Publié le Jeudi 16 novembre 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

Test d'Outcast - Second Contact (PC, PS4, Xbox One)

A jouer, mais pas tout de suite ?

Je me souviens encore de la sortie d’Outcast, en 1997. A l’époque, je travaillais chez Génération  4, alias Gen4 pour les intimes. Je n’avais pas testé le jeu. C’était Eric Erneaux, si mes souvenirs sont exacts. Et il était carrément enthousiaste durant tout le test. Personnellement, j’étais dubitatif. Ok, le jeu était beau. Ok, il avait l’air intéressant. Mais bon. La tenue orange, le look futuriste qui déjà à l’époque faisait un peu kitch… Et Infogrammes avait beau m’avoir offert un tee-shirt (orange, avec le même logo que le héros), je n’étais pas convaincu. Jusqu’à ce que je le prenne en mains à mon tour et que je tombe moi aussi sous le charme.

Oh, il n’était pas parfait, cet Outcast. Mais bon sang qu’il était jouissif et ouvrait de nouveaux horizons pour le monde du jeu vidéo tout entier.

20 après, donc, le jeu ressort. Et dire que je l’attendais relève de l’aphorisme. J’étais excité comme une puce. Pour peu qu’une puce puisse être excitée, cela dit. Oh, elle doit bien l’être devant un gras mollet après une longue période de disette, ou devant une pucette en chaleur… euh… après une longue période de disette aussi.

J’ai donc retrouvé ce bon Cutter Slade, doté de la voix de Bruce Willis (ou du moins, de celle de son doubleur officiel), dont la mission est simple : cet ex-militaire doit escorter des scientifiques sur un nouveau monde, en passant par un portail, nouveau monde baptisé Adelpha et, bien entendu, peuplé d’animaux étranges et de peuplades humanoïdes plus ou moins amicales.


Ces « aliens », même si pour le coup, c’est vous  qui faites office d’extraterrestre – ou plutôt d’extradelphaestre – répondent au nom de Talans. Ils ont leur propre langage et vous allez le découvrir au fil du jeu. Chaque phrase compte, chaque avis a son importance, chaque dialogue recèle d’une indication… Si le jeu offre des phases d’explorations et de combat, la communication est au centre de tout. Et il faut recouper les indices, chercher et surtout réfléchir, pour trouver les solutions aux innombrables problèmes dont sont victimes nos nouveaux amis – ou ennemis.
Rapidement, on se rend compte que le jeu est assez compliqué. Du fait qu’il faille réfléchir, justement… et on se rend surtout compte qu’il y a vingt ans, les jeux étaient sans doute plus exigeants qu’aujourd’hui, où l’on vous mâche réellement le travail. Résultat, Outcast peut vous perdre en route. C’est un de ses défauts, même si sa complexité restera, pour moi, à ranger du côté des points positifs.

Malheureusement, si le récit a quand même un certain intérêt et sait parfois se montrer surprenant, voire inhabituel, il ne nous épargne pas quelques poncifs, se perdant parfois dans des facilités superficielles ou des complications inutiles.

Le souci vient aussi du gameplay qui, s’il a été revu, reste quand même à mille lieues des cadors du genre et se montre véritablement daté, pour ne pas dire suranné.
La fluidité des combats s’en ressent, leur mollesse flagrante et le manque cruel de feeling au niveau des armes étant un frein à chaque affrontement. D’autant plus que les kits de vie sont rares et que vous risquez donc de perdre beaucoup de temps à les chercher.

Cela dit, pour remettre les choses en perspectives, les développeurs voulaient justement, lors de la création du jeu il y a 20 ans, montrer que le sentier de la guerre n’était pas forcément le meilleur, et que dialogue, concessions et furtivité étaient souvent préférable à une attitude bourrine.


Graphiquement, si Outcast – Second Contact a bien évidemment fait un bond en avant par rapport à sa version d’origine, et si le boulot a été fait, et bien fait (même si on notera par-ci par-là quelques bugs ou textures très moyennes), prouvant que cet univers en a encore sous le pied, si également c’est un régal de se promener parmi les 5 régions d’Adelpha, avec chacune son ambiance et ses décors, il ne faut pas s’attendre à du grand art non plus. On sent qu’on est devant un remake d’un vieux jeu, face notamment à des zones relativement vides de vie. Bref, c’est du bon boulot, mais il ne faut pas s’attendre à en prendre plein la vue. Loin de là.

Enfin, on pourra souligner la refonte réussie des menus, ou la nouvelle intro plutôt jouissive.

Au final, donc, cet Outcast – Second Contact est un jeu en demi-teinte. Il devrait ravir les nostalgiques de la première heure, et les renvoyer à une époque où le jeu vidéo était… différent. Il permet aussi de retrouver un héros et un univers qui auraient mérité mieux en termes de longévité. Malheureusement, on se rend quand même compte que les mécaniques de jeu ont sacrément vieilli, que le jeu a sacrément vieilli tout entier, et que ce remake, tout aussi soigné soit-il, ne peut rivaliser avec les meilleurs représentants du genre… sur ces dix dernières années…
Bref, si vous voulez savoir si vous devez acheter Outcast - Second Contact, la réponse est simple : pourquoi pas. Mais certainement pas à 50 €.