Publié le Vendredi 11 juin 2021 à 12:00:00 par Steven
Wonder Boy Asha in Monster World (Nintendo Switch, PS4)
Pas si wonder que ça
Cet épisode se démarque des deux précédents par une approche un peu plus plateforme et moins Metroidvania. Cela vient, sans doute, du fait, qu'ici, on abandonne la possibilité de se transformer en animal ce qui permettait d’acquérir de nouvelles capacités et ainsi explorer le niveau. Mais le titre propose une alternative à cela : il met en avant la transformation de votre compagnon, le Pepelego, qui pourra évoluer au cours de l’aventure. Par conséquent, dès que l’on lance le jeu, nous avons une impression plus appuyée de classicisme. Cela n’est pas un tort car il n’a jamais été question d’une refonte totale du jeu. Cependant, contrairement à ses deux aînées, le poids des années pèse lourd alors qu’il s’agissait, pourtant, du dernier épisode de la série à l’époque. Cette impression ne s’estompera pas. Du début à la fin, ce jeu transpirera le passé mais malheureusement pas dans le bon sens… Et cela dans tous les aspects du titre...
On peut déjà retrouver cette impression dans le scénario qui tient sur un mouchoir de poche et qu'on peut qualifier d'anecdotique : un méchant a emprisonné les quatre esprits qui maintenaient la paix afin de prendre le contrôle du monde. Asha vient les libérer pour rétablir l’ordre. Mais, on ne sait pas pourquoi c’est elle qui est choisie. Pour l’aspect graphique, après les refontes graphiques en 2D de toute beauté, ce remake choisit de se moderniser en adoptant un rendu en 2.5D. Première impression en demi-teinte concernant la direction artistique. Même si l’enrobage se veut plus contemporain, le jeu nous renvoie, dans son style, au mangas des années 80/90. C’est bien et relativement rafraîchissant de voir un titre cassant avec les standards actuels même s’il a simplement transposé en shell shading sa DA originale. Par contre, cela est problématique car je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu une volonté de sublimer l’ancien jeu. On dirait qu’ils ont juste essayé de le retranscrire avec des techniques actuelles. En effet, si Asha a eu le droit à un soin tout particulier ainsi que la ville de Rapadagna, ville principale du jeu qui fera ici office de hub, pour le reste, le constat est vraiment moins convaincant. Les autres décors sont d’une pauvreté extrême. Il n’y a presque pas de détails, l’ensemble des motifs qui constitue l’arrière-plan se répète constamment, comme à l'époque des jeux 8 bits. En plus d'être sans inspiration et monotone, cela s’oppose même à un bon level design, car votre œil n’est jamais vraiment attiré par un élément. Je vous conseille de faire un donjon d’une traite car lâcher la console pour revenir quelques jours plus tard risque de vous faire oublier le chemin parcouru. Heureusement que nous sommes dans un univers en 2.5D ou seulement deux directions sont le plus souvent possibles à Asha. Par contre, bon point, concernant sa durée de vie. Car je reviens sur la possible difficulté de se repérer dans un donjon. De fait, comme le jeu est très court, moins de 6 heures, il vous sera facile de faire un donjon en trente minutes environ (Boss compris). Et aussi de mieux accepter le manque de modernité dans le cheminement des niveaux.
Comme je vous l’ai dit, la ville de Rapadagna fait office de hub. A l’intérieur, vous aurez une progression un peu à la Metroidvania parce qu’une des parties de celle-ci sera accessible au fur et à mesure de vos finalisations de donjon. Dans cette ville, pas de monstre, vous aurez cependant des magasins d’armes, de boucliers et d’autres accessoires pour booster vos statistiques. En effet, les armes augmenteront votre puissance. Les boucliers auront un pourcentage de protection suivant l'élément magique de l’attaque ennemie. Les accessoires vous ajouteront des cœurs rouges sur votre première barre de vie. Enfin, des médaillons, que vous devrez trouver dans cette ville, permettront d’ouvrir l'accès aux divers donjons. Il y a six donjons en tout, de l'introduction à la conclusion du titre. Ils sont tous, pour le coup, d’un classicisme et d’un ennui, passé le premier. En effet, ils se déroulent toujours de la même manière : le niveau commence par une phase linéaire en extérieur pour arriver jusqu'au donjon. Cette première partie consiste à la traverser en tuant les monstres et en passant des petites phases de plateformes. Le donjon lui reprend le même modèle d’action/plateforme en y ajoutant un léger soupçon de labyrinthe. Votre chemin sera souvent barré par des éléments. A vous de retrouver l’objet pour le passer, par exemple : une clef pour ouvrir une porte, un seau d'eau pour éteindre le feu ou un bouton pour ouvrir temporairement un passage. A mi-parcours du donjon, vous affronterez un premier boss puis un second, à la fin. Ils sont simples à déceler mais plutôt intéressants grâce aux patterns à comprendre pour les vaincre facilement.
Seule lumière au tableau, la maniabilité de Asha qui est plaisante manette en mains. Et je pense que c’est la partie qui a le mieux vieillie. Cela n’est pas choquant car il est rare que le gameplay soit remis en question pour les excellents jeux 2D d'époque contrairement au début de la 3D avec la génération PS1/ 64. Du coup, retrouver ces feelings d'antan est plutôt agréable. Asha répond très bien. Le gameplay est minimaliste avec uniquement quatre boutons d’action : saut, attaque, défense et utilisation de votre Pepelego. Cela fait que le jeu satisfera les grands comme les plus petits. Il est accessible et intuitif pour tous et ce n’est pas un défaut du tout. Pour le coup, il permet de faire l'intégralité du titre de manière fluide et simple.
Feature intéressante ici, la possibilité d'utiliser votre petit animal, le Pepelego, la mascotte du titre (et de la licence en général). Celui-ci remplace légèrement les transformations en animal et créature des autres épisodes. Dans le sens où avec l’utilisation d’un bouton d’action, il va vous permettre d'effectuer des mouvements ou interactions supplémentaires comme planer, faire un double saut, traverser la lave, faire fondre de la glace, etc. Vous aurez une utilisation particulière de ce personnage, un peu différente suivant les mondes visités. Cela permet de varier un peu le gamplay. Mais n’y voyez pas une refonte totale dans la jouabilité. On sera toujours dans un schéma classique de sauts et d’attaques saupoudrés d’une nouvelle action du Pepelego. Dernier point de cette partie, vous devrez explorer les mondes pour récolter des gouttes disséminées un peu partout dans le jeu. En récupérer dix ajoutera un cœur bleu correspondant à une deuxième barre de vie et s’ajoutant avec la première représentée en rouge. Il y en a deux cents en tout. A part cela, la visite complète des niveaux n’a pas d'utilité. Petite info sur la musique, le thème principal est plaisant, surtout en ré-orchestration, à la première écoute. Le souci provient de la répétitivité. Le thème est arrangé à toutes les sauces presque tout au long du jeu.
Pour terminer, j’aurais sans doute dû vous donner cette info au début, mais je ne voulais pas que cette donnée influence trop mon ressenti. Ce remake n’a pas été réalisé par les mêmes développeurs que les deux fantastiques The Dragon's Trap et Monster Boy and the Cursed Kingdom qui ont été créés par de purs studios de fans de cette licence. Ils savaient ce qui faisait la sève de leur série fétiche. Ils connaissaient aussi les évolutions de ce média afin de trouver le parfait mélange entre rétro et modernité. Je ne sais pour quelle raison l’équipe a été changée, même si on se doute qu’il s’agit d’une cause pécuniaire. Les créateurs de la série se sont reformés à l’occasion afin de récupérer les droits pour refaire cet épisode. Cela est dans le fond une idée pleine de bon sens sauf lorsque que nous observons que, depuis les épisodes 8 bits et 16 bits, cette équipe n’avait plus touché aux jeux vidéo. Je ne les accable pas pour autant. Je les remercie d’avoir contribué à ce qu’est devenu le jeu vidéo. Mais comme on dit, place aux jeunes pour influer de nouvelles idées. Ça faisait longtemps que je n’avais pas autant ressenti le poids des années dans un nouveau jeu.
Pour information, la version digitale de Wonder Boy : Asha in Monster World peut être achété sur les stores Nintendo et Sony et est éditée par STUDIOARTDINK. La version boite, quant à elle, est publiée par ININ Games et propose, en plus du jeu, un code pour télécharger la version originale de Monster World IV.
Au final, vous l'aurez compris, je n’ai pas vraiment été emballé par le jeu... Daté dans de nombreux domaines, que je ne vous répéterai pas une énième fois, Asha a tout de même quelques atouts. Elle est plaisante à jouer. Il y aurait pu vraiment avoir ce petit “wahou effect” des deux autres opus si le développeur avait pris un peu plus de libertés et de risques. Ce jeu est à conseiller à mon sens pour les petits qui n’ont jamais touché une manette. Sa maniabilité étant simple mais pas trop simpliste, il est une parfaite porte d'entrée dans ce média si vous voulez le faire découvrir à vos enfants.
Et si vous souhaitez voir le titre en action, c'est par ici que ça se passe :
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Wonder Boy Asha in Monster World (Nintendo Switch, PS4)
Plateformes : PC - PS4 - Switch
Editeur : ININ Games/STUDIOARTDINK
Développeur : Artdink
PEGI : 7+
Prix : 39,99 €
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