L'Edito du Dimanche

 

Publié le Dimanche 17 novembre 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

Arrêtez de chouiner

imageÇa ne baise plus, ma bonne dame. Les jeunes filles ont fermé leur culotte avec une ceinture de chasteté (végan), tandis que les jeunes hommes se demandent à quoi peut servir cet appendice étrange qui leur pendouille entre les cuisses et qui, parfois, se dresse mollement devant une cheville dénudée, un porte-jarretelle subrepticement aperçu, un téton durci, un con à l’air libre ou un écureuil mort (à choisir selon l’attirance de chacun).

Ça ne baise plus et ça n’a plus forcément envie de baiser.

De toute manière, à quoi bon ? Le monde court à sa perte, il n’y a pas plus d’avenir pour l’Homme que pour la planète… sacrifice de l’écologie, guerres, famines, surpopulation, violence, haine… l’Apocalypse aura lieu avant 2050, c’est certain.

Bon, pour faire simple, cette semaine, j’ai eu une discussion avec une amie vingtenaire où elle s’est épanchée sur ses craintes, sa résignation et l’horreur face un avenir incertain ou, plutôt, face à l’absence totale d’avenir selon elle. Et si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que j’ai déjà eu des discussions ou bribes de discussions plus ou moins similaires avec la Gen Z. Ou si vous préférez, « ces petits morveux de branleurs nés après l’an 2000 ».
Alors il est temps de faire une mise au poing. Avec un g. Pask’y’a des baffes qui se perdent.

En gros, ça chouine.

imageAlors je suis d’accord. Le constat est effectivement alarmant. La culture intensive, l’élevage intensif, la pollution ou encore la sacro-sainte économie qui piétine allègrement le bon sens et les critères essentiels de la survie de l’espèce humaine ou plutôt, de toutes les espèces, sans s’en soucier. Les extrêmes arrivent au pouvoir un peu partout, les guerres s’intensifient, le temps se détraque et, pire, Jul continue de sortir des albums.

Avec cette ambiance misérable et le monde qui s’écroule, à quoi bon vouloir faire perdurer l’espèce humaine. A quoi bon aimer. A quoi bon se marier. A quoi bon faire des enfants. A quoi bon croire en l’avenir. A quoi bon, même, l’envisager.

Autant baisser les bras face à cette destruction inévitable parce qu’après tout, nos actions de rébellion sont une goutte d’eau dans un océan. Merci de prévoir une corde bien solide, il est l’heure de se pendre.

Va falloir arrêter de chouiner. C’est plus la Gen Z, c’est la Gen ouin-ouin. Va falloir arrêter de crier, de se griffer le visage, de pleurer ou de trépigner comme un sale gosse à qui l’on a refusé d’acheter un jouet pendant les courses.
Et surtout, va falloir arrêter de nous servir l’excuse période COVID qui a « tellement abîmé toute une génération ».

« Ouais c’est facile à dire quand on a eu une jeunesse dorée comme vous » m’a même sorti un gamin il y a peu, « alors que nous, on souffre et c’est votre faute ».
Je lui ai collé une mornifle. C’était mérité. Et pendant qu’il ramassait ses dents je lui ai répondu que maintenant, il avait une bonne raison de chouiner.

imageAh ben oui. J’ai eu une jeunesse dorée. C’est vrai. Moi qui ai grandi dans les années post-crise de l’énergie, à une époque où les économies s’effondraient les unes après les autres, une période où le chômage explosait, une période où l’on ne pouvait plus s’aimer sans crainte de choper une maladie mortelle, où Sting espérait que les Russes aimaient eux aussi leurs gamins parce que tout le monde voyait bien qu’on allait se prendre une 3e Guerre Mondiale, nucléaire celle-là, sur la gueule, où le Liban implosait, où le Golfe s’enflammait, où le Rwanda se génocidait, où l’Europe se déchirait en Yougoslavie, où l’on contaminait le monde avec du sang, où Paris était la cible d’attentats, où l’on pouvait crever en mangeant de la vache tarée, où l’on écrasait des étudiants en Chine à coups de tanks, où des millions de gamins crevaient de faim en Ethiopie et même ailleurs en Afrique, où l’on se prenait un nuage radioactif dans la gueule, où le pétrole envahissait nos plages et où, même, on jetait des gamins enfermés dans un sac plastique dans une rivière… c’est vrai qu’on avait tout pour croire en l’avenir, nous.

imageLe monde n’est pas plus merdique qu’hier. Il évolue. A toutes et tous, (et surtout à la nouvelle génération) de la faire évoluer dans le bon sens. Il y a des signes d’encouragement. L’inégalité homme-femme s’estompe, la diversité est protégée, on peut s’aimer désormais quel que soit son sexe, biologique ou choisi, sans risquer la prison. Et même les hypermarchés crèvent à petit feu parce que les consommateurs se tournent de plus en plus les surfaces à taille plus humaine et les productions plus locales. La seconde main est privilégiée dans beaucoup de secteurs. On tente de faire évoluer les choses en termes d’énergie, de culture, d’élevage, de consommation raisonnée. Si déjà vous arrêtiez déjà de bouffer de l’huile de palme par paquets de douze, bordel, vérifiez les étiquettes et boycottez les produits innombrables qui en contiennent. SAUVEZ LES ORANGS-OUTAAAANS !

Hem. Je m’égare.

Alors oui, y’a des choses pires. Plein. Mais y’a aussi des choses vachement mieux. Plein. Et oui, on a tous l’impression de vouloir empêcher la montée des eaux avec un verre d’eau. Mais si on s’y met tous. S’il y a des centaines de milliers de verres d’eau, on va peut-être réussir, non ? Et si on n’y arrive pas, ben on aura au moins essayé. On n’aura pas baissé les bras et regardé le monde s’écrouler en chouinant.

Et si la vie est merdique, rien ne nous empêche non plus de rendre le quotidien moins gris, moins morose, moins triste, moins… sérieux. Changez d’attitude. Ce sera déjà un bon début pour voir l’avenir différemment. Eclatez-vous, bordel. Dansez la macarena dans le bus. Tentez une pirouette dans le rayon PQ de votre supérette. Posez votre manteau et rejoignez les gamins qui jouent au foot dans le parc. Ne ratez jamais, jamais, jamais une opportunité de faire le con, de vous éclater, de faire une gentille bêtise, parce que le regard des autres, on s’en moque, ce sont des aigris. Je sais qu’autour de nous, il y a tellement de gens tristes… mais rien ne nous oblige à être comme eux.

imageMercredi dernier, j’étais encore en train de faire de la trottinette avec mon caddie, à fond dans les allées du supermarché, en faisant le bruit de la voiture de course avec les lèvres. Je me suis même arrêté devant l’animation dégustation pâté de campagne pour faire du moonwalk parce que Thriller passait dans les haut-parleurs du magasin. Le tout devant le regard médusé des autres clients.
Mais je savais, au fond de moi, que cet air mi-ahuri, mi-choqué qu’ils me renvoyaient n’étaient, finalement, que de la pure jalousie.
Je chante du Mylène Farmer à fond dans ma bagnole, toutes vitres ouvertes, même arrêté à un feu rouge. J’ai un t-shirt rose bonbon avec toutes les princesses Disney dessus et un autre, bleu ciel, avec une jolie licorne.

Alors rejoignez-moi pour une vie plus colorée. Parce qu’elle est trop courte (surtout si l’Apocalypse est en route) pour s’emmerder, pour être trop sérieux, pour ne pas profiter de chaque instant, chaque opportunité de faire une connerie. Venez délirer avec moi. Venez vous éclater. Venez… vivre, tout simplement. Et vous recommencerez peut-être un peu à baiser. Parce qu’il n’y a rien de plus beau. Et de plus bon, aussi.

Pensez juste à amener votre verre. On a un putain d’océan à vider.

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.

 

 
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