Publié le Lundi 16 septembre 2019 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
eFootball PES 2020 (PC, PS4, Xbox One)
Une année sans ?
Après un épisode 2018 catastrophique, après un opus 2019 plus sérieux et convaincant, la question demeurait pour cette version 2020 : PES poursuit-il ses efforts ou n’a-t-il décidé de pondre un bon jeu qu’une année sur deux ?Une question légitime pour le titre qui d’ailleurs modifie son nom en eFootball PES 2020 afin de lorgner à fond vers l’esport, puisque la communication a été particulièrement calamiteuse et essentiellement tournée autour des partenariats signés avec différentes équipes. C’est bien, mais le joueur moyen s’en contrefout et a besoin de voir du jeu, de connaître les nouveautés et les innovations… et force est de constater que le silence radio à ce sujet laissait augurer du pire…
On va vous expliquer pourquoi on n’en est pas passé loin, justement.
D’un point de vue enrobage, eFootball PES 2020 a décidé de se la jouer « menus minimalistes » en première couche, puis de développer peu à peu les différentes options disponibles. Avec des écrans toujours très chargés, pas forcément du meilleur goût, on se retrouve finalement devant des menus mal faits, dans lesquels on se perd parfois, mal pensés, bref, pas vraiment instinctifs ou inspirés. L’habillage aurait vraiment besoin de retrouver une certaine simplicité, qui rimerait avec clarté et permettrait de gagner du temps.
Niveau contenu, le jeu est encore loin de FIFA et de ses innombrables licences. Konami préfère signer des partenariats avec des clubs et n’a donc pas l’intégralité des championnats (donc des noms des clubs) européens. Et si, par exemple, l’Angleterre a bel et bien son championnat (mais avec des équipes aux « faux » noms), le championnat d’Allemagne est bel et bien absent. Et ce ne sont pas les championnats de Turquie, du Chili ou de la Thaïlande, dont la quasi-totalité de la planète se fout éperdument, qui permettront de pallier ce manque. On retrouve certes le Bayern ou Dortmund en vrac dans un coin, mais ça manque quand même de sérieux.
Quant au visuel, eFootball PES 2020 augmente encore d’un cran sa maestria. Stades modélisés, avec même quelques passages dans les couloirs des stades, et surtout joueurs très ressemblants. Bon, certaines tronches font encore un peu « Ken et Barbie jouent au foot » (comprenez « un peu plastique »), mais globalement, ça envoie du pâté. Les fans apprécieront de retrouver leurs stars, très ressemblantes tant dans le rendu visuel que dans le comportement physique. Idem pour les ambiances de stades, magnifiée dans cet opus, avec un public déchaîné et qui a le bon goût, lui, de ne pas balancer de banderoles ou chants homophobes, même si « c’est moins grave qu’une insulte raciste » selon les hautes instances françaises du football.
Tiens, d’ailleurs, pendant qu’on parle de connerie, à quand un jeu qui mettra en scène la VAR ? Voilà qui pourrait être amusant de marquer un but, retourner au rond central et de voir l’arbitre arrêter la rencontre pour aller valider ou invalider le score… idem sur certains pénos… (encore faudrait-il que les mains soient prises en compte, ce qui n’est d’ailleurs toujours pas le cas sur cet opus).
Enfin, avant d’attaquer le cœur du problème, on citera les différents et habituels modes de jeu, de la Ligue des Masters au mode Matchday qui permet de jouer les rencontres qui se déroulent en vrai, les coupes, les championnats, le solo, le multi en ligne et j’en passe. Reste que le plus fun est, comme toujours, le multi local, pour s’affronter entre potes devant sa télé. Bref, eFootball PES 2020 propose pléthore de modes et vous trouverez forcément votre bonheur.
Reste le rendu final sur le terrain. Et là, force est d’avouer qu’on est resté très dubitatif. Le gros point noir, ce qui frappe quand on lance la première partie, c’est la lenteur du jeu. On a l’impression d’être dans FIFA. La rapidité des joueurs et des actions qui a longtemps caractérisé la série PES, ce qui faisait aussi tout son charme, se perd dans une volonté évidente de copier le concurrent grand public. Parce que le joueur lambda, au cerveau trop lent, a besoin d’un jeu à sa mesure, eFootball PES 2020 se met au diapason et nous offre un rythme d’une mollesse consternante.
Le pire, dans tout ça, c’est que l’on s’y fait quand même. On perd la fulgurance, on perd aussi en pression lors de matchs fous qui vont d’un but à l’autre, mais on s’y fait. Et c’est vraiment dommage.
Le jeu se déroule donc tranquillement, à un rythme de grands-pères, et l’on enchaîne les parties sans trop de mal, au final. Encore plus de mouvements, encore plus de réactions dites « réalistes » ont été ajoutés. Pas forcément tous convaincants, cela dit. Avec toujours un arbitrage catastrophique, on voit ses joueurs se faire tirer le maillot et tomber à terre alors qu’il filait droit au but, sans réaction de l’homme en noir (et ça arrive très fréquemment) quand il va mettre un jaune, voire un rouge, sur un contact un peu appuyé mais pas forcément sanctionnable (ou alors le ralenti est très mal fait).
L’IA a toujours du mal à suivre les attaques, ne profitant ni des ouvertures, ni des espaces, les ailiers ayant vraiment du mal à repiquer au centre si votre milieu prend leur couloir.
D’ailleurs, cette IA est peut-être le plus problématique dans cet opus, avec des joueurs qui font parfois vraiment n’importe quoi au niveau des réactions ou des placements.
Enfin, eFootball PES 2020 fait la part belle aux mouvements réalisés via le stick droit, les gestes techniques à enchaîner, le jeu à poser tranquillement pour construire une action… là encore, perdant la fulgurance qui a fait son succès dans ses jeunes années.
Au final, sans être non plus complètement raté, loin de là, eFootball PES 2020 marque le pas. Il est même moins convaincant que l’opus de l’année dernière. Certes, c’est encore plus beau, encore plus réaliste au niveau des ambiances, avec encore plus d’équipes à la con et de ligue inutiles (malgré tout, c’est toujours fun de jouer des équipes de merde), mais il serait temps que les développeurs se focalisent un peu plus sur l’IA et le jeu en lui-même pour éviter tous les petits désagréments qui s’accumulent depuis des années.
Ça reste quand même un jeu agréable, avec ses bons moments entre potes. Mais il y a encore un sacré boulot à faire pour qu’on soit pleinement satisfait.
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