Every Line of You, thriller sf pour jeunes adultes

 

Publié le Lundi 27 décembre 2021 à 12:00:00 par Julia Bourdin

 

Every Line of You, avis

Tout un programme...

Cette semaine encore, point de fantasy et de dragons. Cette semaine encore, je reste ancrée dans notre bon vieux monde réel. Mais cette fois-ci, pas d’enquête policière en perspective, juste un peu de science-fiction. Juste un peu, hein, simplement une IA vraiment très douée qui ferait verdir de jalousie Alexa et autre Siri… Jeunes fans de Black Mirror, accrochez-vous, car je vais vous parler d’Every Line of You, un thriller pour jeunes adultes écrits par Naomi Gibson…


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« Tout a commencé avec une simple ligne de code. Aujourd'hui, il s'appelle Henry, et il est tout ce qu'il me reste. »

À 17 ans, Lydia est seule au monde. Son petit frère est mort dans un accident de voiture, il y a deux ans, qui hante toujours ses cauchemars. Son père a fui, la laissant seule avec une mère qui la néglige. Et pour couronner le tout, sa meilleure amie est devenue sa pire ennemie.

Alors Lydia concentre toute son énergie et ses considérables talents de codeuse à se créer l'IA parfaite. Le résultat s'appelle Henry : un garçon fascinant, intelligent, et entièrement dévoué à elle…

Mais quelle est sa nature réelle ? Et jusqu'où ira-t-il pour prendre soin de Lydia et la défendre contre ses ennemis ? Car il se pourrait que, dans l'ombre, certains individus aient percé le secret de Lydia... et qu'ils convoitent le garçon qu'elle a créé.

Pour commencer, oui, Lydia a une vie de merde et c’est bien le point de départ de notre histoire. On retrouve une jeune fille un peu au fond du trou, enlisée dans tout un tas de problèmes : exclusion temporaire de l’école, harcèlement… Et outre ses talents pour la programmation qui finiront par la conduire vers plus de problèmes, on a là un personnage plutôt attachant auquel il est assez facile de s’identifier. Elle ratisse assez large dans les ennuis pour que ça parle à un peu tout le monde : le harcèlement qu’elle subit au quotidien, la passivité du directeur de l’école ou encore sa mère qui l’ignore constamment sauf pour lui rappeler qu’elle ira dans l’université que maman a choisie pour elle et qu’elle deviendra médecin qu’elle le veuille ou non…
Puis arrive Henry, une véritable bouffée d’oxygène, ce nouvel ami qui prend sa défense mais qui finit par amusement à conduire Lydia dans un mauvais coup, puis un autre plus dangereux que celui d’avant et ainsi de suite par vanité jusqu’à ce que cela finisse par les rattraper…

Oui certes, Henry est une IA mais il pourrait tout aussi bien être un humain avec de grands talents en informatique la plupart du temps. Le roman joue avec ça d’ailleurs, il essaie de nous représenter à quel point Lydia l’humanise et le considère comme un véritable être humain, jusqu’à en tomber amoureuse.

Une rébellion contre maman, une tentative de fuite ratée et un blessé grave plus tard, Lydia est de nouveau seule et avec évidemment d’encore plus gros ennuis…

Le point clef de ce bouquin sera l’évolution des personnages et en particulier de Lydia. En effet, internée de force et constamment espionnée par un homme chargé de récupérer le code d’Henry et donc d’abord très méfiante, elle va s’ouvrir petit à petit à sa psy et chercher le fond du problème : le traumatisme et la culpabilité liée à la mort de son petit frère, un passage plutôt émouvant qui m’a d’ailleurs fait lâcher quelques larmes.

Ce que j’aime bien dans ce personnage c’est que son état mental fait des vagues durant toute l’histoire : à chaque fois qu’elle semble aller mieux et retrouver le chemin d’une rédemption et d’une vie normale, lors de son rapprochement avec sa mère notamment, un événement inattendu la tente et la fait replonger dans la violence et les bras d’Henry. On finit même par se demander si c’est vraiment le gentil de l’histoire et la fin qui semblait enfin la remettre sur les bons rails laisse un côté doux-amer que je vous laisserais découvrir par vous-même. Je ne sais toujours pas si c’est vraiment une bonne fin, on est heureux pour elle mais en même temps on a un peu peur de ce qui pourrait arriver ensuite.

Finalement, au travers du personnage de Lydia, on est face à un récit qui joue constamment avec la délicatesse de la situation, faisant parfois passer les héros pour des méchants et tantôt les antagonistes pour des gentils sans qu’on puisse vraiment se décider sur qui a raison et qui a tort… Et même plusieurs jours après l’avoir lu, au moment où j’écris ses lignes, mon avis n’est pas encore arrêté.
Henry, qui est l’entité, disons, ayant le plus mal agi durant l’histoire est aussi plutôt intéressant car en raison de son statut d’IA programmée par l’Homme j’ai personnellement eu beaucoup de mal à le considérer responsable et coupable de ses propres actes. En effet, malgré son intelligence, ses capacités d’apprentissage et son apparente perfection, il ne reste qu’un tas de lignes de code auquel Lydia a oublié d’insuffler du sens moral. Il ne fait durant tout le roman que ce qu’il considère être le mieux pour Lydia peu importe les conséquences et apprend de ses erreurs quand celle-ci les lui fait remarquer.

Bref, j’ai beaucoup aimé l’ambiguïté de ce personnage et les questions qu’il soulève qui d’ici quelques années pourraient peut-être se révéler d’actualité. Certes, c’est un pan de la science-fiction déjà largement exploité mais Naomi Gibson a le mérite de l’avoir adapté et retravaillé pour le proposer à un lectorat différent, composé de jeunes femmes pas forcément toujours attirées par les pavés que sont Blade Runner et les Asimov. Chapeau, madame.

Enfin, techniquement on est vraiment sur un bon roman. Le style d’écriture est fluide, agréable, dans ce qui se fait de mieux ou presque pour du Young Adult, je n’ai rien à redire là-dessus. Mais sa force c’est surtout son rythme : il est nerveux, il se passe constamment quelque chose. Même dans les moments les plus calmes, qui marquent une pause dans l’histoire, un retournement de situation est toujours prêt à pointer le bout de son nez. Pour certaines personnes, le roman ne prendrait probablement pas assez son temps pour nous laisser apprécier les différents états d’esprit des personnages mais pour moi, qui ne suit vraiment pas dans le lectorat habituel de ce genre de romans, ca a rendu l’expérience sûrement bien plus agréable…

En conclusion, malgré de lourdes appréhensions, étant donné qu’Every Line of You ne correspond pas du tout à mes lectures habituelles, j’ai bien aimé. Le roman propose un panel de personnages qui, même si je ne les ai pas forcément trouvés très attachants, apportent leur lot de questions intéressantes et d’ambiguïté au récit nous laissant un arrière-goût amer une fois la dernière page tournée… Est-ce que ça finit vraiment bien ? Eh bien, si vous êtes amateur du genre je vous laisserais en juger par vous-même et pour les autres vous pourriez peut-être jeter un œil ; on tombe parfois sur de bonnes surprises.

 

 
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Every Line of You, thriller sf pour jeunes adultes

Plateformes :

Editeur : Castelmore - Collection FiBS

Développeur : Naomi Gibson

PEGI : 12+

Prix : 16,90 €

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