner, des mers surpeuplées, et une jauge d’endurance - que je ne qualifierai pas - pour faire sprinter votre navire. On en est là. Ils ont même rendu le voyage rapide payant tellement ils savaient qu’on allait en abuser, par volonté de ne pas traverser leur monde à pattes. Enfin, à voile.

Et nous y voilà, qu’est-ce qu’il nous reste alors? Côté immersion, la mienne a été anéantie par le manque de contexte, de sens de progression et d’attachement à une intrigue ou à son personnage. Et les torpilles au 18e siècle, c'est non, juste non. Je ne joue pas à World of Warships, merde. Ajoutez à cela des mini-jeux peu inspirés pour récolter des ressources, les vendeurs identiques avec qu’un seul objet, les IA aux fraises qui s’écrasent sur les îles, les abordages qui sont des cinématiques, et j’en passe. Vous noterez que pour ce dernier point, je n’en tiens pas rigueur au gameplay car nous jouons un bateau et non un pirate, mais ma déception reste palpable. Merde, des pirates sans abordage quoi, c’est comme Gamalive sans stagiaire.

imagePour les visuels, je me dois d’être honnête: encore une fois, les équipes artistiques d’Ubisoft ont livré un monde vivant et beau, de l’éclairage à la mer (sauf sur le menu principal aux allures premier prix), en passant par les particules, la vie, le cycle jour nuit, les villes. Dommage qu’on ne puisse pas visiter ces avant-postes et ces forts qui ont l’air de regorger de détails. On notera quand même des bugs visuels et autres négligences qui peuvent entacher l’expérience visuelle, à base de textures et modèles 3D qui mettent plusieurs secondes pour être chargés, des PNJ et des bateaux qui se ressemblent tous, une absence d'effet "trempé" quand votre personnage sort de l'eau et des murs invisibles. La note finale reste positive: le monde est beau. En audio c’est pareil. A l’exception des dialogues absolument lunaires et de l’agression constante de deep talk que votre quartier maître vous réclame, manque de psychologue à l’époque, jouer avec un bon casque stéréo et naviguer tout en demandant à l’équipage de chanter - des chants pour la plupart déjà entendu ailleurs, tiens tiens… - c’est une véritable petite décharge de dopamine dans mon système. Néanmoins, lancer la playlist Youtube me procure le même plaisir, alors pourquoi payer 60 € pour avoir le jeu en plus ?


imageOn peut sentir une volonté gameplay des développeurs cependant. Le but du jeu serait d’avoir tous les types de navires, et différents loadouts enregistrés pour être préparé à toute situation, ce qui est perceptible une fois les navires et armements du end-game débloqués. Mais c’est déjà trop tard, les joueurs ont un goût d’eau salée en bouche à ce moment-là. Ça ne colle pas avec le grind des ressources, les quêtes Fedex, et l’absence de leviers pour les joueurs d’avoir une bonne idée qui leur fait remporter la bataille. Soit on a les stats, soit on ne les a pas. Du coup on se retrouve avec un “hero shooter” basé sur des navires, aux rôles dissonants et dépassés de healer, tank et DPS, dans un jeu où le PvP n’est pas poussé, et où aucun moyen n’est déployé pour rapprocher les joueurs facilement lors d’event dans le monde ouvert.

En bref, le gameplay menant à l’end-game n’a ni queue ni tête. Il n’est même pas nul. Il n’a simplement rien d’unique, aucune épice, aucune âme. Attendez-vous à passer de douloureuses heures sur S&B avant d’atteindre le moment où le jeu ose enfin dévoiler le bout du nez de sa proposition.

imageTout ce qui est dit ici n’est pas un affront ou une pierre jetée au visage des développeurs. La production a été chaotique, épuisante et irrespectueuse des personnes qui ont travaillé dessus, changeant constamment de direction, comme prit dans la tempête. Et ça se ressent sur le produit final, je pense que les développeurs et développeuses sont les plus attristés de la qualité de leur produit à sa sortie. Mais ça ne changera rien à ce qu’on a dans les mains. Il faudra attendre les mises à jour, un end-game plus solide, un équilibrage du rythme du jeu, et espérer que la communauté ne déserte pas ce titre avant de retourner voguer sur ces mers.

En l’état actuel, il m’est impossible de vous le recommander vu sa qualité et son prix, ce qui est d’autant plus flagrant sur console. C’est clairement l’end-game et le contenu qui va sortir, déjà annoncé sur une roadmap, qui sera l’intérêt du jeu. Donc en un seul mot: patience.

Merci pour ce quadruple A d’anthologie, mais j’attendrai une version finale de Skull & Bones, ou le remaster de Black Flag.

 

 
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Skull and Bones (PC, PS5, Xbox Series)

Plateformes : PC - PS5 - Xbox Series

Editeur : Ubisoft

Développeur : Ubisoft

PEGI : 18+

Prix : 59,99 €

Aller sur le site officiel

Skull and Bones (PC, PS5, Xbox Series)

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