Près de dix ans après la sortie de son dernier jeu, From Dust, Eric Chahi, la papa d'Another World, revient avec Paper Beast, une exclusivité PSVR à mi-chemin entre le jeu d'exploration et le puzzle game. Sorte de suite spirituelle de From Dust, vous allez pouvoir découvrir l'univers fascinant, enchanteur et un poil inquiétant imaginé par le français.

Pour être honnête, lorsque j'ai testé Paper Beast, je ne savais pas du tout, mais alors pas du tout où je mettais les pieds. Je ne savais pas à quoi m'attendre, ni même qui l'avait fait et en quoi il consistait. Et autant vous dire que pendant les 10 premières minutes de jeu, je me suis demandé ce que je foutais là. Après m'être trouvé face à une interface informatique, je me suis retrouvé téléporté dans une espèce de clip musical japonais sous acide qui fait office de tutoriel pour découvrir les possibilités de saisie et de lancer (le jeu se fait aussi bien à la manette qu'aux PS Move). Puis, j'ai basculé à proprement parler dans l'univers du titre, où règne les créatures de papier. Et là, ça a été une claque. En papier, mais une claque quand même. Paper Beast est un jeu où le joueur erre et doit découvrir comment avancer par lui-même, en regardant son environnement, en l'explorant, en le modifiant. C'est une invitation à la découverte, à l'essai, à la curiosité. Comme un explorateur qui découvre une terre nouvelle. Et c'est ce que côté qui est franchement grisant et qui m'a énormément plu. Certains moments sont véritablement magiques et source d'émerveillement. Les bestioles sont plus vraies que nature, certaines sont impressionnantes et j'ai apprécié les regarder, les saisir et dans certains cas, tirer partie de leur capacité. Car en effet, pour progresser, il faudra parfois se creuser la cervelle. Le titre offre la possibilité de terraformer le décor. On peut donc par exemple creuser des sillons pour faire passer de l'eau, faire fondre de la glace, solidifier des liquides. Dommage cependant que l'originalité s'envole passé la moitié de l'aventure et qu'une certaines redondance s'installe. La magie opère beaucoup moins, les ficelles sont plus grosses. On peut d'ailleurs regretter que le titre reste très et trop mystérieux pour qu'on souhaite avancer autrement que par la curiosité de la découverte. Il n'y a pas de dialogue, aucune explication et tout est propice à l'interprétation.


Une fois l'aventure terminée, Paper Beast propose un mode bac à sable. Le joueur apparaît alors sur une carte vierge où il peut invoquer les bestioles qu'il souhaite à conditionner d'avoir récupéré le collectible qui le permet, dans l'aventure principale. S'il offre plus de souplesse que l'aventure principale, il reste un mode très dispensable. Je n'y ai passé que quelques minutes.

Graphiquement, Paper Beast s'en sort bien. S'il n'est pas une tuerie, il dégage un charme fou, avec son monde épuré et le tout est sublimé par une atmosphère sonore maîtrisée. Dommage qu'il n'en soit pas de même pour les contrôles qui manquent de précision. Il m'est arrivé parfois de pester car je saisissais un autre objet que celui que je souhaitais, bien qu'il y ait pourtant un pointeur pour indiquer ce que l'on va saisir.

Au final, Paper Beast, malgré ses défauts, restera, pour moi, une très bonne surprise. Oui, c'est certain qu'il ne plaira pas à tout le monde, qu'à 30€ les 5 heures, ça fait un peu cher la visite, d'autant qu'il n'y a pas de rejouabilité, que les contrôles auraient pu être plus précis, qu'il aurait pu y avoir une trame narrative, qu'il aurait été sympatique d'avoir une plus grande variété dans les énigmes et que le soufflet retombe à la moitié de l'aventure. Mais quand même, malgré ses défauts que je ne cache pas et qui en rebuteront probablement plus d'un, j'ai eu quelques moments de plaisir et d'émerveillements comme je n'en avais pas eu depuis longtemps dans un jeu vidéo. Un petit coup de coeur pour ma part. L'univers claque, le sound design déchire et bordel, que ça fait du bien de pouvoir s'extasier devant un jeu autrement que parce que c'est en full 8K à 120 FPS qui déchire la rétine.

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