Publié le Dimanche 3 novembre 2024 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du Dimanche

J'ai tué quelqu'un...

Dimanche dernier, je vous racontais à quel point, en ce moment, j’enquille les poisses et quand je parle des poisses, je ne parle pas du fromage même si, à force, ça commence à sentir fort aussi.
J’espérais, voire appelais de mes vœux la fin de ces déveines en série, persuadé que le sort ne peut s’abattre indéfiniment sur le même homme et, qu’à force, le Destin allait peut-être me laisser du répit.

C’était sans compter que la malchance peut parfois s’acharner. Parfois, même, jusqu’à une issue malheureuse et fatale.

Laissez-moi rembobiner le fil des événements qui ont mené à cette tragique soirée d'Halloween.

Lors de de gros travaux qui se déroulent actuellement dans ma rue, les ouvriers ont arraché une ligne moyenne tension à coups de pelleteuse. « Un classique, ça arrive tout le temps, ils veulent aller vite alors même si on a marqué les lieux, ils ne font pas assez gaffe et arrachent la ligne » m’expliquait, résigné, le gars de chez EDF dépêché sur les lieux pour réparer, prouvant ce que je soupçonnais déjà, à savoir que les ouvriers des Travaux Publics, c’est vraiment que des blaireaux.
En tout cas, ils n’ont pas seulement coupé le courant, ils ont fait disjoncter tout le quartier, et quand je parle de disjoncter, c’est la nécessité de réamorcer tout un tas de produits électroniques pour les faire refonctionner correctement. A savoir, les débrancher à la source, patienter un bon moment, puis rebrancher l’appareil en espérant que ça a suffi. Pas trop compliqué en ce qui concerne le téléviseur ou les écrans d’ordinateur, un peu plus galère quand il s’agit du four ou du lave-linge…

Carrément galère, surtout, quand il s’agit de la chaudière dont la pompe de distribution d’eau de chauffage des radiateurs s’est bloquée. Les températures douces du début de semaine et le fait que l’eau chaude classique, elle, fonctionnait parfaitement, ne m’a pas permis de déceler le problème immédiatement. Par contre, quand les températures ont chuté, se retrouver avec 15°C dans la maison, ça a fait tout drôle. Ça fait surtout tout froid.

Ça a permis également quelques engueulades avec ma chère, tendre et aimante épouse étonnée que je n’aie pas de talents de chauffagistes et surtout, persuadée que je passais mon temps à regarder le thermomètre en soupirant : « Tu as ouvert les radiateurs ? » « Non mais tu les as bien ouverts ? » « Tu as purgé les radiateurs ? » « Non mais tu les as bien purgés ? » « T’es allé voir sur Internet une solution ? » « Non mais tu as tapé les bons mots ? » « Tu as regardé la notice de la chaudière ? » « Non mais tu as bien lu toutes les pages ? ».
Rien de plus énervant quand vous tentez pendant des heures de trouver une solution et qu’on vous demande de tout réessayer une nouvelle fois « pour être sûre » avant, pour conclure, de sous-entendre que comme vous n’êtes pas capable de réparer une chaudière, vous avez votre place au casting de « Un p’tit truc en plus 2, la suite ».

Bon, je vous rassure, c’est finalement réparé parce que j’ai un super chauffagiste dont je connais l’adresse personnelle, l’adresse de ses parents ou encore l’adresse de l’école où vont ses enfants, et qui accepte spontanément de vous dépanner gratuitement le week-end.

Sauf que... entre temps... se lever la nuit à poil pour aller pisser dans une maison à 15°C, c’était une mauvaise idée. Résultat, j’ai chopé la crève. Pas grand-chose, mais un p’tit rhume quand même. De quoi user quelques mouchoirs et éternuer régulièrement.

Jeudi soir, nous étions invités chez des voisins pour fêter Halloween. Déguisement obligatoire, bien entendu. J’allais décliner en arguant qu’une soirée déguisée, j’aime autant ça qu’un ramonage d’urètre au fil barbelé, mais ma chère, tendre et aimante épouse a été plus rapide que moi et a accepté l’invitation, parce qu’elle adooooore les soirées et qu’elle adoooooooooooooore quand c’est déguisé.

Résultat, me voilà à enfiler des fringues que je ne mets plus, à les déchirer et les badigeonner de faux sang, et à m’en asperger plein la tronche également histoire de faire tueur en série. J'avais beau expliquer à ma chère, tendre et aimante épouse que je n'avais pas besoin de tout ça, que je fais tueur en série au naturel, elle a insisté pour que je m'attife de la sorte. Bon, quand même, il faut avouer que c’était super bien réussi. Quand je me suis croisé dans la glace, je me suis fait peur.

Et nous voilà donc, partis à cette soirée. Chez des voisins. Juste à côté. Donc pas de voiture. Donc pas de problème de "oh mais monsieur, vous êtes à 3g et vous conduisez...".

En tout cas, tout a bien débuté, en compagnie d'un chirurgien fou, deux zombies, une infirmière morte-vivante, une sorcière, un « je déteste les déguisements mais j’ai quand même mis une perruque » et j’en passe. Pour une fois, même, je n’avais rien à redire sur la musique.
Je discutais près du buffet (généralement c’est ma place) avec un Dracula et une vampirette, tout en picorant quelques amuses-bouches.

Et c’est là que vous allez tout remettre en ordre et comprendre le rapport entre le titre de cet édito, les événements de la semaine et cette soirée.

On n’éternue pas au-dessus d’un buffet. Quand bien même on met la main devant sa bouche, ça ne se fait pas. Point barre. Je me suis donc retourné brusquement pour éternuer derrière moi. Main sur la bouche quand même, parce que je suis bien élevé. Enfin, parfois.
Sauf que la dame vampire, elle a moyennement aimé. Ce que je ne savais pas, et elle non plus, et son mari non plus apparemment, c’est qu’elle souffrait d’une insuffisance cardiaque. Bref, elle a eu peur quand j'ai éternué. Un peu violemment j'avoue. Son coeur s'est arrêté. Et elle est morte. 

J’ai tué quelqu’un en lui éternuant dessus.

Alors bien évidemment, c'est typiquement un cas dans lequel le "c'est pas ma faute" fonctionne parfaitement. Parce que, merde, c'est pas ma faute, quoi.

Mais quand même. J'ai tué quelqu'un en lui éternuant dessus.

La soirée d’Halloween, cette année, était mortelle.
Par contre, niveau super-pouvoir, tuer les gens en leur éternuant dessus, c'est quand même un peu nul...

Bon. Rassurez-vous. Elle a pu être sauvé et à l'heure où vous me lisez, elle va bien. Mais quand même. Techniquement, j'ai tué quelqu'un en lui éternuant dessus. Même pour quelques secondes ou minutes. C'est fou.

A part ça, si vous vous dites que j'ai atteint des sommets dans la poisse et que plus rien ne peut m'arriver, détrompez-vous. Ça ne s'est pas arrêté là. Parce que le faux sang, ce n’est pas du maquillage. Et ça ne part pas à la douche. Résultat, depuis trois jours, j'ai une tête de psychopathe constellée de sang. Ça leur a d'ailleurs fait tout drôle, à la boulangerie, ce matin…

Smiley bisou. Cœur. Cœur. Aubergine.