Publié le Vendredi 2 juillet 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Sepuku à l'arrivée
En ce moment, et depuis hier, se déroule la 11
ème Japan Expo, au Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte. Si comme son nom l’indique, la Japan Expo met en avant l’univers du manga, en parallèle, et dans un hall attenant, la Comic Con fait la part belle à la culture américaine.
Deux salons en un ? Pas vraiment. Un unique et même salon qui prouve que, habillé en robe et chaussette avec démarcation pour les doigts de pieds afin d’entrer dans des tongs, ou collant moulant avec slip par-dessus, c’est kif-kif pareil.
06h : Aller à la Japan Expo, c’est bien. Mais il faut quand même remplir la journée de news. Je me lève donc avec les poules et commence à taper quelques articles.
08h38 : les filles sont à l’école et à la crèche, la femme au boulot, je prends donc le RER tranquillement direction le Parc des Expositions. Il fait déjà 45° dehors et, même si je suis habillé léger, je sue à grosses gouttes.
08h43 : mon voisin de siège dans le RER lui aussi sue à grosses gouttes. Sauf que lui n’a jamais dû approcher un déodorant à moins de cinq mètres.
08h57 : Changement de RER. La gare de Massy Palaiseau est bondée. Le train a du retard (comme c’est étonnaaaaaant !). Je croise çà et là des minettes avec des pancartes « Free Hugs » (câlins gratuits), d’autres habillées de cuir et dentelles avec string apparent, lanières et coiffure à la baguette, et d’autres encore qui ressemblent à de gros bonbons. Baveux, les bonbons. Ben oui, il fait désormais 58° à l’ombre. En tout cas, pas de doute, nous allons tous au même endroit.
09 h18 : Le train arrive enfin. Je suis entouré d’otakus. Je tente désespérément de cacher mon tee-shirt Gremlins d’un gris pervers devant cette débauche de couleurs flashis. Je me demande aussi si je ne découpe pas mes tennis pour m’en faire des tongs et mieux entrer dans le moule.
10h12 : le RER est archi-bondé. Sans aération. Une vraie cocotte-minute. A cet instant précis, je hais le japon. Je hais les japonais. Je hais les mangas. Et je voue un culte sans borne à l’inventeur de la douche.
10h15 : Ma voisine de banquette, de peur de se faire piquer son sac, trouve malin de le mettre entre nous deux. Le contact de cette matière chaude et peu agréable me pousse à me coller de plus en plus contre la vitre du train. Elle en profite alors pour s’étaler. N’y tenant plus, je lui demande si elle peut éviter de me coller avec son sac, puisqu’il fait suffisamment chaud comme ça.
« Mais le train est à tout le monde » me répond-elle.
« Oui mais le terme « tout le monde » ne s’applique pas aux sacs, que je sache. A moins d’avoir pris un billet pour lui. Alors soyez gentille de le garder sur vos genoux si vous ne voulez pas que je le passe par la fenêtre » réponds-je avec un grand sourire.
Elle grommelle mais s’exécute. Elle est passée à "ça" du moment le plus humiliant de sa vie.
10h37 : Arrivée au Parc des Expositions. Enfin. Le flot de fans est ultra impressionnant. Comme chaque année. Peut-être même plus que chaque année.
« Les visiteurs munis ou non de billets sur la droite, les VIP et Presse sur la gauche » hurlent des organisateurs. Je prends à gauche et quitte le flot insupportable de Dragon Ball et autres déguisés. Un vigile interroge de près chaque personne qui « ose » emprunter la file de gauche. Il me laisse passer sans encombre avec un « bonjour monsieur » devant un confrère médusé qui a oublié ses cartes de visite et peine à prouver qu’il est bien journaliste.
10h43 : Par un heureux hasard, je passe devant tout le monde et on me remet mon badge « Presse Premium ».
« Prémium pour quoi ? » demande-je.
« Je ne sais pas trop » me répond l’hôtesse.
Au moment de lui demander si ça inclut massage nippon et frotti-frotta avec elle habillée en soubrette, la belle et souriante attachée de presse de laboitecom qui s’occupe de la Japan Expo, arrive. Je remballe donc ma question et vais la saluer.
10h52 : Dans l’antre du dragon. Généralement, la première journée est assez calme et il y a du monde, mais pas tant que ça. Cette année, c’est blindé. Une foule compacte avance péniblement dans des couloirs pourtant très larges.
11h02 : J’ai oublié ma bouteille d’eau. Je me dirige donc vers le stand de mes amis de chez Sega pour leur en taxer une. J’en profite pour admirer leur stand, sans doute le plus beau de la Japan Expo, et d’en prendre plein les oreilles avec leur démo de Vanquish. Le jeu, sorte de Gears of War survitaminé, est joli, fluide, et cogne dans tous les sens. Design réussi, ennemis géants… il faudra voir sur le long terme mais ce que j’ai pu en apercevoir est déjà très très prometteur. Même sur PS3…
11h14 : Je croise Adrian Paul et consorts, l’équipe de la série Highlander, qui dédicace quelques posters et photos. Les dédicaces sont… payantes ! 10 € la signature… une vraie honte.
11h30-15h : Les stands sont pleins de fringues, de bouffe japonaise, de vidéos, de figurines, de katanas, de peluches… et les allées pleines de gens, déguisés pour la plupart. Il paraît qu’on appelle ça du « Cosplay ».
Je m’immerge donc pendant quelques heures dans un univers incroyable, qu’il faut absolument découvrir au moins une fois dans sa vie.
Je croise quelques attachés de presse, comme
Vincent ou
Florence, avec qui je passerai quelques moments forts sympathiques à discuter de tout et de rien.
La musique est forte. Les pas se font un peu plus lourds à chaque fois. Mais, bien aéré, avec des stands bien disposés, de la place pour évoluer, le salon est une nouvelle fois vraiment bien organisé. Il faut juste que j’arrive à me convaincre que croiser une soubrette, un Prince of Persia rachitique, une horde de morts-vivants, une compagnie d’elfes, des Stormtroopers ou des Dragon Ball et Pikachu en pagaille, c’est normal.
On trouve aussi des stands de jeux vidéo. Konami, avec une version de Castlevania Lord of Shadow jouable, Sega, donc, mais aussi Nintendo ou Namco-Bandai (désolé Emilie, je suis passé sur le stand à un moment où tu n’y étais pas semble-t-il).
Mais en fait, plus qu’un récit de mon aventure, les photos parlent d’elles-mêmes.
16h18 : Dans le train toujours aussi bondé et surchauffé qui me ramène dans mon chez moi, un type louche m’aborde…
« Cedric Gasperini ? De GamAlive ? »
« Euh… ça dépend… »
C’est un lecteur, un habitué, qui tient juste à me saluer. Discret, sympathique, et qui, j’espère, ne m’en voudra pas parce qu’après une chaude et pénible journée comme celle-là, j’ai oublié son nom, je l’invite à me tenir compagnie pendant les quelques minutes qu’il reste de trajet. Nous discutons du site, de ce qu’il y aime, de jeux, de Vincent et de la disparition inexpliquée de Geoffroy…
Ça m’arrive de temps en temps, de me faire aborder dans les transports en commun de la sorte, par un lecteur. Moi qui ne suis ni mondain ni taillé pour être un people, je trouve cela néanmoins fort sympathique. C’est encourageant et ça fait plaisir de voir que son travail a quand même une certaine portée.
17h : J’arrive enfin chez moi. Je plonge directement la tête dans la piscine gonflable, sous les yeux médusés de mes filles.
« Mais t’as pas ton maillot de bain, papa »
Certes. Mais papa a eu chaud. Très chaud.